Il défend sur ce plateau le fonctionnement d’une monnaie attachée à l’euro comme c’est le cas à l’heure actuelle.
Le débat est ouvert sur la réforme du franc CFA et il est autant économique que politique.
Dans l’émission Le débat africain, le président ivoirien Alassane Ouattara a défendu cette monnaie ouest-africaine dans son fonctionnement actuel, c’est-à-dire une monnaie attachée à l’euro : « Le fait que nous sommes arrimés à l’euro, si nous empruntons des euros, le moment de les rembourser dans cinq ou dix ans, le taux est fixe. Il n’y a pas de problème. Donc, c’est le même taux auquel nous remboursons. Et si nous avions une monnaie, les gens parlent de monnaie flexible, c’est très bien pour certains pays. Mais nous, nous avons une parité fixe. Je suis désolé de le dire, je suis ancien gouverneur de la Banque centrale et peut-être que je ne suis pas objectif. Si les pays de l’UEMOA [Union économique et monétaire ouest-africaine] n’ont pas tellement de problèmes de dettes, c’est grâce à cette parité fixe ».
Deux visions du futur « éco »
Le président ivoirien réaffirme ainsi une position qui est constante chez lui : le maintien du lien entre le franc CFA et l’euro. Il y a en fait deux positions au sein des dirigeants des pays de la zone franc : l’une incarnée par Alassane Ouattara, avec cet argument que les pays de cette zone ont des succès économiques importants, qu’il attribue donc en partie à la stabilité de la monnaie. S’il était seul à décider, le président ivoirien admettrait juste le changement du nom CFA, pas son fonctionnement. À un moins d’un an de l’élection présidentielle, le chef d’État ivoirien, qui continue de jouer l’ambiguïté sur sa candidature, sait qu’il devra vanter son bilan pour que lui ou un membre de son parti puisse envisager sereinement le scrutin.
« Un changement de monnaie pourrait très bien créer une dévaluation et augmenter le taux de pauvreté qui est déjà de 46% en Côte d’Ivoire. Ce ne serait pas bon et l’opposition s’en servirait contre lui », analyse le politologue Sylvain Nguessan.
L’autre position est celle de ceux qui veulent, non seulement changer le nom de la monnaie, mais aussi couper le cordon ombilical qui relie le franc CFA à la France, à travers l’euro aujourd’hui. Une position incarnée par le Nigeria (qui représente 75% du PIB de l’Afrique de l’Ouest). L’actuel président du Bénin Patrice Talon. Il a notamment parlé du rapatriement des réserves de change que les pays de la zone déposent sur un compte d’opération à la Banque de France, pour garantir la parité fixe avec l’euro.
Remboursement et faible inflation
Pour Alassane Ouattara, une parité fixe permet d’assurer de rembourser une dette contractée avec un taux d’intérêt invariable, ce qui n’est pas le cas pour une monnaie dont la convertibilité est flexible. Quand on emprunte 10 000 francs CFA à un taux fixe de 10% pour 10 ans, on sait qu’on remboursera 20 000 francs CFA. Mais si le taux est flexible, on peut rembourser moins ou plus. Mais surtout, l’arrimage du franc CFA à l’euro garantit au franc une très faible inflation, donc une faible augmentation des prix à la consommation.
Dans ces conditions, ce serait la fin d’un lien exclusif entre l’euro et le franc CFA, mais on ne peut pas prédire le temps que durera l’agonie du franc CFA, qui va laisser la place à une nouvelle monnaie dénommée «? l’éco ». L’éco sera commun à tous les pays de la Communauté économique des pays d’Afrique de l’Ouest, les huit qui utilisent aujourd’hui le franc CFA et les sept autres qui ont chacun leur propre monnaie.
Pour le macro-économiste togolais Kako Nubukpo, un débat doit être mené pour avancer une réforme du franc CFA, dont le système n'est plus adapté.
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