Depuis la procédure engagée par la Cour Pénale Internationale (CPI) contre Laurent Gbagbo en 2011, des voix se sont plusieurs fois levées pour dénoncer une justice partiale et partisane à l’encontre du seul camp de l’ex-président ivoirien, vu que deux autres parmi ses proches, en l’occurrence Blé Goudé et Simone Gbagbo, étaient poursuivis par le procureur.
Ces voix avaient souhaité des poursuites contre des proches de Ouattara, étant donné que Laurent Gbagbo était poursuivi comme « co-auteur » des crimes commis lors de la crise post-électorale pour lesquels ils étaient poursuivis.
Interpellés plusieurs fois sur la question, Fatou Bensouda, le procureur de la CPI, et le porte-parole de la CPI, Fadi El Abdallah, ont affirmé et réaffirmé que les enquêtes continuent et que tous les auteurs de crimes en Côte d’Ivoire sur la période alléguée seront poursuivis.
Le 25 avril 2018, Fadi Abdallah répondait en ces termes à un courriel que nous lui avons adressé. « Les enquêtes du Bureau du Procureur de la Cour pénale internationale en Côte d’Ivoire se poursuivent et comme l’a souvent rappelé le Procureur de la Cour Mme Bensouda, dès qu’elle aura récolté suffisamment d’éléments de preuve pour demander l’émission de nouveaux mandats d’arrêt, elle le fera. Il est important de rappeler que, alors même que la justice doit être rendue de manière transparente, les activités d’enquêtes en cours doivent quant à elles rester confidentielles : le Bureau du Procureur ne se prononcera donc pas sur les spéculations des uns ou des autres, ni sur les résultats possibles des enquêtes, ni sur des éventuels mandats d’arrêt », disait-il.
Mardi 15 janvier 2019, au terme de 7 ans de procès, le camp Gbagbo a été blanchi. Les juges de la Chambre de première instance 1 de la CPI ont acquitté l’ex-chef d’Etat et son ministre et ordonné leur « libération immédiate ». Et pour cause, le juge-président avait déclaré que « l‘accusation n’a pas fait la preuve de la culpabilité des accusés en vertu de l’article 86 de la loi » sur tous les chefs d’accusations retenus contre eux : « Plan commun pour conserver le pouvoir par tous les moyens, massacre des partisans du camp Ouattara, etc… ».
En somme, Alassane Ouattara et son pouvoir ainsi que le procureur de la CPI n’ont pas pu prouver durant sept ans que les accusés ont bel et bien commis les crimes pour lesquels ils sont poursuivis. Cela soulève deux principales questions. Soit il n’y avait aucune preuve contre eux (le camp Gbagbo a parlé de preuves fabriquées), soit qu’ils ne sont pas simplement les auteurs des crimes pour lesquels ils sont poursuivis.
Laurent Gbagbo et son camp blanchis, reste donc à trouver les autres ou plutôt les vrais auteurs des crimes commis en Côte d’Ivoire. Et forcément les regards se tournent vers le camp Ouattara dont la participation dans le massacre de plusieurs personnes à l’ouest pendant la crise post-électorale, n’est qu’un secret de polichinelle.
Le procureur Fatou Bensouda, qui se montre déterminée à faire valoir le droit des victimes, va-t-elle émettre des mandats d’arrêt à l’encontre de partisans de Ouattara ? Si c’est le cas, le régime ivoirien va-t-il coopérer ? L’avenir nous le dira.
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