Depuis environ quatre semaines, la nationale reliant Taï à Guiglo, capitale de la région du Cavally, longue de 90km, est devenue impraticable, du fait des intempéries, ce qui cause d’énormes désagréments aux usagers qui l’empruntent quotidiennement, a constaté l’AIP.
Les fortes pluies qui s’abattent régulièrement sur cette localité abondamment irriguée par le fleuve Cavally et ses affluents ont contribué à la forte dégradation de cette route nationale, coupant pratiquement Taï du reste de la Côte d’Ivoire.
Caractérisée par des crevasses boueuses et béantes, des pentes argileuses d’une raideur dangereuse, et des crues subites des rivières environnantes, cette route en terre qui sépare Taï de Guiglo, est actuellement hostile au trafic en plusieurs endroits, notamment au niveau des localités de Paris-Léona, Kridy et Zagné.
Véhicules, engins à deux roues et passagers souffrent le martyr, car cette voie est devenue un parcours de combattant pour tous ceux qui l’empruntent. En divers endroits, les passagers sont même obligés de descendre des véhicules de transport en commun pour se frayer un chemin, et remonter dans le véhicule seulement lorsque le conducteur a réussi à passer les zones boueuses, et les pentes et les descentes glissantes qui font patiner les véhicules à souhait. De gros camions se retrouvant souvent à la renverse dans ce passage forcé.
Et, le mauvais état de cette route commence à affecter durement l’économie locale.
Le corollaire de cet état de fait, la ville de Taï fait face à une pénurie notamment de gaz butane qui a obligé plusieurs kiosques à café à fermer temporairement depuis deux semaines.
Julien Koffi est gestionnaire de dépôt de gaz butane au supermarché Socopad. Il confirme les faits. «Après cinq jours d’affilée à essayer de passer le cap de Paris-Léona, notre camion-fournisseur a rebroussé chemin pendant que le gaz manque cruellement à Taï», a-t-il expliqué à l’AIP.
Les supérettes peinent également à s’approvisionner. Le boutiquier Mahama Tayé, s’en plaint d’ailleurs avec véhémence, et étaye ses propos en ces termes: «le sac de 50kg de sucre qu’on achetait à 33.000 FCFA, est passé subitement à 50.000 FCFA, sans compter les surcoûts liés aux frais de transport du fait du très mauvais état de la route. Ce qui nous oblige à revendre le kilogramme de sucre à 1000 FCFA au lieu de 700 FCFA, habituellement.»
Hormis le sucre, l’huile, le lait et bien d’autres denrées de première nécessité commencent à manquer sur le marché, occasionnant une augmentation vertigineuse des prix, au grand dam des consommateurs locaux.
La filière cacao s’en trouve encore plus gravement affectée. D’où le cri de cœur de Bernard Tiendrébéogo, un pisteur qui achète le cacao bord champ. « J’ai pré-collecté 40 tonnes de cacao. Mais jusque-là, il m’est impossible d’acheminer le produit à cause de l’état défectueux de la route», regrette-t-il.
Pour lui, cette situation affecte considérablement ses financements qui sont bloqués pour cette raison. «Et au même moment, les planteurs partenaires me réclament leur argent. Je ne sais que faire. J’ai donc envoyé, entre temps, un chargement d’essai pour voir si le chauffeur peut arriver à parcourir les 90 km et aller livrer son chargement », a lâché le pisteur.
La filière hévéa subit les mêmes conséquences néfastes dues à l’impraticabilité de la route Taï-Guiglo.
Fort heureusement, après une semaine de pénurie, la ville vient à peine d’être approvisionnée en carburant. Si la pénurie de carburant perdurait, cela aurait plongé toute la ville dans l’obscurité totale puisque les réserves qui alimentent le groupe électrogène qui fournit Taï en électricité, étaient presque épuisées.
Les livraisons de produits pharmaceutiques tout comme les évacuations sanitaires se font dans des conditions calamiteuses et dangereuses pour les chauffeurs et patients évacués vers les urgences du Centre hospitalier régional (CHR) de Guiglo, voire au-delà.
Les populations de Taï plaident donc pour le bitumage de cette voie si essentielle pour le bon déroulement des activités socio-économiques dans cette localité à forte production de produits de rente et de vivriers.
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