Amnistie des prisonniers politiques : faut-il féliciter Ouattara ?

Pour une surprise, elle est de taille ! Dans son discours à la nation à la veille de la fête de l’indépendance de la Côte d’Ivoire, le président de la République Alassane Ouattara a décrété l’amnistie pour 800 prisonniers politiques dont les plus importants sont Mme Simone Gbagbo, Lida Kouassi Moise, Assoa Adou et Soul To Soul. Cette décision est un grand soulagement pour les familles des prisonniers qui vont enfin bénéficier de leur chaleur.

Aussi, des voix s’élèvent-elles pour féliciter le chef de l’Etat pour cet acte humanitaire. Un acte qui selon elles, donne du contenu à la difficile réconciliation nationale.  Toutefois, pour une certaine opinion il n’y a pas lieu de féliciter Alassane Ouattara parce qu’il n’a pas agi de son propre chef.

« Je ne peux pas dire bravo au chef de l'Etat parce que ce n'est ni héroïque, ni démocratique. Son amnistie intervient après une forte pression populaire (il l'a reconnu dans son message) et sans doute que l'on notera la coïncidence avec le rapport de l'Union européenne qui a lui tout seul, vaut mille meetings de l'opposition. Bref », estime le journaliste critique André Silver Konan.

Et d’argumenter : « Je ne peux pas dire bravo pour deux raisons simples. Un : dans l'hypothèse que ces 800 prisonniers politiques (notez au passage que des gens ont déjà été condamnés dans ce pays, pour avoir employé l'expression "prisonniers politiques") étaient responsables des 3 000 morts de la crise postélectorale, où est la justice pour les morts et les victimes ? Deux : dans l'hypothèse où ces 800 personnes étaient innocentes, pourquoi les avoir maintenues en prison, durant plus de sept ans, pour certaines, sans jugement pour d'autres ? Ceux qui seront libérés dans ces conditions diront merci à Dieu, mais certainement pas bravo à Ouattara! »

En tout état de cause, cette amnistie générale va redessiner à nouveau la carte politique de la Côte d’Ivoire. Cependant, aura-t-elle une incidence positive sur la réconciliation nationale ? C’est la grande question !