Ci-dessous un communiqué de la POECI (Plateforme des organisations de la société civile pour l’observation du processus électoral) relatif à la situation sociopolitique marquée ces dernières semaines par l'interdiction du meeting de l’opposition FPI-PDCI et leurs alliés, le mandat d’arrêt international de tentative de déstabilisation et détournement de deniers publics émis contre Guillaume Soro (ex président de l'Assemblée nationale) ainsi qu'à l'arrestation de ses proches.
COMMUNIQUE
La POECI encourage le gouvernement ivoirien au respect des
libertés politiques contenues dans la constitution ivoirienne et à
créer les conditions d’un environnement apaisé en faveur des
élections inclusives, crédibles et transparentes
Depuis que les rivalités politiques sont nées au sein de la grande famille RHDP et entre les principales formations politiques, les communications politiques et les agissements font constater de réelles régressions de la démocratie en Côte d’ Ivoire.
Depuis quelques semaines la tension politique et sociale est montée d’un cran. La POECI constate avec regret des actes contraires aux principes démocratiques en Côte d’Ivoire. Cet état de fait qui peut entrainer une implosion de la situation sociale faisant place à des remous sociaux appelle la POECI à une vive réaction, et lui fait craindre un processus électoral qui pourrait être entaché de violences voire d’une crise.
En effet, le samedi 21 décembre 2019, après avoir obtenu une autorisation de manifestation, des partis d’opposition (PDCI, EDS, GPS…) qui projetaient d’organiser un meeting dans la commune de Yopougon ont vu leur activité interdite par un arrêté pris par le maire de la commune, Kafana KONE.
Voulant délocaliser ce meeting dans la commune de Port-Bouët, ils se sont vus interdire de manifester par le gouvernement par le biais du Ministre de l’intérieur. Cette décision gouvernementale se voit appliquée par les Maires du district d’Abidjan sur la base d’une incapacité d’assurer la sécurité des regroupements politiques dans cette période de fêtes de fin d’année.
Par ailleurs, tôt le matin, le lundi 23 décembre 2019, alors qu’il est annoncé le retour de SORO Guillaume Kigbafori, leader du groupement politique « Génération des Peuples Solidaires (GPS), la POECI a constaté via ses coordonnateurs observateurs à Abidjan, un dispositif important de policiers défendant l’accès au domicile de l’ex Président de l’Assemblée Nationale.
Parents, amis et- partisans de l’Ex PAN se sont vu empêchés de le rencontrer. Dans l’après-midi, l’arrestation annoncée par le procureur de la République de 15 de ses partisans y compris des députés et l’émission d’un mandat d’arrêt à son encontre pour tentative de déstabilisation et détournement de deniers publics ont meublé les évènements autour du retour de l’Ex PAN.
Au regard de tout ce qui précède, et à la lumière des constats fait par la POECI sur ces positions des acteurs politiques ivoiriennes et analysant les communications politiques défavorables au climat de paix, la POECI note avec amertume que le corpus politique ivoirien, avec pour acteurs les hommes politiques, n’a nullement tiré les leçons des évènements aux différentes crises que la Côte d’Ivoire a connu.
A 10 mois de l’élection Présidentielle, la POECI interpelle tous les acteurs politiques sur les dangers encourus dans cette lancée politique actuelle virulente troublant le sommeil des ivoiriennes et ivoiriens et faisant reculer la démocratie.
Aussi la POECI voudrait-elle inviter les différents acteurs politiques à faire preuve de responsabilité individuelle et collective dans le maintien d’un climat de paix pour un environnement favorable à la tenue d’élections transparentes, impartiales, inclusives et crédibles, garantissant la stabilité et l’État de Droit en 2020.
La POECI voudrait rappeler aux autorités ivoiriennes leur engagement et obligation de garantir les Droits et les libertés de tous les citoyens et des personnes vivants en Côte d’Ivoire conformément à la constitution ivoirienne du 08 novembre 2016 et du pacte international des droits civils et politiques.
La POECI invite le président Alassane Ouattara à tenir sa promesse de n’empêcher personne à être candidat à la présidentielle de 2020 en permettant à toutes et à tous ceux qui le désirent d’être candidats.
Préoccupée par cette situation qui menace la stabilité démocratique et la cohésion sociale à la veille des élections futures, la POECI fait les
recommandations suivantes:
Au gouvernement ivoirien
? Ouvrir un dialogue national pour stabiliser toutes les réformes
nécessaires à l’organisation du prochain cycle électoral de manière
apaisé inclusif transparent et apaisé.
? Œuvrer à promouvoir la stabilité politique et la cohésion sociale par le dialogue et la concertation et à éviter tout acte tendant à réprimer les voix dissidentes.
? Garantir un climat de paix et de stabilité politique pour un processus électoral de 2020 transparent, inclusif et apaisé.
Aux partis politiques
? Privilégier le dialogue et la concertation comme de mode de
revendication et appeler les militantes et militants au calme et à la
retenue.
Aux populations
? Rester calme et éviter les actes susceptibles de mettre en péril la
cohésion sociale et la paix.
La POECI appelle les Ivoiriennes et les Ivoiriens des différents bords politiques au calme et à la retenue et à éviter tout propos ou tout acte susceptible de fragiliser la cohésion sociale et la paix.
La POECI appelle les autorités politiques et les autorités judiciaires à respecter la séparation des pouvoirs afin de ne pas donner le sentiment aux populations que le pouvoir politique s’immisce dans les questions judiciaires.
La POECI invite encore une fois, les Ivoiriennes et les Ivoiriens à faire preuve d’engagement citoyen pour préserver la paix et les acquis démocratiques.
Abidjan le 24 décembre 2019,
Le Conseil d'Administration,
Imam Ibrahima KONE
0 Commentaires
Participer à la Discussion
Commentez cet article