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Politique

CPI- Procès Gbagbo Laurent : La retranscription de l'audition du témoin P 369

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CPI- Procès Gbagbo Laurent : La retranscription de l'audition du témoin P 369

Le juge-président : Nous allons commencer, je pense que nous allons commencer, bonjour monsieur le témoin. Tout d’abord, je souhaite procéder à votre identification Mathieu Franck ….( P369) le 5 janvier 1984, au Etats-Unis c’est bien cela ?

Le témoinOui.

Le juge-président: Quel est votre profession s’il vous plait ?

Le témoin: Je suis en chercheur en droit de l’homme.

Le juge-président: Depuis combien de temps faites-vous ce métier ?

Le témoin: Depuis 7 ans.

Le juge-président: Où exercez- vous principalement ?

Le témoin: Soudan du Sud.

Le juge-président: Et avant ?

Le témoin : Côte d’Ivoire.

Le juge-président: A quel période, vous avez travaillé en Côte d’Ivoire ?

Le témoin : De 2009 à 2014

Le juge- président : Vous savez que cette Chambre a été mise en place pour juger, monsieur Laurent Gbagbo et monsieur Charles Blé Goudé, qui ont été mis en accusation par le procureur de la Cour pénal international. Vous êtes ici pour nous aider à la manifestation de la vérité. On va vous poser des questions tout d’abord le bureau du procureur ensuite les deux défenses. Si à un moment ou un autre, vous avez un problème, faites le moi savoir. Ou dite moi ce qui vous inquiète et on trouvera une solution. En tant que témoin, vous êtes tenus de dire la vérité et je vous demande de procéder à l’engagement solennel et répétez après moi, je déclare solennellement que je dirai la vérité rien que la vérité.

 Le témoin : Je déclare solennellement que je dirai la vérité rien que la vérité

Le juge-président : Vous savez que faire un faux témoignage devant la Cour est un délit. Avant de donner la parole au bureau du procureur, j’ai quelques consignes à vous donner. Je vous recommande de parler lentement car il y a l’interprétation qui est faite. Parlez moins vite et ménagez une pause avant chaque réponse. Je donne la parole à madame Park qui représente le bureau du procureur. 

L’accusation : Bonjour monsieur le témoin, je suis madame Park, on s’est rencontré hier, lors de la visite de courtoisie. Et je vais vous poser des questions aujourd’hui, pour le compte de l’accusation. Vous venez de nous dire que vous êtes un chercheur et que vous avez été chercheur en Côte d’Ivoire entre 2009 et 2014. Pour quelle organisation travaillez-vous ?

Le témoin : Human rights watch.

A quel moment, avez-vous été employé par Human rights watch ?

Le témoin: De 2009 à  2014.

L’accusation : Qui était votre superviseur?

 Le témoin : Conte Douka

 L’accusation : Qui est Conte Douka ?

Le témoin : C’était elle, la chercheuse en chef pour l’Afrique de l’Ouest

L’accusation : Quel était votre travail en tant que chercheur en Afrique de l’Ouest

Le témoin : Faire des recherches sur les violations des droits de l’homme et faire des recherches plus principalement sur le terrain, rassembler les documents.

L’accusation : C’était seulement en Côte d’Ivoire ou ailleurs ou dans d’autres régions ?

Le témoin : Pour moi, personnellement c’était en Côte d’Ivoire et au Sénégal.

L’accusation : Nous allons parler de vous, pouvez nous dire ce que vous avez fait à l’université ?

 Le témoin : J’ai été à l’université de Wise ou j’ai fait de la psychologie,  ensuite j’ai fait la faculté de droit de Harvard.

La défense : Monsieur le juge-président, je vois sur les écrans que la retranscription il y a une rapidité des interventions entre le témoin et l’accusation, ne permet pas de consigner les débats. Il est important que nous puissions suivre les débats en Français.

Le juge-président : Je vous demande madame Park de ralentir, d’avoir une pause entre les questions et les réponses.

L’accusation : Avant que vous travaillez pour Human rights watch, dite nous ce que vous faisiez ? Est-ce que vous avez travaillé dans la région avant 2009, dans la région de l’Afrique ?

