Sur France 24, dimanche 22 juillet 2018, le président de l’Assemblée nationale de Côte d’Ivoire, Guillaume Kigbafori Soro, n’a pas caché sa disposition à se présenter à l’élection présidentielle de 2020. Devant la face du monde, il a montré que le moment semble favorable.
« … j’ai toujours évité de répondre à cette question, parce que je ne voulais pas ouvrir une compétition précipitée et anticipée sur 2020. Mais après cette déclaration du président de la République, je pense que je vais y réfléchir. Ceci dit, je n’imagine pas engager cette réflexion sans en parler d’abord et principalement avec le Président Ouattara et ensuite avec le président Bédié ainsi qu’avec bien d’autres personnes », répondait Soro Guillaume à Alain Foka de RFI sur sa probable candidature en 2020.
Quelques mois en arrière, le président de l’Assemblée nationale aurait tenu un tel discours que tout le pays, plus particulièrement le camp Ouattara, serait en branle. Les simples soupçons sur une prétendue volonté de Soro de succéder à Ouattara avaient provoqué l’ire des très proches du chef de l’Etat. Selon certains observateurs, ce désir de Soro de se positionner pour l’après Ouattara est à la base des difficultés qu’il a connues ces dernières années. Ecoute téléphonique, arrestation manquée en France auxquelles viennent s’ajouter les accusations de coup d’Etat contre Ouattara après les mutineries de début 2017. Toutes choses qui ont fini par provoquer diviser Ouattara et Soro et durcir leurs relations. Les deux hommes ne s’adresseraient plus la parole, selon certains médias.
L’on a observé la guéguerre de chiffonniers entre Soro Guillaume et Hamed Bakayoko, prétendu poulain de Ouattara pour sa succession, puis Soro vs Gon Coulibaly, et finalement Soro vs Ouattara. En fait Soro vs le clan Ouattara. Même si aujourd’hui, la tension est tombée, cette guéguerre est visiblement loin d’être terminée. Par personnes interposées, les uns et les autres s’envoie des piques. Ce n’est pas fortuit quand Guillaume Soro déclare : « j’ai toujours évité de répondre à cette question, parce que je ne voulais pas ouvrir une compétition précipitée et anticipée sur 2020. »
Et pourtant Soro a osé dire qu’il pourrait se présenter en 2020, qu’il y réfléchirait. Mais contre toute attente, il n’y a eu aucune réaction de mécontentement au niveau du RDR. Personne n’a levé la voix pour contester ou contrarier le président de l’Assemblée nationale. C’est comme si on ne l’avait pas entendu. Cette aisance de Soro mais aussi le silence au RDR soulèvent des interrogations.
Est-ce parce que le président de l’Assemblée nationale a obtenu les garanties du président de la république, qui avait affirmé qu’il passerait la main en 2020 aux jeunes, qu’lil a pu tenir un tel discours? Ce paraît plus plausible, si l’on s’en tient à cette autre réponse de Soro lors de l’interview. Cette posture du Président Ouattara, je la connaissais depuis. Naturellement, le Président Ouattara m’en avait parlé. C’est pourquoi quand il y a eu les folles rumeurs sur le troisième mandat, je n’étais pas perturbé, parce que je savais. Et je peux vous le dire, j’ai eu des entretiens importants et intenses avec lui. Je savais que le Présidant de la République a toujours eu la posture et la volonté de passer le mandat en 2020 à une nouvelle génération ».
Cependant, le silence du RDR peut être perçu comme un désintérêt aux propos de Soro, une d’indifférence pour ne pas lui donner trop d’importance, ou pour ne pas se brouiller avec lui. Mais cette attitude apparemment consentante de Ouattara et du RDR peut paraître aussi comme un jeu pour tiédir les relations entre Soro et Bédié, afin de ramener Soro à la « maison ». Soro et le président du PDCI se sont beaucoup rapprochés ces derniers temps, depuis que le premier cité avait maille à partir avec Ouattara et le RDR. L'on sentait les deux hommes complices. Même quand Soro avait été accusé de fomenter un coup d'Etat contre Ouatatra, Bédié l'a défendu.
Mais cette attitude câline du RDR peut-être, pourquoi pas, un moyen pour endormir un temps soit peu Soro afin de l’assommer au dernier moment, comme c’est le cas pour Bédié et le PDCI actuellement.
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