Pascal Affi N’guessan, le président légalement reconnu du Front Populaire Ivoirien est très attaché à son titre de président. Pour rien au monde, il ne veut laisser ses adversaires le lui enlever de quelque manière que ce soit. Son courrier du mardi 21 à Abou Drahamane Sangaré le démontre clairement. Dans son adresse à celui qui se réclame président de l’aile dissidente du FPI (Gbagbo ou rien) qui se présente comme le vrai parti de Laurent Gbagbo, Affi N’guessan dit à Sangaré qu’il n’est pas le président du FPI comme il le fait croire et l’invite à cesser cette pratique qui n’honore pas le parti, mais qui ne fait que l’affaiblir et faire le lit au pouvoir Ouattara.
Deux ans que ça dure !
Voici plus de deux ans qu’Affi est le président légalement reconnu en Côte d’Ivoire, à l’issue du congrès de décembre 2014 qu’il a organisé. Un congrès que ses partisans qui lui reprochent d’avoir trahi la lutte ont boycotté. Depuis cette date, ces derniers ont publiquement déclaré qu’ils ne reconnaissent pas Affi comme leur président. D’ailleurs en Avril 2014, les dissidents qui se réclament ‘’Gbagbo ou Rien’’ organiseront leur congrès à Mama où ils désigneront Laurent Gbagbo président du FPI. Et confieront la présidence par intérim à Abou Dramane Sangaré. Pour ces derniers, c’est le terrain qui montrera qui est le vrai FPI.
En Côte d’Ivoire, le camp Sangaré est dit dans l’illégalité et est interdit d’activités politiques, sinon qu’elles sont réprimés. La justice a accédé aux plaintes d’Affi. Il est le seul président du FPI, il a le logo du parti et jouit du siège provisoire d’Attoban où le camp Sangaré est interdit d’accès. Affi est celui avec qui le gouvernement et les institutions discutent pour le compte du FPI. Comme Affi lui-même le signifie à Sangaré : « Tu te prévaux du titre de ‘’président’’ du FPI quand bien même personne en Côte d’Ivoire comme à l’extérieur ne te reconnaît cette qualité ».
Affi se montre ridicule
Alors, s’il est vrai que Sangaré n’a pas cette légalité, que l’Etat de Côte d’Ivoire avec ses institutions, ainsi que la communauté internationale ne lui reconnaît ce titre, pourquoi Affi se donne autant de peine à écrire un courrier pour le lui signifier, au point de se montrer ridicule ? Comme un époux qui lutte son titre devant l’amant de son épouse. Tout le monde voit et le sait que le camp Sangaré est jugé illégal. Même au niveau de la presse, il est interdit aux journalistes d’attribuer à Sangaré le titre de président du FPI. Chose que respectent les journaux qui lui sont proches en présentant l’ex-ministre comme le « président du parti de Gbagbo ».
Cette sortie d’Affi N’guessan semble montrer sa peur d’être mis en minorité, déjà qu’il n’est pas trop écouté par les militants du FPI au vu du respect des mots d’ordre lancés par les deux camps rivaux. Ceux de Sangaré ont été les plus suivis, notamment le boycott de toutes les élections sous l’ère Ouattara. Le camp Sangaré jouit auprès des pro-Gbagbo une plus grande contrairement à Affi et pour eux incarne le combat de Laurent Gbagbo pour la démocratie et la liberté. Pour preuve, « les Gbagbo ou rien » mobilise plus qu’Affi.
Le pouvoir laisse faire Sangaré
Cette peur paraît plus évidente que la sortie d’Affi N’guessan intervient au lendemain la tournée de Sangaré dans l’ouest de la Côte d’Ivoire où il a été grandement accueilli par des populations en joie. A l’ouest, Sangaré a eu droit des honneurs militaires. Cela a même été décrié par Jean Bonin, porte-parole du FPI d’Affi N’guessan. En plus de cela, le camp Sangaré a pu faire sa tournée sans heurts, sous la protection des forces de l’ordre. Ce qui est vraiment étonnant et suscite des interrogations. Le pouvoir Ouattara est-il en train de faire les yeux doux aux caciques du FPI ? Lui qui est en difficulté depuis les mutineries, la grève des fonctionnaires et le scandale de l’agrobusiness. Si c’est le cas, oui, Affi peut donc s’inquiéter de perdre le peu de privilèges que lui confère le statut de président.
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