Le témoin : Oui, parce que j’étais à la faculté de droit de Harvard, par le biais du programme de recherche d’Harvard, j’ai fait des recherches en Sierra Leone, des recherches sur le terrain sur les enfants qui travaillaient dans les mines en Sierra Leone. Il y a un rapport que j’ai signé avec quelqu’un d’autres. Ensuite, j’ai travaillé pour une organisation des droits de l’homme au Libéria et d’autres travaux au Libéria en matière d’éducation des droits de l’homme.

L’accusation : Avez-vous reçu une formation quelconque, parce que vous étiez à Human rights watch ?

Le témoin : Oui, j’ai déjà été formé à la faculté d’Harvard par leur programme sur les droits de l’homme, donc la méthodologie qui est appliquée à Harvard est la même que celle de Human rights watch. Je l’ai donc appliquée. De toute les façons à Huma, rights watch on suit une formation sur comment interroger les victimes. Et lors de votre première recherche sur le terrain, vous êtes toujours accompagnés d’une personne qui a plus d’ancienneté que vous et qui vous permet d’affiner vos compétences en matière d’interview.

L’accusation : Avez-vous été formé sur une catégorie de victimes ?

Le témoin : Oui, nous avons été formés précisément sur l’interview des victimes d’abus sexuels, des victimes vulnérables. On est formé aussi aux interviews avec interprètes. Par exemple, on fait des scénarios et des études de cas avec interprètes, des victimes, et des témoins. Nous avons reçu une formation sur l’identification des armes, lorsque nous allons être déployés sur une zone de conflits ou de potentiels conflits.

L’accusation : Vous avez parlé de votre première enquête sur le terrain, c’était quand ?

Le témoin : En d’octobre 2009, en Guinée Conakry, ensuite au massacre qu’il y a eu lors de la manifestation du 26 septembre 2009 en Guinée. Je suis allé avec le chef de la délégation de l’Afrique de l’Ouest et aussi avec le chef de la division d’urgence de Human rights watch, pour enquêter et pour savoir ce qui s’est passé lors de ces événements en Guinée.

L’accusation : Je vais vous poser des questions sur l’organisation de Human rigths watch en Côte d’Ivoire. Vous savez depuis combien de temps Human rights watch travaille sur ce pays ?

Le témoin : Je crois que le premier rapport sur ce pays est de 2000, avec la violence postélectorale. Human rights watch travaille de façon permanente dans ce pays depuis 2000. Avec beaucoup de rapports rédigés de 2000 et 2003. La période 2003-2004, où on était dans une situation de ni paix ne guerre et la période des élections qui a suivi, c’est à dire 2010.

L’accusation : Pouvez-nous donner le nom des rapports essentiels écrits, par Human rigths watch dans cette période?

Le témoin : Oui, tout d’abord le rapport de 2008 qui se penchaient sur la Fesci et les mouvements étudiants, donc la meilleure école c’est le titre du rapport. Parce que c’est cette fédération des étudiants était perçue comme soutenant monsieur Gbagbo. Ensuite de 2002 à 2003, il y a eu un autre rapport sur le côté occidental du pays, les abus émis par les forces gouvernementales et les forces de l’opposition.

L’accusation : Sur quoi se fondait Human rights watch pour produire des rapports en Côte d’Ivoire ?

Le témoin : Et bien, toujours des recherches sur le terrain, en faisant des interviews aux victimes, aux témoins qui ont assisté ou subi les événements. Ensuite mettre en corroboration les différents témoignages, lors d’un événement afin de voir s’ils sont étayés et fondés. Ensuite si c’est possible aller visiter les scènes où les faits qui se sont passés. Afin de voir de nos propres yeux pour pouvoir corroborer avec les propos des victimes et des témoins, avec ce que nous avons vu nous même.

L’accusation : Dans ces enquetes sur le terrain, est ce que vous vous intéressez à un camp ou un parti ? Sur quoi vous concentrez vos efforts ?

