Un couple disparu depuis soixante-quinze ans dans le massif des Diablerets, situé dans le sud de la Suisse, a été retrouvé momifié dans les neiges d’un glacier, une découverte qui va permettre aux enfants survivants de faire enfin leur deuil. La police suisse a confirmé mercredi 19 juillet qu’il s’agissait bien d’eux :
« Sur la base des comparaisons ADN effectuées par le médecin légiste en collaboration avec la police cantonale valaisanne et le ministère public, les dépouilles rendues par le glacier ont été formellement identifiées. Il s’agit de monsieur Marcelin Dumoulin et de son épouse Francine Dumoulin, âgés de 40 et 37 ans, disparus tragiquement le 15 août 1942. »
Les corps parfaitement conservés gisaient, proches l’un de l’autre, avec, à leurs côtés, des sacs à dos, une bouteille, un livre et une montre, a raconté au quotidien suisse Le Matin le directeur du domaine skiable Glacier 3000, Bernhard Tschannen.
C’est un employé du domaine qui, lors d’une visite d’inspection à proximité du téléski du Dôme, jeudi 13 juillet dans la soirée, a aperçu un monticule qui ressemblait de loin à un amas de pierres. « Il s’agissait d’un homme et d’une femme portant des vêtements datant de la période de la seconde guerre mondiale, a déclaré M. Tschannen. La glace les a parfaitement préservés et leurs affaires étaient intactes. »
Le directeur du domaine skiable pense que le couple est probablement tombé dans une crevasse et que le glacier a rendu les corps à la faveur de la fonte des glaces.
Le lieu de la découverte, dans le glacier de Tsanfleuron, à 2 615 mètres d’altitude, est proche d’un ancien chemin pédestre reliant les cantons de Berne et du Valais. Vendredi matin, la police de Sion a redescendu les corps dans la plaine par hélicoptère et elle a demandé à l’institut de médecine légale de Lausanne de procéder à leur identification.
« J’ai attendu, mais ils ne sont jamais rentrés »
Marcelin Dumoulin et sa femme Francine étaient partis à pied, le 15 août 1942, du village de Chandolin pour aller voir leur bétail dans les montagnes. « Je les ai vus partir ce samedi matin-là. Il faisait un temps radieux. Ils devaient passer la nuit sur l’alpage de Grilden et rentrer le dimanche », a raconté à l’Agence France-presse (AFP) Monique Gautschy, une des deux filles du couple, aujourd’hui âgée de 86 ans et qui avait 11 ans à l’époque.
« Tout d’un coup, un gros nuage noir a recouvert le glacier dans l’après-midi. Mon oncle a juste eu le temps de voir mes parents une dernière fois avec ses jumelles, se souvient-elle. J’ai attendu jusqu’au lundi matin, mais ils ne sont jamais rentrés. »
Après deux mois et demi de recherches infructueuses, les sept enfants – cinq garçons et deux filles âgés de 2 à 13 ans – ont dû être placés dans des familles d’accueil. Seule la fille cadette Marceline, qui avait 4 ans à l’époque, a pu être adoptée par une tante.
« C’était la première fois que ma mère accompagnait mon père pour une telle excursion, a confié au Matin Marceline Udry-Dumoulin. Elle avait toujours été enceinte auparavant et ne pouvait pas effectuer des déplacements dans des conditions météorologiques aussi dures que celles du glacier. » « Je suis montée trois fois sur le glacier par la suite, toujours à leur recherche. Je me demandais constamment s’ils avaient souffert et ce qu’ils étaient devenus. J’ai le bonheur d’avoir des réponses à ces questions désormais », a-t-elle ajouté.
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