La République populaire de Chine et la Côte d’Ivoire célèbrent cette année, 2023, le 40ème anniversaire de l’établissement de leurs relations diplomatiques. Le chargé d’affaires par intérim de l’ambassade de Chine en Côte d’Ivoire, Zhou Kangning, a bien voulu se confier à l’AIP pour faire un tour d’horizon sur les acquis et perspectives de la coopération entre les deux pays, tout en abordant des questions d’actualité liée à la Chine, notamment la COVID-19. Interview.
AIP : Le 20 décembre dernier, le Président chinois XI Jinping a souligné lors d’une conversation téléphonique avec le Président ivoirien Alassane OUATTARA que la Côte d’Ivoire est un important partenaire de la Chine en Afrique. L’an 2023 marque le 40e anniversaire de l’établissement des relations diplomatiques entre la Chine et la Côte d’Ivoire. Au cours de près de 40 ans qui se sont écoulés depuis l’établissement des relations diplomatiques entre la Chine et la Côte d’Ivoire, quelles sont les caractéristiques des relations bilatérales?
Zhou Kangning : A mon avis, les relations sino-ivoiriennes ont plutôt trois caractéristiques suivantes: premièrement, les deux parties se soutiennent fermement. Grâce aux orientations diplomatiques des chefs d’État de nos deux pays, la confiance politique mutuelle n’a cessé de s’approfondir. La Chine soutient activement les efforts de la Côte d’Ivoire dans la construction d’un pays émergent, la sauvegarde de la sécurité nationale et le renforcement de l’influence internationale. La partie ivoirienne adhère fermement au principe d’une seule Chine et a apporté un soutien ferme à la Chine sur des questions touchant à ses intérêts vitaux à multiples occasions dans la scène internationale.
Deuxièmement, la coopération pragmatique est mutuellement bénéfique. La Chine est le deuxième partenaire commercial de la Côte d’Ivoire. Les deux pays ne cessent de faire progresser la coopération de grands projets dans des domaines importants qui touchent non seulement aux infrastructures tels que la construction de ports, et de ponts et chaussées, mais également au bien-être de la population, tels que l’approvisionnement en eau potable, la production et l’alimentation électrique. Les investissements directs chinois en Côte d’Ivoire ont fortement augmenté et se sont élargis à de nouveaux domaines comme la production pharmaceutique et la transformation de produits agricoles.
Troisièmement, le fondement de l’amitié est solide. Les ressortissants chinois en Côte d’Ivoire s’entendent bien avec la population ivoirienne. Pendant la période où l’épidémie sévissait, les hautes autorités et les départements gouvernementaux des deux parties ont continué à se communiquer en ligne. Par ailleurs, il convient de mentionner qu’un Institut Confucius a été créé à l’Université Félix Houphouët-Boigny et que 24 clubs d’apprentissage du chinois ont été installés dans des établissements primaires et secondaires de Côte d’Ivoire. De plus en plus de jeunes amis ivoiriens ont commencé à apprendre le chinois, permettant de favoriser davantage la compréhension mutuelle et de consolider l’amitié traditionnelle entre nos deux peuples.
Quel rôle d’après vous les relations sino-ivoiriennes jouent-t-elles dans le développement des relations sino-africaines ?
Les relations sino-ivoiriennes peuvent être considérées comme un bel exemple de l’esprit d’amitié et de coopération Chine-Afrique affirmé par le Président XI Jinping lors de la 8e conférence ministérielle du Forum sur la Coopération sino-africaine tenue l’année dernière. La Chine et la Côte d’Ivoire préconisent la sauvegarde de la souveraineté nationale et de l’intégrité territoriale et s’opposent à l’ingérence dans les affaires intérieures d’autrui, soutiennent fermement le multilatéralisme et la construction d’une économie mondiale ouverte. Elles sont toutes prêtes à continuer d’approfondir leur coopération dans le cadre du Forum sur la Coopération sino-africaine et de l’Initiative « Ceinture et Route » au profit des intérêts communs des pays en développement.
La coopération pragmatique constitue toujours un élément important de la coopération sino-ivoirienne. Il y a quelques semaines, le deuxième terminal à conteneurs du port autonome d’Abidjan, construit par une entreprise chinoise, a été mis en service. Jusqu’à présent, quels autres projets importants la Chine a-t-elle achevés ou est-elle en train de mettre en œuvre en Côte d’Ivoire, et quel rôle jouent ces projets dans la vie quotidienne du peuple ivoirien?
La coopération pragmatique entre les deux pays a donné des résultats fructueux. Ils ont mis en œuvre des projets phares tels que la centrale hydroélectrique de Soubré, la réhabilitation et l’extension du réseau national d’électricité, l’alimentation en eau potable à Abidjan, la réhabilitation et l’extension du Port d’Abidjan, etc. Les projets en cours de construction comprennent l’alimentation en eau potable de douze villes, la réhabilitation des routes du Centre et de l’Ouest, le 4e pont d’Abidjan, le pont de Cocody, le Stade de San Pedro, le Stade de Korhogo et autres.
