Après deux échecs au Baccalauréat série D en 2008 et 2009, Barry Hassane arrêté sous la fausse identité de Barry Battesti, est un jeune homme de 24 ans, d’environ 1,75 m qui s’est lancé dans de petites activités commerciales.
Avant de se radicaliser, il rêvait d’immigrer en Europe à la recherche de l’Eldorado ou encore pour tenter sa chance. Comment en est-on arrivé à la radicalisation de ce jeune homme que l’un de ses enseignants et tuteur de l’époque présente comme « un fainéant, paresseux mais très poli » ?
Pour en savoir plus, nous avons joint par téléphone ce dernier, qui fut à la fois son tuteur et son enseignant dans la ville de Dabou. « Il était très poli à l’époque. Sa famille n’était pas loin de chez moi et je l’ai adopté. Il est devenu très ami à mon épouse si bien qu’elle était devenue sa confidente. J’ai été muté à Zuenoula en 2012. Et deux ans après, mon épouse m’a rejoint. Il l’a suivi et il lui disait toujours qu’il voulait aller en Europe », a-t-il confié.
En 2014, il va tenter sa chance…
Poursuivant, il a souligné qu’à chaque fois que Barry Hassane avait une information sur l’arrivée d’un «binguiste» un jeune vivant en Europe, il se collait à ce dernier et se renseignait sur la vie en Europe. Et les voies et moyens pour s’y rendre.
C’est ainsi qu’en septembre 2014, après un mois passé avec ce couple à Zuenoula, il décide de tenter sa chance en passant par l’Algérie. Bien avant, il a effectué des voyages notamment à Daloa où il avait une de ses sœurs, ensuite dans son village au Burkina avant de revenir en Côte d’Ivoire mais à Faya à Cocody.
« Je ne comprends pas comment il a pu croiser ces terroristes »
«Quelques temps après, il nous avait contacté pour nous dire qu’il était à la frontière Algérienne. Mon épouse l’avait supplié de ne pas prendre de bateau. Il nous avait joint par la suite pour nous dire qu’il était de retour mais à Dabou. C’était courant juin-juillet 2015. Après ce coup de fil, nous n’avons plus eu de nouvelles de lui jusqu’ à ce que j’apprenne qu’il a été arrêté ». Cet enseignement se dit très surpris car « il était certes très respectueux, très calme, un peu fainéant à la maison, mais n’était pas musulman et je ne comprends pas comment il a pu croiser ces terroristes »
Retour à Dabou au volant d’une Toyota Land Cruiser avec « 4 vieux pères »
Un de ces amis qui nous sert de guide pense en savoir un peu plus sur son aventure. « C’est au cours de son parcours entre le Niger et l’Algérie qu’il a fait de nouvelles connaissances, dit-il avec assurance. « Après plus d’un an d’absence, il est arrivé à Dabou avec quatre autres personnes et était au volant d’une Toyota Land Cruiser, essence, couleur or avec à bords quatre autres personnes qu’il présentait comme étant ces « vieux pères avec qui il fait des affaires ».
Ils les avaient logés à l’hôtel Akparo courant février et Barry Hassane était très mobile à cette époque. « C'est lui qui les a effectivement conduits à Bassam car un de nos amis nous avait dit l’avoir vu à Grande Bassam quelques jours avant l’attaque terroriste », se rappelle-t-il. Avant de révéler: « L’un de nos ‘‘vieux pères’’ (Ndlr: des aînés) à Dabou qui étaient au courant des mouvements de Barry Hassane a pris la fuite dès qu’il a appris l’arrestation de ce celui-ci ».
De sources sécuritaires ce dernier serait effectivement recherché car susceptible d’avoir participé à l’attentat. Et détiendrait des informations sur ce vaste réseau qui a endeuillé la Côte d’Ivoire.
A l’hôtel Akparo, les souvenirs sont vagues mais l’un des gérants, nous confie que quatre personnes de types sahéliens y ont bel et bien séjournées courant février et sortaient régulièrement avec un chauffeur à bord d’un véhicule de type 4X4 couleur or. « Ils n’avaient aucun signe qui pouvait attirer des soupçons », avoue sous le couvert de l’anonymat un employé de l’hôtel.
Au domicile familial, rencontre avec la mère de Hassane Barry
Après l’hôtel, nous nous rendons au domicile familial de Hassane Barry. Nous trouvons sa mère en train de procéder à la construction d’un hangar. Très vite elle reconnait le fils de son voisin et une conversation s’engage. Les sujets sur le passé commun de ces deux familles sont évoqués lorsque notre contact demande des nouvelles des enfants de cette dernière.
« Ils sont tous là et se portent bien à part que l’une d’entre elle (Khady) est décédée récemment à l’accouchement à Daloa. J’ai sept enfants dont 4 filles et 3 garçons. Toutes mes filles sont mariées », a-t-elle dit. Concernant les nouvelles sur ses garçons, elle reste un peu vague, disant tout simplement qu’ils se portent tous bien. Et que chacun se débrouille à son niveau.
Cette réponse nous fait penser qu’elle ignore certainement les activités de ce dernier et peut-être même qu’il a été mis aux arrêts. La joie de cette femme est si grande quand elle parle de ses enfants que nous évitons de prononcer le nom de son fils Barry Hassane. « Cela fait plus de 40 ans que nous sommes à Dabou. Mon mari s’en est allé il y a près de 20 ans. Dabou c’est désormais chez moi et je ne peux aller nulle part ailleurs », indique cette vieille qui se sent bien dans cette ville.
1 Commentaires
Anonyme
En Mai, 2016 (13:40 PM)Participer à la Discussion
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