Ce propos indique, implicitement, que la loyauté est adossée (concrètement et non pas hypothétiquement) au savoir, au savoir-être et au savoir-faire, notamment en politique. Qu’est-ce que la loyauté ? Qu’est-ce que la loyauté en politique ? Qu’est-ce que la loyauté au sein du RHDP ?
Ces questions introduisent une vertu dans une pratique qui n’est pas moins vertueuse, pourtant. Avant d’en donner justification, répondons déjà aux préoccupations basiques ci-haut.
La loyauté, en effet, c’est une fidélité à des valeurs, à son pays, à son parti politique, à ses engagements envers les militants, à ses proches, à celles et à ceux à qui on tient, etc. On le voit bien, elle relève, au plus haut chef, de la morale, et s’empresse de consacrer le dévouement aux engagements pris, et une incontournable obéissance aux règles de probité. Confucius en parle comme un complexe globalisant qui charrie des caractéristiques essentielles comme la fidélité, la rectitude, la fiabilité et la crédibilité. En la matière, la loyauté alimente une relation synonymique, avec droiture et avec franchise, par rapport et par opposition à perfidie et à trahison. À contrario, être loyal, c’est s’éloigner du mensonge, de la fourberie et des ruses conduisant à la déception dans lesquels bien d’acteurs politiques sont passés maîtres. Dans cette posture, la loyauté « renvoie à des modes de relations sociales qui oscillent entre féodalités et organisations mafieuses, loin de nos idéaux démocratiques. » selon le mot de Daniel Calin. Pour ce dernier, l’homme loyal « dans nos fantasmagories, le « preux chevalier » est probablement l’archétype de l’homme loyal, même si les prétendus « hommes d’honneur » du grand banditisme ne sont jamais loin. Malgré ces connotations archaïques, voire douteuses, être loyal ou faire preuve de loyauté sont des attitudes toujours valorisées a priori... »
Quid en politique ?
La loyauté doit se traduire, en politique, guère dans des promesses qui ne risquent pas d’être satisfaites sur le modèle du mythe de Sisyphe, mais comme une « chose » sentie, concrète, visible dans les actes. Elle se défend résolument d’une ubiquité dans les engagements pris qui trahissent éloquemment la duplicité autant dans les discours que dans les attitudes de personnes qui s’en cachent, désormais, maladroitement : le jeu est ainsi découvert. C’est dire comme Frédéric Lefebvre qu’« en politique la loyauté n’est pas une option, elle est un devoir. »
Le processus de restructuration du RHDP voulu par le Président de la République, Son Excellence Alassane OUATTARA, président du parti, et qui a mobilisé tous les militants qui ont participé, massivement, à l’élection des secrétaires départementaux, a accouché d’une souris, et dévoiler le boycott ourdi par des intrigants qui versent dans des manipulations complotistes et politiquement égoïstes. Au demeurant, les militants de tous niveaux et à tous niveaux, et notamment les secrétaires départementaux, nouvellement installés, se sentent, aujourd’hui, spoliés, voire floués, de leur légitimité à avoir leur mot à dire dans les choix opérés par le parti, singulièrement dans le choix des candidats aux élections locales.
Le 19 décembre 2022, en effet, le Directoire du RHDP a publié la liste des candidats aux élections locales de 2023 sur la base du consensus après arbitrage, dit-on. C’est une bonne chose. Cependant, laissant comme un arrière-goût de déception, le choix de certains candidats, dans certaines localités, suscite des grincements de dents. Ici, s’entend audiblement, un cri du cœur éprouvé des militants qui, dans leur majorité, appellent à une alternance au service d’une nouvelle équipe dynamique, au service du bien-être de la population. Ils ouvrent ainsi une route empreinte de rectitude et d’exigence. C’est un appel au respect des canons démocratiques fécondant le libéralisme. C’est à ce prix que humanisera, à l’occasion, la politique de promotion interne des membres (et de tous membres), qui se ressentira sur les visages.
Je souhaite, au vu du mécontentement dans certaines régions du pays, préciser, en quelques saillances, ce qui suit:
1. Il est temps que le RHDP rassemblent ses militants.
2. Il est temps que le RHDP partage le choix des candidats aux élections avec les militants au nom du consensus mais encore et surtout de la réalité du terrain : un leader charismatique, sympathique, philanthrope et impliqué dans le développement, économique, social et scolaire dans une région marginalisée pourrait avoir un coût très lourd.
3. Il est (encore) temps que le RHDP revoie sa copie dans certaines régions où la base électorale est mécontente du choix opéré.
4. Il est temps que le RHDP entende la voix de la majorité des militants.
5. Il est temps pour le RHDP, au-delà des sensibilités, de favoriser les discussions ouvertes et attentives, en interne avec les militants.
6. Il est temps pour le RHDP de ne laisser personne au bord du chemin.
Le maintien de la cohésion du parti est à promouvoir dans les choix et dans les discussions dans ce contexte. Ce n’est point-là faire propagande d’une polémique stérile : l’heure n’est pas à laisser cours à des procès d’intention, à des appels à la clanisation au sein du RHDP, mais le constat appelle à tirer la sonnette d’alarme sur une pratique qui pourrait infecter d’une mauvaise gangrène la cohésion de notre famille politique. Pour anticiper ou résoudre cette éventualité, voici mes recommandations:
1. Celui qui a été choisi par la voix populaire ou après arbitrage doit réserver respect à celui qui ne l’a pas été;
2. Chacun, à quelque niveau que ce soit, doit faire prévaloir l’intérêt collectif sur l’intérêt personnel ;
3. Chacun, à quelque niveau que ce soit, doit intégrer le processus de désignation transparente et consensuelle des candidats à désigner un seul leader ;
4. Chacun, à quelque niveau que ce soit, doit respecter les règles de conduite et de discipline du parti.
Partant, la loyauté, aucun de nous ne doit cesser de le répéter, ne doit pas relever du folklore sclérosant qui consiste à dire plutôt qu’à faire, mais matérialiser, sous-tendue par de saines intentions, dans des actes constructifs et rassembleur, dans des discours vrais. En sus, il convient de retenir, ad vitam aeternam, que « La loyauté fait lien et la trahison le défait, mais cette dernière est davantage que la rupture d’une promesse, une tricherie, une manipulation ou une dissimulation (bien qu’elle les implique parfois).» («Loyauté politique et trahison au XXIe siècle: quelle actualité ?», Colloque, Calenda, Publicado terça, 25 avril 2017)
Je vous remercie
Dr Sidibé Zakaria,
cadre du Rhdp
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