Les Avocat de Charles Blé Goudé s’opposent à son jugement par
la justice ivoirienne. Ils estiment que du
moment où la Côte d’Ivoire a transféré leur client à la Cour pénale
internationale (CPI), elle n’a plus vocation à le juger pour les mêmes faits.
« Pour l'heure, Mr Charles Blé Goudé ne peut pas être jugé ici
parce que les autorités ivoiriennes y compris les autorités judiciaires ont
décidé de renoncer à leur droit national au profit d'une juridiction
internationale», a laissé entendre Me N’dri Claver.
Le procureur général de la République, Lebry Marie-Léonard, en
revanche, a une lecture contradictoire de la situation. Pour lui, le fait que
Charles Blé Goudé soit poursuivi par la CPI n’interdit pas qu’il soit poursuivi
par les juridictions nationales.
« Les règles de la CPI n’interdisent pas que d’autres faits soient
poursuivis par des juridictions internes même si la CPI a été saisie »,
a-t-il fait savoir ce jeudi 7 novembre face à la presse.
En outre, le procureur général bat en brèche l’argument
évoqué par les Avocats de Blé Goudé pour quitter la salle d’audience le 6
novembre dernier et annoncer leur retrait de la procédure contre leur client.
« Les Avocats de la défense soutiennent qu’ils n’ont pas reçu
copie de la pièce demandée (un arrêt de la Chambre d’accusation, ndlr) que le
mardi 5 novembre 2019 à 12h 16 et que de ce fait il ne disposait plus de
suffisamment de temps pour déposer leur mémoire avant le lendemain jour d’audience »,
a-t-il rappelé.
Puis de contester : « Nous nous inscrivons en
faux contre une telle déduction, car la pièce était à leur disposition dans le
dossier depuis le 31 octobre 2019 comme leur a notifié le greffier de la
chambre et qu’il leur était loisible de le consulter au greffe, où elle se
trouvait comme le prescrit la loi. Ils
ne l’ont pas fait. Ils ont voulu absolument qu’on leur en délivre copie. Or ce
n’est pas ce que prescrit la loi en cas d’instruction devant la chambre d’instruction.
Ce sont donc leurs tergiversations qui ont entraîné le retard qu’ils veulent
imputer au greffe ».
En ce qui concerne la nouvelle loi du 26 juin 2019 portant
nouveau code pénal, M. Lebry Marie-Leonard fait comprendre qu’elle a certes
supprimé certaines qualifications pénales mais n’a pas supprimé les faits
matériels qui sous-tendent ces qualifications et qui sont susceptibles d’autres
qualifications par la technique juridique de la requalification.
« Il n’est donc pas exact de dire que sont poursuivis des faits
qui ont été supprimés par la nouvelle loi. Si l’on prend le cas de crime contre
l’humanité, il est constitué dans ses éléments constitutifs par diverses
infractions de droit commun tels que le meurtre, la torture, le viol, l’esclavage
sexuel, la persécution », a-t-il indiqué.
Plus exactement, « les faits pour lesquels Monsieur Blé
Goudé est poursuivi devant les juridictions ivoiriennes concernent les actes de
tortures, homicides volontaires, traitement inhumain, d’atteinte à l’intégrité
physique, viol, assassinat, attentat à la pudeur commis durant les barrages d’auto
défense dans le courant de l’année 2010 et 2011 et la complicité de ces crimes
commis par lui-même ou ses partisans sur l’ensemble du territoire de la
République de Côte d’Ivoire ».
En tout état de cause, le procureur général confirme que Charles
Blé Goudé sera jugé devant le tribunal criminel.
1 Commentaires
Anonyme
En Novembre, 2019 (11:48 AM) Humm, comment comprendre que pour un même accusé, les charges ont varié comme par magie. Donc si je comprend bien, lorsque je traduit quelqu'un en justice pour une charge, lorsque après réflexion, je vois que les accusations ne me satisfont pas, je peux les changer du jour au lendemain ? Eclairez moi hô, je ne connais rien en matière de justice.Participer à la Discussion
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