Initiateur du récent
mouvement citoyen dénommé Miradobed (Millions d’Ivoiriens pour Réconcilier Ado
et Bédié), l’écrivain Sylvain Takoué monte de plus en plus au créneau pour
donner sa vision sur les enjeux actuels et futurs de la politique nationale. Sans
détours. Interview.
Pourquoi un mouvement précisément pour réconcilier les
Présidents Ouattara et Bédié ?
Parce
qu’il faut le faire ainsi, et parce que nous ne croyons pas qu’il faille le
faire autrement.
Juste, pour les Présidents Ouattara et Bédié ?
On
ne mettrait pas, de cette façon, la charrue avant les bœufs. Et c’est ce qu’il
faut faire pour mieux dégager l’horizon et créer suffisamment de la place pour
la réconciliation nationale dont tout le monde parle. Nous entendons, en effet,
beaucoup de choses qui se disent, ces temps-ci, à propos de la réconciliation
nationale. Ce n’est pas avec des incantations qu’on y parviendra. Et encore
moins le décréter. Non. Il faut de la juste mesure, du tact, du savoir-faire.
C’est la tactique du pas à pas, ce que le diplomate américain Henry Kissinger a
appelé « la politique des petits pas ». C’est de cela dont on use,
même quand on fait la cour à une femme qui est rebelle d’esprit et réfractaire
aux hommes.
Oui, mais d’aucuns
diront que votre mouvement, c’est juste pour les Présidents Ouattara et Bédié…
Ecoutez,
il n’y a pas à chercher midi à quatorze heures. Ne cherchez pas à dire autre
chose qui ne soit correct et hors contexte. Je vous ai donné, tout à l’heure,
l’exemple sur la femme têtue, entêtée à
dire non, quand on lui fait la cour. Si l’homme qui la veut pour lui, n’est pas
un fin stratège, il ne l’aura jamais pour lui. Sachez faire seulement et
finement avec de pareilles femmes, et vous en serez heureux. L’autre exemple
que je vous donne, est celui de la maison que l’on construit. Vous serez le
plus riche homme sur terre, mais jamais vous ne demanderez à votre maçon de
vous la construire en un coup. Construire un habitat correct est une affaire de
plan d’architecture, d’étapes dans la pose des matériaux, et de temps, et non le
fait du hasard et de la précipitation. C’est pour vous dire qu’il faut faire
les choses à point nommé et à leur heure. Oui, nous lançons le Mouvement
Miradobed, qui signifie "Millions d’Ivoiriens pour Réconcilier Ado et Bédié".
Ce concept de "Millions d’Ivoiriens" est forcément inclusif et
n’exclut personne, et nous sommes plus de 25 millions d’habitants du carré
ivoirien. C’est d’abord cette première considération, de concept de convergence,
qu’il faut faire voir…
Oui, mais n’empêche que d’aucuns y verront toujours un
mouvement juste pour rapprocher les présidents Ouattara et Bédié, alors que…
Mais
il ne faut pas voir que cela. Ce serait être borgne. Or, je ne connais pas
quelqu’un qui vivrait bien s’il était borgne. Allons au-delà du superficiel
dont que vous évoquez. Et je vous explique comment il faut raisonner. Donc,
j’ai d’abord donné l’explication du concept. Maintenant, on nous rétorque qu’il
s’agirait uniquement des Présidents Ouattara et Bédié. L’explication plus
juste, qu’il faut donner, est qu’il est question de revoir les Présidents
Ouattara et Bédié main dans la main. Ça ne veut pas dire qu’il soit interdit à
d’autres leaders politiques de tenir aussi la main du Président Bédié ou du
Président Ouattara. Ce n’est pas cela notre démarche. Et nous ne censurons pas
ceux qui se bousculent en ce moment pour tenir aussi la main du président
