Alassane Ouattara a la rancune tenace. Cela ne fait plus l’ombre d’un doute. Le chef de l’Etat vient de donner une interview qui en dit long sur la rancœur qu’il garde contre tous ceux qui ont manifesté contre son 3e mandat en 2020. Alors que le processus de paix et de dialogue national patine, et que des signaux sont attendus du côté de l’exécutif pour le booster, Alassane Ouattara s’engage dans une voie qui risque d’alourdir encore le climat politique délétère.
« Ces personnes [l’opposition] savaient pertinemment que j’étais éligible à un nouveau mandat et que j’avais initialement décidé de me retirer. Cette malhonnêteté intellectuelle m’a profondément déçu. Comment de hauts responsables, dont certains ont géré la Côte d’Ivoire, peuvent-ils décider d’organiser le boycott des élections et appeler à des actions qui ont conduit à des violences et à des morts ? Une commission d’enquête a été mise en place. Les résultats seront rendus publics et des sanctions seront prises« , prévient Alassane Ouattara, sans citer Bédié.
En plus de Bédié, on pourrait ajouter Laurent Gbagbo qui a aussi dirigé la Côte d’Ivoire et qui était d’accord avec ceux qui luttaient contre la candidature controversée d’Alassane Ouattara en octobre 2020. A côté de ces deux grands leaders, il faut adjoindre tous les leaders de l’opposition qui ont dit non au 3e mandat. Dans le propos de Ouattara, les choses sont claires: lui avait raison et toute l’opposition avait tort. Il ne se sent donc pas responsable des morts.
En rejetant ainsi la responsabilité des violences sur les autres, Ouattara se dédouane et relance le sempiternel débat sur la légalité de sa 3e mandature. Pire, il annonce des « sanctions » contre des leaders importants de l’opposition au moment où tout le monde semble disposé au dialogue. Pourquoi Ouattara prend-il le risque de réveiller les vieux démons ? Où pourrait conduire cette énième attitude bravache du chef de l’Etat ? Cette option envisagée peut liguer et rassembler l’opposition contre lui dans un ultime combat des chefs. Il faut en tenir compte et sortir de la logique du tout autoritaire. La Côte d’Ivoire peut faire l’économie d’une autre déflagration.
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