Dans une publication sur sa page Facebook ce mardi 16 mars 2021, Vincent Toh Bi Irié, l'ex préfet d'Abidjan fait des révélation sur les accusations de trafic de drogue portées contre Hamed Bakayoko.
Ci-dessous sa publication intitulée Hamed Bakayoko et le scandale de la drogue
Il est 20h48, je suis dans une ruelle de Treichville où je
me coiffe généralement. Mon téléphone sonne : "Tohbi (quand il prononce
mon nom avec un seul i, c’est qu’il est préoccupé). Tohbi, tu es où ? Tu as vu
ce qui se passe sur les réseaux sociaux ?".
Hamed Bakayoko assure l’intérim du Premier Ministre Amadou
Gon Coulibaly, absent du pays.
On est un Dimanche et depuis le matin, les réseaux sociaux
bruissent : Hamed Bakayoko serait lié à des histoires de drogue, selon certains
canaux d’information.
"Oui. Je suis depuis le matin" , je lui réponds.
Il s’écoule un long moment de silence. En pareille
circonstance, je me tais et je l’écoute : "Tohbi, tu as été avec moi
toutes ces années. Tu rentres dans mon bureau 20 fois par jour, on est en relation
permanente, tu crois que j’ai pu faire ça ?".
Je suis choqué par la question. Ça, ce n’est pas Hamed
Bakayoko que je connais.
"Ce que je crois en ce moment précis n’est pas
important, les réseaux sont en feu..."Il m’interrompt tout sec et d’une
voix très calme, il reprend :"
Tohbi, est-ce que tu crois ce qui se raconte ?".
Il s’en suit un long silence : "il s’est toujours
raconté des choses sur moi sur les réseaux sociaux, je n’ai jamais réagi . Mais
cette fois, ils sont allés trop loin".
Ils ? Qui ? On ne pose jamais de questions professionnelles
à Hamed Bakayoko quand il est dans un état de préoccupation.
Il poursuit calmement : "Je ne peux laisser passer
cette affaire. Je vais réagir. Tohbi, prépare moi quelque chose." Je lui
réponds : "C’est déjà fait. Je vous
ai envoyé un projet de réaction il y a 30 minutes".
"Ah bon" , répond-il.
En 2020, je ne suis plus Directeur de Cabinet. Je suis
Préfet d’Abidjan. Mais j’ai toujours une bonne relation distante avec mon grand
frère...malgré les nuages qui commencent à s’amonceler autour de ma fonction
(une autre histoire...) et une flopée de colporteurs.
Il est mon grand frère. Je connais ses réflexes. Ce Dimanche
matin, dès que j’entends les allégations de drogue autour de lui alors qu’il
assure l’intérim du Premier Ministre, je mesure qu’une bataille de
communication à immenses conséquences va commencer. Je prends l’initiative de
rédiger une réaction personnelle privée pour lui et pour sa page Facebook et je
la lui envoie avant qu’il ne m’appelle parce que je sais qu’il va m’appeler.
"Ah bon ? Tu as déjà rédigé. Okay. Je lis et je te
rappelle".
Quelques minutes plus tard, il m’appelle avec Yolande.
Chaque fois que je travaille sur un document avec Hamed Bakayoko et que l’enjeu
est grand, Yolande est toujours là. Elle est notre arbitre et sa conseillère.
Mais dans ce cas précis, elle est Avocate et il y a des
volets du dossier pour lesquels elle va nous orienter.
Nous travaillons et refaisons les versions. Au fur et à
mesure que nous avançons, Hamed retrouve son humeur. Il me taquine. Les
Tohbiiiiiii reprennent. Yolande change quelques mots qui peuvent prêter à
confusion. Nous sommes d’accord avec elle. On finit à 01h du matin... en
théorie. Je sais que ma nuit est perdue.
Je connais le Monsieur, il va me rappeler. Ça ne rate pas. Il rappelle à 02h,
puis à 06h. À 08h, il ajoute un dernier
paragraphe qui me dérange car il rompt avec l’harmonie générale du texte. Mais
il insiste. Je m’incline. Je sais qu’après sa réaction personnelle à lui, il va
mettre à contribution ses services pour les réactions officielles. Hamed prend
les avis de tout le monde pour être sûr qu’il est dans le bon.
À 11h, il finit une réunion et me rappelle : "Je vais
faire publier sur ma page maintenant. Tu as quelque chose à ajouter ?".
"A part votre dernier paragraphe, je n’ai aucune
réserve". "Hey Tohbi, tu laisses pas palabre deh !!".
Au-delà de son tempérament baroudeur et joyeux, Hamed est
extrêmement sensible sur certaines choses. Je peux me tromper, mais cette
allégation de drogue est l’un des plus grands chocs de sa vie.
Au moment où j’écris ce témoignage, j’entends encore son
silence assourdissant lorsqu’il m’a appelé ce jour-là et j’en ai le cœur
déchiré. Hamed a eu mal dans son être profond. Je ne l’avais jamais vu dans un
état pareil. Je préfère même ses cris, ses pressions, ses colères et les 21
projets de discours.
Mais quand Hamed est calme et trop calme, il ressemble à un
homme vidé. Il parle peu en ce moment là.
J’ai eu mal pour le Ministre d’Etat, un homme bon, malgré
ses défauts qu’il avait l’humilité de reconnaître. Il me semblait si seul
subitement. Il assistait à la violence
des posts sur les réseaux sociaux et dans la presse, déchaînés contre lui en
quelques heures. Mais il avait le courage de lire les nombreuses injures et
sarcasmes à son encontre.
Il y a tant de bonheur à partager sur cette terre, tant de
fraternité à éclore, tant d’Amour à célébrer, pourquoi nous détruisons-nous
avec autant d’acharnement ?
Il nous faut revenir à notre humanité et à la simplicité de
cœur car ce sont elles qui seront le bilan réel de notre vie à la fin de notre
parcours sur terre .
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