Dans le département de Guitry, région du Lôh-Djiboua, se situe un village dénommé Lozoua île. Cette générosité naturelle a attiré notre attention lors de notre récent passage (du samedi 23 au lundi 25 septembre 2023) sur sa terre et ce, sur invitation de l’Abbé Paul Yorokpa, curé de la paroisse Saint Pierre dudit village. Immersion pour découvrir son charme et défaut.
L’Abbé Paul Yorokpa est un Prêtre Catholique,
originaire de l’Archidiocèse de Gagnoa. Il est de retour en Côte d’Ivoire
depuis décembre 2020, après une mission fidei
donum à Avignon, en France. Il occupe la fonction de curé sur la paroisse
Saint Pierre de Lozoua. C’est justement dans l’intention de s’enquérir de ses
nouvelles occupations qu’il nous est donné de découvrir ce village
singulier.
Lozoua île est situé à 10 km de la côtière qui
part d’Abidjan à San Pedro mais à 45 km de la ville de Grand-Lahou, et à 33 km
de celle de Fesco.
Ce samedi soir, il est vingt heures moins quand
l’Abbé Paul et moi arrivons à « Lozoua continent » (une extension du
village) et descendons de la voiture. A la berge, sont garées plusieurs
pirogues à moteur de différentes formes qui aident à traverser la lagune.
Après sept minutes de traversée, nous sommes au
presbytère de la paroisse. A la terrasse, autour de la table sont assis, le Père Jean
René Kragbé, Vicaire 2008-2009, puis curé de 2014 à 2020 de ladite paroisse,
près de lui, le Père Arnaud, le coéquipier du nouveau curé. Après les
civilités, le dîner se prend dans une ambiance plaisante.
Le lendemain matin, la messe a débuté sous une
pluie moins forte qui s'est arrêtée en cours de route. En présence d'une vingtaine de
personnes, l'homélie du curé a exhorté les fidèles à vivre selon les lois du
Seigneur, afin de mériter le royaume des cieux. L’Abbé a parlé en langue local
puis a traduit en Français.
« Ce n’est pas
facile », m’a-t-il confié sourire au coin, après la messe.
Les
besoins de l'Église
« On aurait aimé avoir un bateau pour la
traverser des populations afin de faire gagner un peu d'argent à la paroisse ;
une plantation ou de l'élevage qui pourrait nourrir les prêtres »,
explique l’abbé Paul avec une expression du village qui sied.
Selon lui, l'avenir du village est en
pointillé, car l'eau avance et les habitants savent que désormais l'avenir se
trouve sur le continent. Pour lui, il faut déplacer l'Église sur le continent.
D'ailleurs, nous apprend-il, un espace d’un hectare y est réservé pour cela. Au
niveau de la foi, poursuit-il, la participation des chrétiens est un peu
difficile. « Ils attendent tout, des prêtres, pour la plupart. On assiste à une très faible
participation des fidèles par rapport aux mouvements de la paroisse. Seul le
mouvement du renouveau fait l’effort. La sacristie est à refaire totalement, il
faut de nouveaux calices. En fait, il
suffit d'une petite volonté pour que tout se passe bien sur la paroisse »,
raconte-t-il.
Le lendemain, il nous fait la gentillesse de nous offrir et dédicacer sa nouvelle parution intitulée La force des mots : Crise ivoirienne, des mots pour rire et guérir, 122 pages, paru à Abidjan, Côte d’Ivoire, aux éditions La Plume des Trois.
Le visage de l’île
Situé
à environ 160 Km d’Abidjan, la vie quotidienne au niveau de l’île, dégage une
tranquillité particulière. Elle est purement habitée par les autochtones Dida,
qui sont environ trois mille. Ses habitants profitent au maximum de son air pur
et apaisant qui s’y dégage. La sécurité dont bénéfice le village permet aux
enfants de se déplacer et de jouer aisément, notamment sur le terrain de
football (qu’on trouve au bord de la lagune). Evidemment, l’activité principale
de ses habitants est la pêche. La preuve, comme constaté, pas un jour sans voir
les pêcheurs à bord de leur pirogue aller chercher à manger, c’est-à-dire,
pêcher du poisson. L’une des imperfections est le courant : absent de la
journée (de 06 heures 18 heures) et présent toute la nuit (de 18 heures à 06
heures).
« Mes parents ont décidé dans les années 70, de faire une extension, c’est-à-dire un lotissement sur le continent. C’est dans le but de déplacer la population de l’île vers le continent mais les gens ne sont pas partis. Quelques personnes quand même ont fait le déplacement. Aujourd’hui, c’est là-bas, sur le continent, qu’il y a toute l’administration, l’écoles primaires et secondaires, sous-préfecture, les dispensaires. Sur l’île, ici, c’est un lieu de résidence. Voilà un peu la configuration du village de Lozoua », a expliqué le chef du village, Gbadji Beugré Gilbert, en fonction depuis juillet 2021.
Quels
sont les besoins de l’île ?
« Au niveau de l’île, quand les gens
voulaient partir dans les années 70, pour le continent, ils ont pensé bien
faire en cassant l’école et en délocalisant le dispensaire, mais il s’avère que
les populations sont encore là. On était obligés par rapport à nos besoins de faire
en sorte que l’école revienne pour les petits enfants qui traversent la lagune
tous les jours. Grâce à Dieu, les choses sont en bonne voie parce que l’État a
fait une école de 3 classes et donc l’école a repris.
Aujourd’hui,
nous voulons réhabiliter l’ancien dispensaire pour qu’il y ait au moins, une
permanence au niveau du corps médical en cas des situations d’urgence. Au
niveau de l’énergie électrique, on a un groupe électrogène qui fonctionne de
18h 00 à 06h 00 du matin. Et cela, depuis 2004. L’État a déjà fait traverser la
moyenne tension et il reste seulement à connecter ça au réseau domestique. Ici, il n’y a pas d’eau courante, c’est des
puits. On avait sollicité des forages mais c’est difficile parce que les
camions qui font les forages ne peuvent pas traverser pour venir ici. Donc
voilà un peu les besoins immédiats des populations », a confié le chef du
village.
La solution ? « On demande
que l’État fasse en sorte que sur le continent qui est une extension de ce
village, qu'il y ait un château d’eau. Aussi, que notre route qui nous relie à
la voie principale, que l’Etat nous aide à la rendre praticable en toute saison ».
« Je
demande aux autorités de considérer nos doléances par rapport au développement.
On dit que la route précède le développement, nous avons toujours demander à ce
qu’il nous aide à rendre notre route praticable en toute saison. Chaque fois,
nous répétons cela. On dit également que l’eau est source de vie, nous voulons
de l’eau potable sur le continent. Au niveau de l’électricité, ça va sur le
continent mais sur l’île, nous leur rappelons que nous ne sommes pas encore
connectés ? Prions que l’Etat prenne toutes les dispositions pour que nous
soyons connectés au réseau électrique national », a souhaité le chef du
village.
Lozoua
île, village du groupe de musique Aboutou Roots, demeure un beau et paisible
endroit. Bon pour toute âme à la recherche d’endroit reposant et rassurant.
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