J’entends citer deux exemples pour illustrer le rôle que ces projets jouent dans l’amélioration des infrastructures locales et de la vie quotidienne de la population. La centrale hydroélectrique de Soubré est la plus grande centrale hydroélectrique en Côte d’Ivoire, avec une puissance installée et une production annuelle d’électricité représentant respectivement 12 % et 14 % de la puissance installée totale et de la production annuelle d’électricité du pays. Le projet a non seulement apaisé considérablement la tension dans l’approvisionnement en électricité en Côte d’Ivoire, mais a également joué un rôle positif dans l’exportation d’électricité de la Côte d’Ivoire vers des pays voisins. Le Président OUATTARA a décerné au responsable chinois de ce projet, le mérite d’honneur national de Côte d’Ivoire. Le Stade Olympique d’Ebimpé est affectueusement appelé « le nid d’oiseau africain » par la population locale, et c’est le plus grand stade moderne dans le pays. Celui-ci et les deux stades en construction joueront un rôle important dans l’organisation de la CAN 2023 en Côte d’Ivoire.
Quels sont les points clés de la coopération dans le futur?
La Chine est prête à travailler ensemble avec la Côte d’Ivoire, dans le cadre du Forum sur la Coopération sino-africaine et de l’Initiative « Ceinture et Route », pour continuer d’approfondir leur coopération pragmatique dans des domaines d’infrastructures et ceux touchant au bien-être de la population, et d’élargir leur coopération dans des secteurs émergents tels que l’interconnexion, l’économie numérique et le développement vert, afin de mieux profiter aux populations des deux pays.
Parlant de la coopération pragmatique entre la Chine et la Côte d’Ivoire, nous pensons certainement à la coopération agricole et surtout au projet de riziculture, un don de la Chine. A partir de 1997, la Chine a envoyé en Côte d’Ivoire, une centaine d’experts pour exécuter ce projet d’assistance technique et aider les riziculteurs locaux, pendant plus de 20 ans. Est-ce que l’assistance technique agricole menée par la Chine et notamment ce projet de riziculture a pu améliorer la vie des Ivoiriens ?
Le projet d’aménagement hydro-agricole de Guiguidou, projet d’assistance technique que la Chine mène avec la Côte d’Ivoire, en est à sa 11ème édition. Depuis plus de 20 ans, les missions techniques chinoises ont développé des champs d’expérimentation rizicole à haut rendement, donné des formations en matière de riziculture et de manipulation de machines agricoles, procédé à la démonstration et à la maintenance des machines agricoles, mené la certification et la promotion de nouvelles variétés de riz et offert des semences de qualité et des stages de formation à l’étranger. Toutes ces mesures ont permis de former un grand nombre de riziculteurs talentueux. Le périmètre de Guiguidou est devenu une base de production de riz de qualité et un site pilote de la riziculture ivoirienne.
Les Ivoiriens comme les Chinois mangent du riz comme nourriture de base. Or la riziculture en Côte d’Ivoire dépend fortement des conditions climatiques et la production en moyenne est d’environ 2,1 tonnes par hectare, soit moins de 40 % de celle en Chine. Grâce à la modalité de coopération du projet pilote de Guiguidou, c’est-à-dire formation – assistance – accompagnement, la production de riz au périmètre de Guiguidou a atteint cinq tonnes en moyenne par hectare.
Ces dernières années, la pandémie de COVID-19 a beaucoup affecté l’exécution des projets de coopération ivoiro-chinoise et les échanges humains entre la Côte d’Ivoire et la Chine. Nous avons noté que le gouvernement chinois a publié il y a quelques jours, un communiqué sur l’application des mesures contre les maladies infectieuses de classe B pour la gestion de la COVID-19. Quel est l’objectif de cette révision de la politique chinoise de lutte contre la pandémie?
Le Parti communiste chinois et le gouvernement chinois ont toujours accordé la priorité au peuple et à la vie humaine, travaillé à coordonner la riposte à la COVID-19 et le développement économique et social, et élaboré une politique de lutte contre la pandémie qui s’adaptait à la réalité chinoise et répondait aux intérêts de la plus grande majorité du peuple. Depuis près de trois ans, nous avons pu résister aux cinq vagues épidémiques constatées à l’échelle mondiale, prévenir la circulation de variants relativement plus pathogènes, réduire considérablement le nombre des cas graves et des décès et gagner du temps précieux pour la recherche, le développement et l’application de vaccins et médicaments et la mise à disposition de ressources médicales. Malgré la pandémie, l’espérance de vie en moyenne des Chinois n’a pas reculé mais a progressé, passant de 77,3 ans en 2019 à 78,2 ans en 2021.