Le témoin : Human rights watch travaille toujours en toute impartialité, notre maitre mot est l’objectivité. Donc lorsqu’on étudie une situation quelconque, de violations des droits de l’homme, quelque soit l’auteur, nous suivons toutes les pistes. Mais sans s’occuper de qui est l’auteur.

L’accusation : Et les rapports de Human rights watch en Côte d’Ivoire, quels étaient leurs objectifs d’une manière générale ?

Le témoin : Dans un premier temps, il s’agit de donner une voix aux victimes des violations des droits de l’homme. Afin de déterminer, lors d’une scène ce qui s’est passé ou sur le lieu de l’incident, ou en parlant à des personnes qui ont vécu ces incidents. Donc en donnant, une voix à ces victimes, elles parlent de leur vécu. Dans un deuxième temps, nous nous s’en servons pour faire de la promotion des droits de l’homme. Car, nous sommes une organisation qui fait de la promotion des droits de l’homme. Donc nous travaillons, afin de réduire les violations des droits de l’homme qui sont commises sur le terrain.

L’accusation : A quels rapports en Côte d’Ivoire, avez-vous collaboré ?

Le témoin : Le premier rapport sur lequel j’ai travaillé, et que j’ai rédigé s’appelle terroriser et abandonner et il a été publié en 2010. Juste avant les élections, nous nous sommes penchés sur l’Ouest de la Côte d’Ivoire. Notamment dans la zone contrôlée par le gouvernement, et une autre zone contrôlée de facto par les forces nouvelles. Donc nous nous sommes penchés sur la criminalité, sur la violation de la loi, sur des actes extorsions commis dans la partie Ouest de la Côte d’Ivoire. Ainsi que la réponse du gouvernement pour mettre fin à ces abus. Le deuxième rapport portait sur les violations postélectorales intitulé, ils les ont tué comme si de rien n’était. Dans ce rapport, nous nous sommes penchés sur les événements de novembre 2010 à mai 2011. Après cela j’ai rédigé un rapport, je crois qu’il a été publié en octobre 2011. Dans lequel, je me suis penché sur la répression, essentiellement des partisans de monsieur Laurent Gbagbo par les forces pro-Ouattara, à la suite des attaques des installations militaires sur Abidjan. Donc il y a eu des violations commises par les forces pro-Ouattara sur les partisans de monsieur Laurent Gbagbo à Abidjan et la réponse à ces menaces sécuritaires. De plus, j’ai participé à l’élaboration d’un rapport dont j’ai fait des recherches. Et j’ai rédigé ce rapport avec un membre de justice internationale, pour déterminer ce qui s’est passé en Côte d’Ivoire s’agissant des crimes lors de la crise postélectorale et le rapport a été publié en avril 2013. De plus, j’ai rédigé un rapport sur le conflit foncier en Côte d’Ivoire qui a été publié en 2013. Ce rapport portait essentiellement sur la vente illégale ou l’appropriation des terres dans l’Ouest de la Côte d’Ivoire. Les sympathisants de Laurent Gbagb avaient pris la fuite et s’étaient réfugiés au Libéria. Et pendant qu’il était au Libéria, leurs terres avaient été prises illégalement et revendues. Et ils n’avaient plus eu accès à leurs terres.

L’accusation : Est-ce que Human rights watch a publié autre chose que ces rapports dont vous venez de parler?

Le témoin : Oui pendant la crise, étant donné qu’il s’agissait d’une situation d’urgence, peu de temps après avoir réalisé une mission sur le terrain, nous avons publié des communiqués de presse. Nous les appelons des mini-rapports qui fournissent des constatations, sur ce qui a été identifié sur le terrain après la crise. Il était important de diffuser ces informations le plutôt possible. En outre, en dehors de la crise, j’ai publié au moins une dizaine de communiqués de presse, ainsi que d’autres articles sur la Côte d’Ivoire, pendant que je travaillais pour Human rights watch.

L’accusation : Je souhaite vous montrer à l’écran qui est devant vous, un document.

La défense : Quel est le numéro sur votre liste de preuve ?

