Dans un communiqué dont nous avons reçu copie, vendredi 28 juillet 2017, l’Association des Femmes et Familles des Détenus d’Opinion (AFFDO-CI) peint un triste tableau de la situation des détenus d’opinion en Côte d’Ivoire.
Communiqué relatif à la détention arbitraire de personnes détenues pour leurs opinions en Côte d’ Ivoire
L’Association des Femmes et Familles des Détenus d’Opinion (AFFDO-CI) informe l’opinion nationale et internationale, les organisations nationales et internationales de défense des droits de l’Homme et les défenseurs des libertés et droits fondamentaux du monde entier qu’en Côte d’Ivoire, des personnes sont arbitrairement détenues dans des prisons et des lieux non conventionnels.
L’Affdo-Ci qui œuvre pour l’Etat de droit, souhaite simplement que soient observées les dispositions élémentaires en la matière dont leur libération.
Depuis le 11 avril 2011, des centaines d’Ivoiriens, des anonymes et d’illustres personnalités qui ont servi ce pays, croupissent en prison pour leurs opinions politiques. Dans la plupart des cas, ils sont détenus dans des conditions dégradantes sans avoir rencontré un juge.
Disséminés dans 12 des prisons du pays, ils sont souvent privés des visites de leurs proches et vivent l’enfer de l’isolement et des changements abusifs des prisons sans que les avocats ou la famille aient été informé.
Outre ce cas nous nous permettons d’informer de la réalité du nombre de prisonniers politiques et leur répartition. Ce sont 306 ivoiriens qui croupissent dans les geôles. En voici la répartition :
1- 185 PERSONNES SONT DETENUES A LA MACA
2- 71 PERSONNES SONT DETENUES A LA DST
3- 10 PERSONNES SONT DETENUES A LA MAMA
4- 03 PERSONNES SONT DETENUES A L’ECOLE DE GENDARMERIE
5- 08 PERSONNES SONT DETENUES AU CAMP PENAL DE BOUAKE
6- 05 PERSONNES SONT DETENUES A LA PRISON DE BOUNA
7- 03 PERSONNES SONT DETENUES A LA PRISON BOUNDIALI
8- 05 PERSONNES SONT DETENUES A LA PRISON TOUMODI
9- 02 PERSONNES SONT DETNUES A LA PRISON DABOU
10- 02 PERSONNES SONT DETENUES A LA PRISON MAN
11- 06 PERSONNES SONT DETENUES A LA PRISON KATIOLA
12- 06 PERSONNES SONT DETENUES A LA PRISON DIMBOKRO
Hormis cela, 08 de nos parents subissent le martyr au Liberia et 11 ivoiriens autrefois détenus à la MACA et enlevés nuitamment sont aujourd’hui introuvables.
Nous informons également que des personnes sont torturées de jours comme de nuits à la DST avant d’être déféré dans une prison légale. Nous interpellons toutes les organisations de défense des droits de l’homme en particulier Amnesthy International afin qu’une enquête soit menée de toute urgence.
Nous portons à la connaissance de tous que l’Etat ivoirien refuse de prendre en charge les soins de santé des détenus malades et ceux-ci perdent souvent la vie par manque de soins. Les derniers en date sont : Kouatchi Assi Jean décédé le 20 MAI 2017 et de TONDE BONFILS décédé le 19 JUIN 2017 ;
Le détenu Sery Daleba détenu à la Maison d’Arrêt Militaire d’Abidjan (MAMA) est interné depuis 05 Avril 2016 au chu de Treichville et les soins de santé sont à la charge des personnes de bonne volonté et de L’AFFDO-CI. Il souffre d’un cancer au niveau cerveau.
C’est le lieu d’informer que la longue détention arbitraire a causé des troubles mentaux à des détenus dont Damohoué Hassane aujourd’hui interné à l’hôpital Psychiatrique de Bingerville et malgré son état de santé, le régime refuse de le libérer.
L’on est en droit de s’interroger sur les motivations réelles de ces actes de torture.
L’Association des familles et femmes des détenus d’opinion de Côte d’Ivoire (Affdo-Ci) dénoncent la répression, l’emprisonnement abusif et les arrestations arbitraires qui ont repris de plus belles en Côte d’Ivoire.
Aussi l’AFFDOCI exige-t-elle la libération pure et simple de tous les détenus. L’AFFDO-CI affirme que les mises en liberté se font à compte-goutte, comme dont les derniers bénéficiaires sont :
- Mr Hubert Oulaye
- Mme Meho Antoinette
- Mr Simon Ehivet Gbagbo
- Mr Guehi Nahi
- Mr Dogba Abale
- Mr Gnamia Gode Joseph
- Mr Gnamien Opa Pierre
Ne saurait cacher la réalité carcérale de plus de 200 personnes encore dans geôles du régime.
A titre illustratif l’AFFDO-CI est en droit de s’interroger sur les vrais motifs de la condamnation des militaires suivants : Dogbo Blé Brunot, Aby Jean, Ohoukou Mody, Osee Loguey et du civil Bleka Joel lors du Procès des Assassinats du NOVOTEL malgré l’aveu publique de Mr Yoro Tape Max déclarant être membre du commando ayant commis cet assassinat.