Bédié. Chacun, de son côté, fait ce qu’il peut pour se sentir faiseur de
réconciliation nationale. Mais, la démarche du Miradobed, c’est de travailler à
ce que les millions d’Ivoiriens revoient les Présidents Ouattara et Bédié se
tenir à nouveau les mains, et plus fermement, et je vais vous dire maintenant
pourquoi…
Allez-y, éclairez-nous… C’était d’ailleurs ma question
suivante…
Oui,
oui, je vais vous le dire. Le Miradobed opte pour que la main tendue par le
Président Alassane Ouattara soit fermement attrapée par celle du Président
Henri Konan Bédié, d’abord parce que cela va de soi. Il y avait eu des
brouilles, comme dans tous les couples et ménages ou relations humaines. Même
entre amis, camarades, frères ou sœurs, et parents, dans les familles, cela
existe. Oui ou non ? Les brouilles, on peut les régler à tout moment. Et
en politique, aucune brouille n’est jamais assez lourde pour qu’on ne la dissipe
pas. On a connu trop d’exemples en la matière dans ce pays. Ce n’est donc pas
nouveau. Et c’est pourquoi, les alliances, coalitions, ou regroupements, etc.,
existent. C’est d’abord être ensemble pour regarder dans la direction, et aussi
pour passer plus facilement outre les quelques malentendus de parcours, qui
peuvent arriver, qu’on les fait. Et puis, on continue à mieux s’entendre
jusqu’à atteindre l’objectif commun. Mais nous disions que cela va de soi, que
les Présidents Ouattara et Bédié se retrouvent à nouveau, car ce sont avant
tout des alliés naturels. Ils viennent de la même famille politique et
idéologique. Ça, tout le monde le sait. Donc, les revoir ensemble, ne signifierait
aucunement que ce serait un frein au processus de réconciliation nationale,
comme certains veulent absolument le faire croire dans ce pays. C’est ce qui
marchera, et marchera bien, dans un tout premier temps. On rallume plus
facilement ce que l’on appelle, chez nous, l’"ancien feu". Il fut un
temps tout récent où les deux Présidents étaient comme des "jumeaux"
politiques, et ceux qui, juste en face, crient aujourd’hui au loup, ne
tarissaient pas d’éloges à leur égard. Il y a quand même eu l’"Appel de
Daoukro", qui a longtemps bien marché, avec tous ses avantages créés, et
que des esprits revanchards et autrement inspirés veulent aujourd’hui remplacer
par ce qu’ils appellent le "Pacte de Daoukro". Soyons honnêtes. L’Appel
de Daoukro est encore et toujours en marche.
Mais c’est que les enjeux politiques ont tout de même changé.
Vous ne l’ignorez pas…
Mais
vous faites erreur, en le disant. Je ne vous laisse pas finir, parce que vous
voyez mal les choses. Et pour beaucoup, que l’on induit ainsi en erreur, il
faut savoir regarder la réalité des faits. Qu’est-ce qui a changé comme
enjeu ? Honnêtement, reconnaissons que c’est la même lancée, pour laquelle
les deux Présents étaient alliés, qui est toujours d’actualité et en marche…
Par exemple, personne n’a, jusqu’aujourd’hui, débaptisé ni déboulonné le 3ème
Pont qui porte bel et bien encore l’illustre nom Henri Konan Bédié. On ne peut
pas changer ce fait qui profite au pays et à ses habitants, même à ceux qui se
plaignent de tout et de rien en même temps. On peut donner beaucoup d’autres
exemples de ce type. Donc, la Côte d’Ivoire est toujours sur la même lancée de
travail, que celle donnée aux Ivoiriens par l’alliance laborieuse des deux
Présidents Ouattara et Bédié.
C’est-à-dire ?
