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Politique

Armes trouvées à Bouaké : Lider évoque une tentative d’un coup d’Etat et veut la démission de Soro

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Après avoir dénoncé un complot, nié les faits, puis accusé Henri Konan Bedié, le clan Soro nous revient du Maroc avec une nouvelle version à propos des armes mises à la disposition des mutins de Bouaké par Koné Souleymane Kamaraté, collaborateur du président de l’Assemblée nationale.

Selon un article de Rfi publié hier, l’entourage de l’ex secrétaire général du Mpci fait désormais savoir que le stock d’armes retrouvé au domicile de son chef de protocole à Bouaké a été acheminé en Côte d’Ivoire pendant la crise post-électorale de 2010-2011. «Ce n’est pas une acquisition récente. C’est ce que nous allons prouver pour mettre fin aux spéculations concernant la préparation d’un coup d’Etat».

Cela appelle deux remarques de notre part : Premièrement, cela confirme la violation par Ouattara et Soro de l’embargo sur les armes imposé par le Conseil de sécurité en Côte d’Ivoire. Par ailleurs, si l’on suit le «raisonnement » des proches de l’auteur de «Pourquoi je suis devenu rebelle», les armes ne servaient pas à faire un coup d’Etat. A quelles fins étaient-elles donc entreposées dans un domicile particulier à Bouaké, 6 ans après l’accession au pouvoir d’Alassane Dramane Ouattara et deux ans après la fin du processus de désarmement ?

Ce revirement de la part de l’ex ministre de la défense est d’autant plus surprenant et inadmissible qu’il a d’abord nié les faits qui lui sont reprochés avec véhémence. «Les enquêteurs sont des farceurs médiocres. Il ne reste plus qu’ils nous accusent d’avoir des armes de destruction massive» avait-il écrit dans une réponse à la demande de Reuters de commenter le rapport S/2016/254 des experts indépendants de l’Onu qui avaient dénoncé les caches d’armes en sa possession en 2016. Le président de l’Assemblée nationale, dont la compétence principale est de fomenter des coups d’Etat en Côte d’Ivoire et dans les pays voisins, a donc menti grossièrement à l’opinion nationale et internationale à propos des armes qu’il détient.

Les armements mis à la disposition des mutins par son clan représente une infime partie des 300 tonnes d’armes identifiées par les experts des Nations Unies, comme LIDER le publiait en 2016. Alassane Dramane Ouattara le savait, comme nous tous. Le porte-parole du gouvernement, le ministre Bruno Koné, a confirmé, il y a quelques jours, que le président de la République est l’homme le mieux informé de Côte d’Ivoire.

Comment se fait-il alors que ces armes, qui représentent environ 30% de l’arsenal total de la Côte d’Ivoire, selon les experts onusiens, dont les lieux de stockage sont connus aussi bien des autorités ivoiriennes et que de l’Onu, n’aient pas été saisies ? Pourquoi n’a-t-on été cherché les armes là où on savait les trouver ? Soit cela se passait à l’insu de Ouattara, et donc le chef des Fafn les gardait sous la main pour pouvoir faire, le moment venu, un coup d’Etat contre M. Ouattara ou son successeur ; soit M. Ouattara fermait sciemment les yeux là-dessus, pensant pouvoir faire usage de ces armes contre ses opposants en temps opportuns ?

100 milliards de fcfa ont été distribués lors du désarmement. À qui ? Où sont les armes? Déjà à l’époque LIDER alertait sur l’incohérence entre les armes récoltées et le nombre d’ex combattants démobilisés. En février puis en mai 2017, ce sont encore 100 milliards de fcfa de fonds publics qui ont été distribués aux mutins, ces miliciens qui ont porté Ouattara au pouvoir et à qui ce dernier avait promis primes et intégration dans l’armée en cas de victoire. Ces personnes sont donc connues. Pourquoi leurs noms et matricules ne sont-ils pas rendus publics ? Sont-elles réellement au nombre de 8.400 ou s’agit-il encore une fois d’une vaste escroquerie mise en place par certaines personnes pour se constituer un trésor de guerre en vue d’échéances électorales à venir ?

Le président de l’assemblée nationale, qui affirme lui-même sur Twitter être «le seul responsable» de cette affaire, ne devrait-il pas démissionner de ses fonctions ? Au cas où il refuserait cela, les représentants du peuple ne devraient-ils pas se réunir en session extraordinaire pour voter la levée de l’immunité parlementaire du député de Ferkessedougou, afin qu’une enquête puisse avoir lieu en toute sérénité et que toute la lumière soit faite dans ce dossier ?

Mme Mindaoudou et l’Onuci, qui ont soi-disant accompagné le processus de désarmement, allant jusqu’à célébrer son effectivité, ont-ils menti ? Qu’attend l’Assemblée nationale pour mettre en place une commission d’enquête parlementaire et interrogé toutes les parties prenantes, sans exception et en sessions publiques et radiotélévisées en direct ?

Comment se fait-il qu’un individu chez lequel on a trouvé des centaines d’armes qui ont servi à tirer sur la population et à faire reculer l’armée régulière soit toujours libre de ses mouvements et même autorisé à donner des interviews aux médias étrangers, alors que le moindre opposant ou membre de la société civile qui manifeste pacifiquement est arrêté, brutalisé, emprisonné, parfois pour de longues années ?

Une chose est certaine : la crise post-électorale est loin d’être terminée en Côte d’Ivoire et la seule chose qui émerge avec certitude à l’horizon 2020 est une nouvelle vague de violence, avec pour acteurs principaux les vainqueurs d’hier et pour éternelles victimes les populations ivoiriennes.

Lider

 
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