Le Parlement européen a réclamé ce mardi un gel des négociations d'adhésion de la Turquie à l'Union européenne si la réforme de la Constitution, qui doit donner des pouvoirs accrus au président Recep Tayyip Erdogan, est adoptée.
La commission des Affaires étrangères du Parlement a exhorté l'UE et ses 28 Etats membres de « suspendre formellement les négociations d'adhésion avec la Turquie dans les plus brefs délais si la réforme constitutionnelle est mise en œuvre en l'état ».
Cette réforme, approuvée lors d'un référendum le 16 avril, doit entrer en vigueur après des élections législatives et présidentielles en Turquie prévues le 3 novembre 2019. Elle prévoit la suppression des fonctions de Premier ministre au profit d'un « hyperprésident » qui pourra prendre des décrets et aura la haute main sur le pouvoir judiciaire. Une réforme nécessaire pour assurer la stabilité du pays selon la majorité, mais vivement critiquée par l'opposition qui y voit une dérive autoritaire de Recep Tayyip Erdogan.
La résolution, non contraignante, des eurodéputés sera soumise au vote de l'assemblée plénière du Parlement début juillet. Les députés européens « sont préoccupés par le recul de la Turquie en matière d'Etat de droit, de droits de l'homme, de liberté des médias et de lutte contre la corruption », souligne le Parlement européen dans un communiqué.
Les relations entre la Turquie et les Européens se sont nettement tendues au printemps après l'interdiction faite à plusieurs ministres turcs de venir faire campagne en Europe en faveur du référendum. Les Européens ont aussi émis de fortes réserves sur les conséquences du coup d'Etat avorté de juillet 2016 qui ont conduit à des purges massives.
L'UE et la Turquie mènent depuis 2005 des négociations d'adhésion, mais celles-ci sont au point mort. Bruxelles et Ankara sont aussi liés par un pacte migratoire en mer Egée, signé en mars 2016, qui a permis de mettre un coup d'arrêt à l'afflux de réfugiés vers l'Europe.
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