A moins d’un mois de l’ouverture de la CAN 2023, la vente des maillots des Eléphants de Côte d’Ivoire enflamme les réseaux sociaux où une grosse polémique fait rage autour du prix de vente fixé à 60 000 FCFA l’unité par la Fédération Ivoirienne de Football (FIF) et le comité d’organisation de la CAN (COCAN).
C’est le 19 juillet 2023 que les deux structures lancent l’opération ‘’ Un Ivoirien, un maillot’’ pour inciter les supporters des pachydermes ivoiriens à se procurer et arborer cette tunique aux couleurs nationales du pays. Le 2 novembre dernier, la FIF et le COCAN procèdent à la remise de ces maillots à certains de leurs différents partenaires.
A cette cérémonie, le président du COCAN, l’ex-ministre des sports Albert François Amichia fait des précisions sur le port du maillot pour accéder au stade, suite au constat fait lors des matches amicaux des Eléphants.
‘’Je tiens à féliciter les Ivoiriens pour leur présence effective lors des matchs amicaux de la Cote d’Ivoire contre le Maroc et l’Afrique du Sud. Cela montre l’engagement des Ivoiriens à avoir une belle compétition’’, se félicite-t-il.
Cependant, ajoute M. Amichia, ‘’il y a des maillots orange qui sont venus de Treichville et d’Adjamé (deux communes commerciales abidjanaises). On ne veut plus les voir. On veut voir les maillots de la FIF. Il nous appartiendra tous de sensibiliser les uns et les autres car un pays se traduit par son identité visuelle. Et nous, c’est le maillot orange’’ tranche l’ex-ministre des sports.
Ce qui n’est pas du goût des supporters lambda pour qui l’essentiel est de se procurer un gadget aux couleurs du drapeau national, notamment, le maillot officiel de l’équipe de Côte d’Ivoire. A leurs prix. Et la grogne ne s’est pas fait attendre sur les réseaux sociaux où plusieurs internautes ont réagi par des commentaires virulents sur le site du COCAN.
L’un d’entre eux, Kouadio Nestor, mécontent exprime son ras-le-bol. ‘’J’ai écouté l’annonce de M. Amichia. Dans tous les cas, je ne me sens aucunement concerné. Pour un match qui va durer une heure 30 minutes, je ne peux pas acheter un maillot à 60.000 FCFA. De plus, les performances de notre équipe nationale sont incertaines. À tout moment, on peut perdre. Si je vais à Adjamé, avec 5000 F j’ai un maillot un peu original qui peut me faire l’année’’, commente M. Kouadio.
Dans un pays où le Salaire minimum interprofessionnel garanti (Smig) est de 75.000 FCFA, les internautes trouvent ‘’exorbitant’’ le coût du maillot. Et ils préfèrent se tourner vers les marchés d’Adjamé et de Treichville ou les ventes en ligne pour se procurer les maillots contrefaits vendus entre 10 et 20.000 FCFA.
A Adjamé, plaque tournante de l’économie ivoirienne, plusieurs maillots y sont exposés sur les étals des commerçants. Ces vendeurs sont à chaque carrefour, criant à la clientèle. L’un d’entre eux, y a fait refuge au niveau du rond-point de la liberté. Ce trentenaire vêtu d’un pantalon tissu et d’un maillot orange blanc, tient en main une quinzaine de maillots.
Pour épuiser son stock, c’est à gorge déployée qu’il tente d’attirer sa clientèle. Au bout de 15 minutes, deux jeunes lui demandent les prix de ces maillots. ‘’12.000 FCFA l’unité’’, répond Konaté, le marchand, vantant ‘’la qualité’’ de ses produits. Les jeunes rétorquent que ‘’c’est trop cher’’ et proposent d’acheter deux maillots à 12000F. De guerre lasse, le vendeur abdique. ‘’Donnez ce que vous avez. Ça ne m’arrange pas mais c’est à cause de vous, nous vendons’’ clame-t-il.
‘’Actuellement, nous vendons tous à Adjamé des maillots toutes sortes mais plus pour la Côte d’Ivoire. Les prix sont accessibles et puis on arrive à s’entendre avec la clientèle. On ne peut pas laisser partir un client. Je pense que les ivoiriens viendront toujours ici pour acheter leurs maillots. Seuls les nantis, iront à la FIF s’en procurer’’, explique ce commerçant.
Pour Idriss Diallo, président de la FIF, ‘’on ne peut pas obliger la population à porter les maillots du COCAN ou de la FIF. Par contre, nous protégeons aussi notre partenariat. Toute personne qui fait les imitations du maillot officiel avec nos logos sera poursuivie conformément à la loi’’, prévient-il.
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