Nous estimons avoir surmonté la période la plus difficile de la riposte à la COVID-19 et acquis les conditions opportunes pour réviser la politique de lutte contre la pandémie. Premièrement, le variant Omicron qui circule maintenant semble beaucoup moins pathogène, ce qui se traduit par un taux de cas graves et un taux de mortalité très bas. Deuxièmement, nous avons administré plus de 3,4 milliards de doses de vaccin. Parmi les 1,4 milliard de Chinois, 92 % ont reçu au moins une dose de vaccin et 90 % ont été totalement vaccinés. Troisièmement, nous avons optimisé sans cesse la disposition des ressources médicales. Les ressources médicales et les médicaments sont suffisants pour servir les besoins des patients.
Aujourd’hui à Beijing et dans certaines autres villes où le pic de la pandémie est déjà passé, la vie quotidienne et l’activité productive de la population reviennent progressivement à la normale, la riposte à la COVID-19 entre dans une nouvelle phase dans laquelle la priorité est de protéger la santé et de prévenir les cas graves au lieu de prévenir les infections. Dans l’avenir, nous continuerons d’optimiser les mesures barrières en fonction de l’évolution de la situation. Nous sommes tout à fait capables de vaincre la pandémie et nous en avons pleinement confiance.
D’après vous, quel impact l’ajustement de la politique chinoise en matière de lutte contre la COVID-19 a-t-il sur le développement des relations sino-ivoiriennes ?
Après l’ajustement de la politique chinoise en matière de prévention et de contrôle de l’infection de COVID-19, le gouvernement chinois a adopté des mesures provisoires sur les voyages transfrontaliers, y compris l’annulation de test général d’acide nucléique et de mise en quarantaine collective sur les voyageurs à l’arrivée, la suppression du contrôle sur le nombre des vols internationaux, la reprise des dispositions relatives à l’entrée des ressortissants étrangers en Chine à des fins telles que la reprise du travail, les affaires, l’éducation. Nous sommes convaincus que ces nouvelles mesures permettront de faciliter les échanges personnels entre la Chine et les autres pays du monde dont la Côte d’Ivoire, et de promouvoir leur coopération mutuellement avantageuse. L’économie chinoise devrait également afficher une reprise encore plus dynamique, ce qui non seulement insufflera une nouvelle vitalité à la croissance de l’économie mondiale, mais également apportera de nouvelles opportunités au développement de la coopération entre la Chine avec la Côte d’Ivoire ainsi que d’autres pays du monde.
Nous avons parlé de la célébration du 40ème anniversaire de l’établissement des relations diplomatiques entre la Chine et la Côte d’Ivoire, l’Ambassade de Chine en Côte d’Ivoire a-t-elle prévu des activités de célébration ?
En octobre dernier, l’Ambassade de Chine a organisé la cérémonie de présentation du logo commémoratif du 40e anniversaire de l’établissement des relations diplomatiques entre la Chine et la Côte d’Ivoire, cela marque le début de la célébration. Sur les échanges de haut niveau, le Président XI Jinping s’est entretenu par téléphone avec le Président Alassane OUATTARA. Le Vice-Président du Comité National de la Conférence consultative politique du Peuple chinois Zheng Jianbang s’est entretenu par visioconférence avec le Président de l’Assemblée Nationale de Côte d’Ivoire Adama Bictogo. Nous continuons de maintenir ce bon élan des échanges de haut niveau. Sur la coopération bilatérale, nous travaillons à promouvoir des échanges entre les partis politiques et les institutions administratives et législatives des deux pays et la réalisation de nouveaux projets de coopération pragmatique. Sur les échanges humains, nous pensons à organiser un « mois de la culture chinoise » et à faire réaliser un documentaire sur la coopération sino-ivoirienne.
Quelles sont vos attentes à la coopération sino-ivoirienne et sino-africaines ?
D’un côté, nous nous efforçons de mettre en œuvre soigneusement le consensus dégagé lors de la conversation téléphonique entre les deux Chefs d’Etat. Sur le nouveau point de départ du 40e anniversaire de l’établissement des relations diplomatiques, la Chine et la Côte d’Ivoire ont à approfondir la confiance politique mutuelle et le soutien réciproque, et à renforcer la coopération globale, pour porter les relations bilatérales à un nouveau palier et contribuer à la construction d’une communauté d’avenir partagé Chine-Afrique de haut niveau.
De l’autre côté, à la lumière de l’esprit du XXe Congrès du Parti communiste chinois, et dans le respect des principes de sincérité, de résultats effectifs, d’amitié et de bonne foi ainsi que de recherche du plus grand bien et des intérêts partagés, la Chine est prête à renforcer la solidarité et la coopération avec les pays africains dont la Côte d’Ivoire et à mener des actions concrètes pour la mise en œuvre de l’Initiative pour le Développement mondial et des « Neuf Programmes » de coopération lancés dans le cadre du Forum de Coopération sino-africaine, dans l’objectif d’accompagner le développement de l’Afrique, de défendre l’équité et la justice internationales et de promouvoir les intérêts communs des pays en voie de développement.
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