L’accusation : Il s’agit du numéro 35.

Vidéo...

L’accusation : Vous avez parlé de communiqués de presse et de d’autres documents qui ont été  publié par Human rights watch, concernant la crise postélectorale. Est ce que sur cette liste que vous voyez, tous les documents que vous venez d’évoquer y figurent ?

Le témoin : Il me semble qu’elle comprend tout ce qui a été publié, de décembre à avril 2011. Nous avons publié d’autres documents après cette période par exemple lorsque j’ai pris part à une mission vers la mi-mai 2011. Il s’agissait de la dernière bataille sur Abidjan dont nous avons donc publié un communiqué de 10 à 15 pages. Pour ce sujet je ne le vois pas sur cette liste, mais il s’agit des documents publiés jusqu’en avril 2011.

L’accusation : Vous parlez de communiqués de presse, ils étaient préparés sur quelle base ?  

Le témoin : Tout dépend de la nature du communiqué de presse, certains étaient publiés en réponse ou en réaction à des événements d’actualité. C’était en réaction à des événements d’actualité. Mais la plupart de ces communiqués de presse étaient fondés sur des recherches que nous avons réalisées auprès des victimes qui nous ont parlé des événements spécifiques en Côte d’Ivoire, ou lorsque j’auditionnais des réfugiés le long de la frontière au Libéria.

L’accusation : A présent je voudrais parler de votre rapport intitulé, ils les ont tué comme si de rien n’était. Ce rapport a été préparé sur quelle base ?

Le témoin : Le rapport se fonde sur six missions en Côte d’Ivoire, se rapportant à la violence postélectorale. Il se fonde sur des travaux réalisés sur le terrain en Côte d’Ivoire, en auditionnant des victimes et des témoins spécifiques. Nous avons commencé par une mission en janvier à Abidjan, jusqu’en juillet 2011.

L’accusation : Vous avez parlé de six missions, serais t-il possible de nous rappeler toutes ces missions ? Est ce que vous pouvez nous donner des dates approximatives de ces missions ?

La seule à laquelle je n’ai pas pris part, c’est une mission qui a eu lieu en fin décembre 2010 et qui a été entreprise par un chercheur d’urgence qui s’est rendu le long de le frontiére entre la Coote d’Ivoire et le Libéria. Notamment de l’autre côté de la frontière de Danané. Une région qui était essentiellement contrôlée par le forces nouvelles et ma collègue s’est chargée de travailler sur les violences commises par les forces pro-Ouattara. La deuxième a eu lieu à Abidjan en janvier et a duré 10 jours.

L’accusation : Qui vous a accompagné pour cette mission ?

Le témoin : Je suis allé avec notre chercheur chargé de l’Afrique de l’Ouest.

L’accusation : Et quelle a été la mission suivante à laquelle vous avez participé ?

Le témoin : La troisième a eu lieu début mars, elle a duré 10 jours. Et j’étais accompagné par notre chercheur en chef de l’Afrique de l’Ouest et nous sommes restés du 3 au 12 mars. La quatrième mission était à la frontière du Libéria, les forces républicaines avaient commencé leur offensive militaire, dans la partie Ouest de la Côte d’Ivoire. Les populations fuyaient à cause de ce qui se passait en Côte d’Ivoire. Nous avons donc auditionné des réfugiés et j’ai été rejoint par deux autres chercheurs. La cinquième mission était entre du 15 mai au 25 mai, j’y suis allé seul à Abidjan et je me suis focalisé sur la bataille d’Abidjan, ainsi des violations commises par les forces républicaines au lendemain de l’arrestation de  monsieur Laurent Gbagbo. Enfin la sixième et dernière mission concerne le conflit survenu vers fin juillet 2011, et mes recherches ont porté sur des événements  à Abobo. 

L’accusation : Comment vos missions étaient préparées sur Abidjan ?

Le témoin : En général, nous essayons d’intervenir le plutôt possible. Avant l’escalade des violences, nous essayons d’intervenir le plutôt possible et nous avons essayé d’intervenir vite avec l’émergence du commando invisible à Abobo.

 

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