Alors que s’approchent les élections municipales et régionales, dont les dates n'ont pas encore été fixées, le parti de Laurent Gbagbo souhaite une grande concertation avec le gouvernement. La frange du FPI dirigée par Aboudramane Sangaré n’exclut pas de participer aux prochains scrutins.
Au lendemain de la conférence de presse du Premier ministre – un exercice auquel Amadou Gon Coulibaly se plie rarement -, c’est une figure de l’opposition qui a longuement pris la parole. Alors qu’Alassane Ouattara a annoncé que des élections municipales, régionales et sénatoriales se tiendraient en 2018, Aboudramane Sangaré a appelé le pouvoir à « l’ouverture d’un dialogue politique pour l’organisation de scrutins justes et transparents. »
Refonte de la CEI
Le chef de la frange la plus dure du parti de Laurent Gbagbo exige des discussions sur quatre points. Il réaffirme d’abord la nécessité d’une recomposition de la Commission électorale indépendante (CEI) à laquelle on doit « trancher la tête », dit-il.
Le départ de Youssouf Bakayoko, le président de la CEI, est une vieille demande du FPI. « C’est l’homme par lequel tous les malheurs de la Côte d’Ivoire sont arrivés », estime Boubacar Koné, le porte-parole de cette frange. Youssouf Bakayoko était déjà la chef de cette institution lors de la présidentielle contestée de 2010.
La veille, le Premier ministre avait néanmoins semblé exclure toute recomposition. Malgré les critiques de l’opposition mais aussi de son allié, le PDCI, malgré aussi l’arrêt de la Cour africaine des droits de l’homme qui, en 2016, estimait que la CEI n’était ni « indépendante », ni « impartiale », Amadou Gon Coulibaly a affirmé que cette instance était « issue d’un consensus ».
Révision des listes électorales
Autres exigences du FPI d’Aboudramane Sangaré : la révision « transparente » de la liste électorale ainsi qu’un nouveau découpage électoral. « Il faut que les circonscriptions soient définies en fonction de leur population. Aujourd’hui, il y a un grave déséquilibre en faveur du nord du pays », estime Boubacar Koné.
Enfin, les compagnons de Laurent Gbagbo réclament « un assainissement de la situation socio-politique et sécuritaire » du pays, notamment avec la libération de « prisonniers politiques ».
Joints par Jeune Afrique, plusieurs cadres du parti s’estimaient confiants quant à la possibilité de l’ouverture de ce dialogue politique. « Nous avons déjà eu des contacts avec des membres du gouvernement et du parti au pouvoir qui nous permettent d’espérer d’être entendus », assure l’un d’entre-eux. Alors que cette frange du FPI a boycotté tous les scrutins depuis l’arrestation de son leader en 2011, elle n’exclut plus désormais de participer aux prochaines élections.
Très affaibli depuis la chute Laurent Gbagbo, le FPI reste divisé entre le frange d’Aboudramane Sangaré, non reconnue par les autorités ivoiriennes mais adoubée par l’ancien président, et celle de l’ancien premier ministre Pascal Affi N’Guessan.
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