Un homme qui avait porté plainte pour viol, s'est retrouvé condamné à 6 mois de prison pour homosexualité, ont indiqué lundi à l'AFP le parquet et une association militant pour les droits des homosexuels. L'homme âgé de 26 ans, s'était rendu à un rendez-vous de nature sexuelle avec un autre homme rencontré sur Facebook, selon l'association Shams. L'homosexualité étant illégale en Tunisie, les lieux de rencontre sont rares, et les réseaux sociaux forment une alternative, parfois risquée.
Arrivée au rendez-vous, la victime s'est retrouvée face à deux hommes qui l'ont violé et puis lui ont volé ses effets, selon la version de la victime relayée par l'association Shams. Il s'est rendu au commissariat pour dénoncer ses agresseurs, mais le procureur a ordonné un test anal, pratique contestée mais fréquente en Tunisie, pour établir s'il avait déjà eu des relations homosexuelles par le passé. Il a été condamné à six mois de prison pour sodomie, et deux mois pour dénonciations calomnieuses, la cour ayant estimé qu'il ne s'agissait pas d'un viol mais d'une dispute à la suite de la relation sexuelle, a indiqué le parquet de Sfax. Les deux autres hommes ont quand à eux été condamnés chacun à six mois de prison pour sodomie, 15 jours pour violences, et un mois et demi pour vol, selon la même source.
Les condamnations pour homosexualité se sont multipliées ces dernières années
Dans un communiqué, l'Association tunisienne Damj défendant les droits des homosexuels, a dénoncé ce «genre de procès qui représente une violation flagrante aux droits de l'Homme et à la dignité morale». Elle a appelé à «l'arrêt immédiat» de toutes les poursuites judiciaires se basant sur l'article 230 qui pénalise les rapports homosexuels et de la fin des examens anaux «humiliants». Cette association a réclamé «la révision de tous les textes juridiques discriminatoires qui vont contre la liberté et qui ne correspondent plus avec les libertés individuelles stipulées dans la nouvelle Constitution».
Les condamnations pour homosexualité se sont multipliées ces dernières années. En 2018, 127 personnes ont été condamnées à des peines de prison pour homosexualité, contre 79 en 2017, et 56 en 2016 selon Shams. «Les juges deviennent de plus en plus stricts sur les affaires de mœurs», a souligné l'avocat Mounir Baatour, qui dirige l'association Shams, mettant cela sur le compte de «l'influence grandissante» du parti d'inspiration islamiste Ennahdha dans les tribunaux.
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