Passage de relais à la présidence du RDR, en Côte d’Ivoire, au congrès de son parti, ce dimanche 10 septembre. Le chef de l'Etat, Alassane Ouattara, en a surpris plus d'un en renonçant à la tête du Rassemblement des républicains. Il a lui-même proposé pour le poste une figure historique du mouvement, Henriette Diabaté. Un congrès des surprises, où l’on a eu affaire à un président combatif.
Sur la forme, il y a longtemps qu’on n’avait pas vu ou entendu le chef de l’Etat aussi vif et enjoué que ce week-end. Au programme : bain de foule, ovation des milliers et milliers de militants et congratulation des invités de marque sur scène. Un patron de parti visiblement heureux et ragaillardi, qui est même retourné saluer au petit trot cette foule enthousiaste, cette marée orange présente dans le stade samedi.
Dimanche, le discours, plutôt percutant et rassembleur, a duré plus d’une heure et demie sous le dôme du Palais des sports. A cette occasion, celui qui est devenu le président d’honneur du RDR s’est remémoré notamment les années sombres, le confinement à l’Hôtel du Golfe avec Henri Konan Bédié et leurs familles pendant la crise postélectorale de 2010 2011.
« ADO » a aussi rendu un hommage appuyé aux militants et aux organisateurs du congrès, avant de saluer les invités politiques étrangers, de la majorité et de l’opposition, venus du Burkina Faso, du Mali ou de Guinée.
Alassane Ouattara a martelé que l’alternance est inévitable en Afrique de l’Ouest et que c’est très bien ainsi. Ce qui ne l’a pas empêché d’assurer quelques minutes plus tard que pour la Côte d’Ivoire, le RHDP serait au pouvoir, si tout va bien, pour des décennies et des décennies. Ce qui prouve bien qu’ADO, comme tout bon politicien, a un certain talent pour manier le paradoxe.
Vers les élections de 2020
Sur le fond, il y a eu des surprises, notamment concernant une candidature commune RDR/PDCI pour les élections de 2020. Le président a été très clair à ce sujet : « Bédié et moi, nous sommes ensemble », a-t-il martelé trois fois de suite, chaque fois un peu plus fort, devant la foule exaltée.
Alassane Ouattara écarte donc ainsi de la main la thèse selon laquelle la brouille est forte et la rupture presque consommée entre RDR et PDCI. Pas du tout, a-t-il dit en substance : « Nous irons vers un parti unifié d’ici la fin 2017 et ceux qui veulent rester en dehors de ce Rassemblement des houphouëtistes pour le développement et la paix pourront rester dehors. »
Un discours qui était à peu près le même que celui de son « grand frère » HKB publié la veille. Pour les deux vétérans de la vie politique ivoirienne, l’union des partis de la majorité sous une seule bannière est incontournable pour la présidentielle de 2020.
Reste à savoir quel sera le champion et le vice-champion désignés pour porter à quatre mains cette bannière. Et là, bien malin celui qui pourra dire à coup sûr comment sera composé ce ticket gagnant. Car au PDCI, si la direction salue les propos du président ivoirien, certains dans les rangs du parti son moins enthousiastes.
Réactions au PDCI
Le PDCI et le RDR sont sur la « même longueur d'ondes », assure Maurice Guikahué, le secrétaire exécutif du parti de l'ancien président Konan Bédié. La candidature unique « c'est notre volonté et elle est ferme », martèle-t-il en renvoyant au communiqué du président du PDCI transmis aux congressistes du RDR ce weekend.
Dans ce document, Henri Konan Bédié souligne que la consolidation du groupement politique passe parfois par « effacement » comme il a eu à le faire pour la présidentielle de 2015 au profit d'Alassane Ouattara.
Qui devra donc s'effacer au profit de qui en 2020 ? « La balle est dans le camp des deux chefs » qui vont « discuter », répond Maurice Guikahué. Quant à l'échéance fixée par le président Ouattara pour un parti unifié d'ici fin 2017 : « c'est un chantier auquel il faut travailler », assure-il.
D'autres au sein du PDCI sont plus frustrés. Pour Kouadio Konan Bertin - qui s'était opposé en 2015 à la candidature unique du chef de l'Etat - la question prioritaire n'est pas celle du parti unifié, mais plutôt de savoir, si « oui ou non M. Ouattara et le RDR sont prêts à soutenir le candidat du PDCI que Bédié leur proposera ».
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