Une découverte qui inquiète. La première fuite active de
méthane depuis des fonds marins en Antarctique a été révélée par des
scientifiques dans la revue Proceedings of the Royal Society B, mercredi 22
juillet. Les chercheurs ont également découvert que les microbes qui consomment
normalement ce puissant gaz à effet de serre avant qu'il n'atteigne l'atmosphère
n'étaient arrivés en petit nombre qu'après cinq ans, permettant au gaz de
s'échapper.
Cette fuite active a été repérée pour la première fois par
hasard par des plongeurs en 2011 sur un site de 10 mètres de profondeur, connu
sous le nom de Cinder Cones dans le détroit de McMurdo. Mais il a fallu
attendre 2016 pour que les scientifiques retournent sur le site et l'étudient
en détail, avant de commencer les travaux de laboratoire.
Une perspective "incroyablement inquiétante"
Les spécialistes pensent que de grandes quantités de méthane
sont stockées sous le fond des mers autour de l'Antarctique. Le gaz pourrait
commencer à s'échapper au fur et à mesure que la crise climatique réchauffe les
océans, une perspective que les chercheurs ont jugée "incroyablement
inquiétante".
La cause de cette fuite reste un mystère, mais elle n'est
probablement pas liée à la montée des températures, car la mer de Ross ne s'est
pas encore réchauffée de manière significative. Cette découverte est néanmoins
intéressante pour les modèles climatiques, qui ne tiennent pas compte
actuellement du retard de la consommation microbienne du méthane qui s'échappe.
Les microbes consommateurs de méthane ont mis cinq ans à
apparaître
"Le retard dans la consommation de méthane est la découverte
la plus importante", a déclaré Andrew Thurber, de l'université d'Etat de
l'Oregon aux États-Unis, qui a dirigé les recherches. "Ce n'est pas une
bonne nouvelle. Il a fallu plus de cinq ans pour que les microbes commencent à
apparaître et même alors, il y avait encore du méthane qui s'échappait
rapidement des fonds marins."
La libération de méthane à partir des réserves sous-marines
gelées ou des régions de permafrost est l'un des principaux points de
basculement qui préoccupent les scientifiques. "Si ces réserves sont
déstabilisées, il y aura une importante quantité de méthane dans l'atmosphère
qui provoquera un changement climatique plus important", a prévenu Ben
Poulter, un scientifique de l'environnement au Goddard Space Flight Center de
la Nasa.
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