La fête des ignames est un héritage précieux de la culture Attié dans la localité d’Anyama Village où la célébration du ''Yahé bê'' s’est tenue, ce samedi 17 août 2024, marquant la période de la saison des récoltes et la mise en scelle des différentes générations du village.
Dans le village d’Anyama, il est 06h du matin, lorsque les femmes, dans la cour du chef, s’activent déjà à la cuisine pour préparer le foufou traditionnel. D’une seule voix, elles marmonnent quelques refrains en Attié du ‘’super Kidji de Assaka Monte’’ pour exprimer leurs joies de ‘’ce jour tant attendu’’.
La fête des ignames est une période où les agriculteurs locaux, après des mois de travail acharné, récoltent enfin leurs ignames. Le jour-J, chaque famille a pour obligation de faire des mets à base d’ignames.
‘’ C’est une fête très attendue, chaque année. Lorsque le jour arrive, chaque femme essaie de faire montre de ses capacités dans la recette du foufou pour permettre aux invités, sa famille de manger avec appétit’’, souligne Anne-Marie Djebe, la main dans le mortier, avant de poursuivre que ‘’ tout le monde doit consommer l’igname, aujourd’hui. Si tu n'aimes pas le foufou, on fait du ragoût accompagné de pattes de poulet’’.
Le foufou igname est fait principalement avec l’igname communément appelé ‘’le pkonan’’, accompagné du piment noir fait à base d’huile rouge appelé ‘’ Biekobi ‘’.
‘’Le Yahé bê est une festivité au cours de laquelle on se regroupe également pour fêter, commémorer nos générations autour des danses Tchagba et aux rythmes du tambour sacré, ‘’ indique Chef Yamoila, Secrétaire des us et coutumes d’Ebimpé-village.
A différents carrefours du village, on y trouve des jeunes vêtus de pagnes traditionnels noués aux hanches, ornés de maquillages faits à base d’écorces d’arbres et de parfums appelés ‘’ Atchoin’’.
‘’Ce jour est très sacré pour nous les jeunes du village. C’est un jour où toutes les générations vont danser et démontrer leurs caractères de forces ‘’, explique, l’un des leurs. Les générations à Ebimpe sont constituées de 4 groupes, notamment, les générations Blechoue, Djougbo, Gnando et Mounan.
Avant le début des festivités, les jeunes réunis au cimetière du village entonnent des cris et effectuent des pas de danse pour obtenir la bénédiction des ancêtres. ''Métchê métchê, Kéou kéou ‘’, scandent-ils. Comme pour dire aux génies et ancêtres, ‘’ nous avons besoin de vous, accompagnez-nous dans ce moment ‘’, explique le chef chargé des us et coutumes.
Après les libations faites sur les différentes sépultures, les générations accompagnées de leurs guerriers se dirigent vers la place publique.
‘’ Chaque groupe a son guerrier qui le guide tout au long du chemin. Il peut y avoir des attaques et c’est lui seul qui voit ‘’, souligne le chef de la culture, ajoutant que ''selon la coutume, la première génération constituée des plus jeunes sort pour balayer la route et permettre aux autres de voir le danger venir en vue de les protéger’’.
Après le tour du village effectué, les générations se regroupent à la place publique où le chef du village, les notables et les invités sont réunis.
Les guerriers se font accompagner de statuettes d’hiboux, de fusils traditionnels et des gris-gris attachés aux reins. Aux rythmes endiablés des sons émanant du Tambour sacré, chaque clan se livre à quelques séances mystiques et de danses.
Quelques minutes après, le chef du village tenant sa canne, met fin à la cérémonie avant de permettre à la population villageoise d’aller consommer les mets faits à base d’igname.
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