C’est-à-dire,
la lancée de la gouvernance pour la reconstruction de la Côte d’Ivoire, en tous
points de vue. Et vous m’amenez maintenant à achever mon argument de début. Oui,
nous disons, au Miradobed, que les Ivoiriens doivent revoir les deux Présidents
Ouattara et Bédié main dans la main, parce qu’ils ont l’impérieux devoir
d’achever, tous les deux, le travail promis aux Ivoiriens, à savoir leur bâtir
un pays propre, organisé, sécurisé, discipliné, qui fonctionnerait comme si on
était en Suisse, qui serait un pays ultramoderne, où les pouvoirs publics auront
construit à merveilles, non pas le bavardage public gratuit, servi comme moyen
d’endoctrinement théorique, mais un pays doté d’infrastructures sociales et
économiques réelles et concrètes, et tout à fait lancé sur la voie d’un second
miracle économique qui ferait mieux vivre les Ivoiriens. C’est de cela qu’il
s’agit. C’est-à-dire évoluer, progresser, se satisfaire d’une vie comblée en
tout. Dites-moi qui est au pouvoir, actuellement, qui puisse y faire parvenir
ou y rapprocher le pays ? Si vous donnez la réponse à cela, qui est
d’évidence, alors vous verrez que le Miradobed voit juste en travaillant au
rapprochement des Présidents Ouattara et Bédié. Les revoir ensemble sur cette
voie-là, préoccupe, plus encore, les Ivoiriens qu’autre chose. Si les Ivoiriens
sont heureux et satisfaits du travail socio-économique, bien fait par le duo politique
Ouattara-Bédié remis en marche, la réconciliation nationale, dont on parle tant
presque comme fonds de commerce politique, ressoudera naturellement la
sociologie nationale. Je l’ai dit, la réconciliation nationale, ce n’est pas
incantatoire, mais pratique. Or, le Président Ouattara est un homme d’Etat
aguerri dans le pragmatisme. De même que son allié naturel, le Président
Bédié. Il n’y a donc pas à vraiment paniquer
et à crier inutilement au loup, en venant ressasser des récriminations qui font
déjà partie de l’histoire du pays, et qu’il n’est nullement besoin de remuer si
on recherche vraiment l’apaisement et la cohésion au sein de notre société. On ne
va quand pas passer le temps à tourner en rond dans ce vase clos, et à y être
tous enfermés, alors qu’on doit tous survivre aux intempéries des crises, et
surtout vivre l’air des temps nouveaux, qui est à l’ouverture sur la modernité.
Dites-moi ce que gagne vraiment un pays, qui doit évoluer dans ce sens, à
revenir à une crise passée !
Vous dites bien qu’il n’y a plus à crier au loup, et
que la réconciliation nationale est en marche…
Oui.
Et pour vous faire mieux comprendre le fait, je reviens à mon exemple donné sur
la femme dure, que l’on courtise. Parce que c’est l’exemple le plus courant,
que tout le monde peut comprendre sans effort. Dans le cas de la Côte d’Ivoire,
disons que la réconciliation nationale est comme une femme qui ne se laisse pas
facilement faire dans les bras du premier homme venu à elle. Vous
comprenez ? Car il y a des femmes, comme ça, dans la vie de tous les jours.
Elles fatiguent, au départ, elles disent non, non et non. Et puis, vers la fin,
elles cèdent aux assauts amoureux continuellement donnés par le soupirant le
plus chevronné, qui a su la prendre. Ceux qui font la cour à de telles femmes ne
vont pas crier cela sur tous les toits, n’est-ce pas ! Ce serait inélégant,
voire malsain. Sans compter que, le plus souvent, ils peuvent essuyer des
revers inoubliables, faits pour les décourager. Alors, oui, il n’y a que le
travail bien fait, et fait en profondeur, qui puisse réconcilier les Ivoiriens.
Si les trois quarts des problèmes existentiels des Ivoiriens sont résolus par
une politique hardie de la social-économie, telle que la pratique avec
pragmatisme le Président Ouattara, on oubliera, pour beaucoup, les
ressentiments anciens dont certains voudraient encore se servir pour se refaire
une place politique. Nous ne pensons pas que le Président Bédié travaillerait à
rebrousser chemin, plutôt que d’aider à faire progresser le pays dans le sens
d’un nouveau départ tolérant et compréhensif avec le Président Ouattara. Et
c’est chose possible. Le reste, qu’on voit en dehors de cela, c’est de la
politique bling-bling.
0 Commentaires
Participer à la Discussion
Commentez cet article