La seconde illustration est la condamnation à 4 ans d’emprisonnement ferme du Ministre Assoa Adou pour Trouble à l’ordre public alors qu’il a déjà passé deux ans et demi en prison. Plus grave est que dans les chefs d’inculpation dont il faisait l’objet, il n’est nullement question d’un délit de trouble à l’ordre public.
La troisième illustration concerne les détenus Koua Justin et Dahi Nestor respectivement arrêtes depuis Mai 2015 et septembre 2015 qui viennent s’être condamnés à deux ans de prisons ferme après un séjour carcéral de
La quatrième illustration est le cas du Ministre Lida Kouassi Moise arrêté depuis 2014 et actuellement incarcéré sans jugement.
L'AFFDO-CI trouve l'occasion appropriée pour relever que la déclaration du Chef de l'Etat, faite à l'occasion du nouvel an le 31 décembre 2015, et portant promesse de libération de 3100 détenus, par voie de grâce présidentielle, n'a connu aucune matérialisation dans les faits.
La libération provisoire, annoncée le 11 mars 2016 par le parquet, au profit de 70 autres détenus, n'est restée qu'au simple stade d'annonce.
Par ailleurs, l'AFFDO-CI informe que DOUYOU NICAISE alias SAMBA DAVID arrêté pour trouble à l’ordre public depuis Septembre 2015 est toujours en détention et son délit a subitement changé quant il épuisé la peine à lui infliger. Tout comme Mr Mohamed Jichi alias Sam l’Africain !
Du point de vue de la répartition des dossiers de détenus d'opinion dans les juridictions, l'AFFDO-CI relève que sur les détenus,
- 35 personnes ont leur dossier à la chambre d’accusation
- 08 personnes ont leur dossier au tribunal correctionnel
- 36 personnes ont leur dossier à la cour de cassation
- 05 personnes ont leur dossier au tribunal militaire
- 53 personnes ont été condamnées lors des procès en assise et à défaut
- 48 personnes ont leur dossier au 8e cabinet
- 15 personnes ont leur dossier au 9e cabinet
- 38 personnes ont leur dossier au 10e cabinet
- 01 personne a son dossier au 4e cabinet
- 02 personnes ont leurs dossiers au 7e cabinet
- 71 personnes sont
- torturées de jours comme de nuits à la DST
L’AFFDO-CI note à ce jour malheureusement que 53 personnes, poursuivies pour délit d'opinion, ont été traduites devant la Cour d'assises et condamnées à des peines de 10ans et plus comme c’est le cas ZIZA JEAN LOUIS, LES FRERES ZOKOU, KAKOU BI MOISE pour ne citer que ceux-là. Tous sont emprisonnés à la Maison d’Arrêt et de Correction d’Abidjan (MACA).
L’AFFDO-CI tient à souligner que même les personnes qui dénoncent ces violations des droits de l’homme subissent très souvent elles-mêmes des intimidations comme c’est le cas de Mr Michel Gbagbo qui a été interpellé par la justice ivoirienne le 26 MAI 2016 pour avoir dénoncé la disparation de plusieurs détenus et s’être inquiété du déni prononcé par le chef de l’Etat sur l’existence de prisonniers politiques en Côte d’ivoire. A cet effet, son procès est prévu en octobre 2017.
Au regard de ce qui précède, l’AFFDO-CI :
- Demande la libération des personnes détenues arbitrairement pour leurs opinions ou supposés. Qu’elles soient civiles, militaires, politiques, condamnés et anonymes sans jugement!
- exhorte le gouvernement, en particulier le chef de l’Etat, à favoriser une justice équitable et respectueuse des droits de l’homme
- Invite les autorités judiciaires à faire avancer les procédures concernant tous les détenus d’opinion, le cas échéant à leur accorder la liberté provisoire qui fait partie de leur droit
- Demande au chef de l’Etat, d’examiner particulièrement le cas de l’ex-Première dame Simone Gbagbo afin qu’elle recouvre la liberté pour bénéficier de soins médicaux adéquats au regard de sa santé qui se dégrade au fil des jours.
- Invite le Ministère de la Justice à respecter le droit à la santé de tous les détenus.
- Invite les organisations des Droits de l’homme à mener des investigations plus poussées sur les cas de violations des droits des détenus d’opinion et d’en publier les résultats.
- Encourage les détenus à tenir bon pour leurs enfants et leurs familles respectives…. Qu’ils sachent que toutes les organisations de défense des droits de l’Homme se battent afin qu’ils recouvrent la liberté et l’AFFDO-CI demeurera constamment à leurs côtés et aux côtés de leurs familles.
Enfin, l’AFFDO-CI dit aux autorités ivoiriennes :
« POUR LA DIGNITE HUMAINE, LIBEREZ NOS PARENTS » Nous vous en supplions.
Fait à Abidjan, le 28 JUILLET 2017
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