« Wozo », le premier long métrage documentaire du journaliste-réalisateur belge, Thibaut Monnier, a été projeté en exclusivité, samedi 7 mai 2022, à l’Institut français d’Abidjan, en attendant les futures étapes de Genève et Haïti en mai et la diffusion sur TV5 Monde en juillet.
Ce film vise à dénoncer l’absence d’éthique dans l’usage que les agences des Nations-unies de l’aide humanitaire font de leurs services de communication en se servant de l’image de la pauvreté dans leurs zones d’intervention, « comme moyen de communication avec l’extérieur, que ce soit pour mobiliser des fonds pour poursuivre des projets de développement ou pour gagner en visibilité dans la course aux fonds pour l’aide ».
« Wozo » se veut un docu-fiction (mélange de documentaire et de fiction) inspiré de faits réels. Il décrit l’utilisation abusive des médias dans l’aide humanitaire, en s’appuyant sur « l’expérience personnelle » du réalisateur Thibaut Monier qui, à partir de 2013, a été chargé de communication visuelle pour le compte du Programme des Nations Unies pour le développement (PNUD) en Haïti, avant de démissionner en vers fin 2015, pour des raisons d’ordre éthique.
« Après avoir travaillé deux ans pour l’ONU comme chargé de communication, où je devais faire des images, filmer, prendre des photos, écrire des reportages, je me suis rendu compte qu’il y avait un décalage entre les choses que je filmais et la réalité que je voyais à travers mes propres yeux, pas à travers un objectif. Et donc c’est comme ça que j’ai voulu commencer à faire un film. Tout est parti de là et après le film s’est tourné en Haïti, en Côte d’Ivoire et en Belgique », a déclaré M. Monier vendredi 06 mai 2022.
« La base militaire de l’ONU était une forteresse protégée de gardes armés. Il fallait être muni d’un badge ou d’une autorisation spéciale pour y accéder. Il m’était impossible d’y faire entrer un comédien que j’aurais filmé au nez et à la barbe de tous, que ça soit dans la base ou dans les hélicoptères. Témoigner sur mon expérience était pour moi le moyen d’enfin contribuer à un peu plus de vérité et j’ai donc décidé de me lancer moi-même » a-t-il justifié.
« WOZO » signifie « le roseau » en Créole. Il renvoie à la persévérance haïtienne, à la résilience face à l’instabilité politique et aux catastrophes naturelles, selon la traduction littérale en français « tu es comme le roseau, même s’il t’arrive de plier (à cause des catastrophes naturelles et de l’instabilité politique), tu ne casses pas ».
Ce titre fait référence à « Boris » qui, dans le film, plie sous le poids des « mensonges qu’il devait monter contre sa vocation pour entretenir l’image de l’aide au développement, ainsi que celui de sa conscience ». Mais sans se casser pour rendre sa démission et témoigner. Une autre projection de « Wozo » est prévue à l’Institut français avec un panel sur « l’utilisation médiatique dans l’aide humanitaire ».
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