Les avocats de la défense ont quitté l'audience au deuxième jour du procès de l'ancien ministre ivoirien, Hubert Oulaye, accusé de complicité d'assassinat dans le cadre de la mort de sept Casques bleus et huit civils en 2012.
Les avocats de l'ex-ministre ont affirmé ne pas disposer de plusieurs pièces produites par le parquet devant la cour d'assises d'Abidjan, notamment des procès-verbaux d'audition de la DST (Direction de la surveillance du territoire), sur lesquelles est fondé le dossier de l'accusation.
"C'est une violation manifeste des droits de la défense", a dénoncé Me Toussaint Dako devant des journalistes, critiquant "l'amateurisme" du parquet.
Ancien ministre de la Fonction publique de l'ex-président Laurent Gbagbo dans les années 2000, M. Oulaye, 64 ans, est accusé d'avoir fourni, via des intermédiaires, deux millions de francs CFA (3.000 euros) pour acheter des armes à des hommes pour perpétrer des attaques, alors qu'il vivait en exil au Ghana.
Sept Casques bleus nigériens de l'Opération de l'ONU en Côte d'Ivoire (Onuci) et huit civils avaient été tués dans une attaque en juin 2012, non loin de Guiglo, une région de l'ouest de la Côte d'Ivoire, dont l'accusé est originaire et dont il avait été le député.
A l'ouverture de l'audience mardi matin, M. Oulaye a clamé son innocence dans une longue déclaration solennelle où il a critiqué point par point le dossier d'accusation.
"Il n'y a rien dans le dossier contre moi. Je ne suis pas impliqué dans ces attaques. Je proclame mon innocence !", a-t-il déclaré, accusant la DST d'avoir fabriqué des faux pour l'incriminer et la justice de le poursuivre pour des raisons "politiques".
M. Oulaye a été arrêté en 2015, six mois après son retour d'exil, et quelques jours seulement après avoir participé à une réunion de "frondeurs" du Front populaire ivoirien (FPI), le parti de Laurent Gbagbo.
Ces "frondeurs" se présentent comme les "gardiens du temple" et boycottent tout scrutin, s'opposant au courant dirigé par Pascal Affi N'Guessan, l'actuel président du parti qui se présente aux élections et semble vouloir tourner la page Gbagbo, actuellement jugé par la Cour pénale internationale pour "crimes contre l'humanité" présumés commis lors de la crise post-électorale de 2010-2011.
De son côté, le parquet a récusé toute iniquité dans le procès.
Interrogé par l'AFP, le procureur général du tribunal d'Abidjan, Léonard Lebry, a affirmé que les pièces contestées figuraient bien au dossier, et réfuté toute motivation politique.
Le procès doit reprendre jeudi.
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