Le samedi 8 octobre 2016, au cours de la conférence de presse que le ministre de la Justice a co-animée avec le professeur Ouraga Obou, président du comité d’experts qui a rédigé l’avant –projet de la nouvelle constitution de Côte d’Ivoire, ce dernier a traité d’«apprentis juristes» certaines personnes qui avaient critiqué la méthode utilisée par l’Exécutif pour la mise en œuvre de ce projet. Le juriste Geoffroy-Julien Kouao, analyste politique est l’une des personnes qui a dénoncé l’initiative et interpelé le pouvoir à respecter la norme en la matière.
Il est allé jusqu’à écrire un bouquin intitulé « Côte d’Ivoire, la troisième République est mal partie ». Se sent-il viser par ces propos de Ouraga Obou ? Interrogé, Geoffroy-Julien Kouao réagit et répond au président du comité des experts.
« Non, je ne suis ni visé ni concerné par ces propos. Si c'était le cas, j'en serai honoré car, vous le savez, on ne finit pas d'apprendre. Comme Socrate, je reconnais l'immensité océane de mon ignorance, c'est pourquoi, chaque jour j’essaie de m’améliorer par la lecture, les rencontres intellectuelles. Le plus important pour moi, c'est de participer à la construction intellectuelle de mon pays. Et je n'attends d'être nommé pour le faire. Depuis décembre 2015, quotidiennement, j'essaie, par mes contributions, mes conférences publiques, mes décryptages et analyses de participer, positivement à la naissance vivante et viable de la troisième république. Hormis Faustin Kouamé, je n'ai vu aucun juriste, aucun intellectuel s'investir dans cette entreprise constitutionnelle », dit-il puis d’ajouter que « le statut d'intellectuel s'acquiert sur l'espace public et non dans les bureaux ou amphithéâtres ».
«J'ai écrit un livre, connaissez-vous un autre juriste qui a écrit sur la réforme constitutionnelle pour éclairer la lanterne des Ivoiriens? On ne naît pas intellectuel, on le devient. L'intellectuel c'est un producteur d'idées, ce n'est pas un répétiteur d'amphithéâtre. Maintenant, l'heure est venue pour les débats publics contradictoires, que ceux qui pensent avoir la science infuse et qui ont fini d'apprendre viennent pour qu'on débatte publiquement », a déclaré Geoffroy-Julien Kouao. Cependant, il dédouane ces juristes «intellectuels» qui sont accusés d’être en partie responsables de crises survenues en Côte d’Ivoire.
« Les hommes politiques sont responsables de leurs actes. Seulement l'intellectuel, lorsqu'il agit ou lorsqu'il est consulté, devrait travailler avec sa science et sa conscience. Moi aussi, je suis consulté par des politiques sur des sujets relevant de ma compétence, je leur dis ce que ma science dit, un point un trait. Ils sont libres de suivre ou non mes orientations et observations. Mais je n'essaie pas de leur faire plaisir. S'il demande des éclairages, c'est parce qu'il ne sait pas. Dans tous les cas, il faut une nouvelle classe intellectuelle en Côte d'Ivoire et elle est en train de naître », a affirmé le juriste Geoffroy Julien Kouao.
César DJEDJE MEL
0 Commentaires
Participer à la Discussion
Commentez cet article