Hamed Bakayoko : un parcours atypique

Le Premier ministre Hamed Bakayoko n’est plus. Evacué en urgence en France le 28 février dernier, il est décédé d’un cancer, hier mercredi 10 mars 2021 en Allemagne, de source officielle.

Mais, qui était cet éminent homme politique qui a quasiment gravi tous les échelons en occupant de hauts postes nominatifs comme électifs ?

En effet après son baccalauréat, Hamed Bakayoko s’inscrit en faculté de médecine à l’Université de Ouagadougou, la capitale burkinabè, en 1984. Mû par l’esprit associatif, pendant ses études au pays des hommes intègres, il devient responsable de l’Amicale des élèves et étudiants ivoiriens au Burkina Faso en 1986. Après deux années d’étude en médecine, il rentre au bercail et décide de mettre son expérience acquise à la tête de l’amicale susmentionnée au service des mouvements estudiantins liés au Parti démocratique de Côte d'Ivoire-Rassemblement démocratique africain (PDCI-RDA) dont il deviendra le responsable de la Jeunesse estudiantine et scolaire en 1990.

A la faveur de la première élection pluraliste en Côte d’Ivoire, il fonde les Jeunesses Estudiantines et Scolaires du PDCI (JESPDCI) et bat campagne pour Félix Houphouët-Boigny. Il se fait ainsi fort remarquer par les cadres du parti doyen, en particulier par le Premier ministre Alassane Ouattara qui le suit de près. Ainsi donc en 1993, quand le PDCI-RDA se divise à la suite du décès du père fondateur Félix Houphouët-Boigny, Hamed Bakayoko ne tergiverse pas. Il suit naturellement Alassane Ouattara au Rassemblement des Républicains (RDR) créé par Djéni Kobina. En outre, il met le journal Le Patriote dont il est le Directeur de publication, au service du nouveau parti.

Après une décennie de lutte politique acharnée, Hamed Bakayoko obtient son premier portefeuille ministériel à la faveur des accords de Linas-Marcoussis en 2003. Il est notamment nommé ministre des Nouvelles Technologies de l’Information et de la Communication (NTIC). Ces fonctions, il les occupe jusqu’à la chute de Laurent Gbagbo le 11 avril 2011.

A l’arrivée d’Alassane Ouattara au pouvoir, il est nommé ministre de l’Intérieur et de la Sécurité puis ministre de la Défense respectivement dans les gouvernements de Jeannot Ahoussou-Kouadio, de Daniel Kablan Duncan et d'Amadou Gon Coulibaly. A la mort de ce dernier le 8 juillet 2020, il est promu Premier ministre, ministre de la Défense. En l’absence d’un Vice-président il était ainsi la 2e personnalité de l’Etat et par ricochet, le dauphin constitutionnel. Député élu de Séguéla, il était également maire de la commune d’Abobo depuis le 14 octobre 2018.

A toutes fins utiles, Hamed Bakayoko, né à Abidjan le 8 mars 1965 dans le quartier populaire d'Adjamé, précisément à Habitat-Extension, a grandi au sein d’une famille musulmane de classe moyenne. Ayant perdu très tôt sa mère, il a été élevé avec son frère et ses deux sœurs par son père qui était fonctionnaire.

Aujourd’hui il part, laissant derrière lui sa femme Yolande et ses enfants inconsolables.