Le président du Parti ivoirien des travailleurs (Pit), Pr Séka Séka, n'en revient pas après la décision du Pdci-Rda de remettre l'idée du parti unifié après la présidentielle de 2020. Dans cet entretien, il exprime son désarroi même s'il reconnaît que le parti unifié va consolider la paix et instaurer le développement.
Depuis août 2015, vous êtes président du Pit. Comment se porte le parti ?
Le Parti ivoirien des travailleurs (Pit) se porte bien. Il mène ses activités comme tous les partis politiques. Dans le mois d'avril 2018, nous avons eu l'investiture des délégations départementales, fédérales... Tout dernièrement, le dimanche 10 juin, nous avons eu une autre activité dénommée ''Un militant, une carte''. Le deuxième volet de cette activité, c'est la mise en mission des responsable du parti et des militants pour la sensibilisation relativement à l'inscription sur la liste électorale qui s'est achevé le 24 juin 2018. Alors, le parti se porte bien et mène ses activités aussi bien, en tant que Pit, et aussi en tant que parti membre du Rassemblement des houphouëtistes pour la démocratie et la paix (Rhdp).
Peut-on dire que la crise est derrière vous aujourd'hui ?
La crise est véritablement derrière le Pit. De temps en temps, nous voyons quelques interventions de certaines personnes qui s'attribuent des titres que nous pouvons appeler de l’usurpation ou l'usage de faux. Mais aujourd’hui, la crise est derrière le Pit. La preuve, c'est que le président que je suis, a avec lui tous les militants. Au congrès extraordinaire du 29 mai 2018, nous avons adopté les textes fondateurs du Rhdp. Vous avez vu la mobilisation. Les militants sont avec nous. Nous sommes installés dans le Q.g. Nous avons tous les attributs du Parti ivoirien des travailleurs. Je pense que la crise est finie. La crise est d'autant plus achevée que dans l'affaire portée en justice par nos camarades, ils ont été déboutés. Aujourd'hui, le président que je suis, a sa direction qui est enregistrée et reconnue par le ministère de l’Intérieur et de la Sécurité. Nous détenons la grosse du jugement qui nous confirme dans notre légitimité et dans notre légalité de président du parti. Et comme vous voyez, quand on parle de Pit, c’est l'équipe de Séka Séka qui est présente et qui répond. Donc, la crise est derrière et aujourd'hui, nous œuvrons pour que le Pit se développe et travaille aux échéances qui arrivent, c'est-à-dire aux élections locales et pourquoi pas plus tard, l’élection présidentielle.
Le Pit aura-t-il des candidats aux élections locales à venir ?
Aujourd'hui, nous sommes en train de boucler la liste de nos candidats aussi bien pour les municipales que pour les régionales. Et comme tout doit se faire en Rhdp, nous allons arrêter nos listes définitives et nous enverrons cela aux arbitrages. Le président du Pit ne peut pas être candidat aux municipales parce qu'il est député. Aux régionales, rien n'est exclu de ce côté là.
Vous avez adopté les textes fondateurs du Rhdp mais il se trouve que vos adversaires au sein du Pit, en l’occurrence l'ex-ministre Daniel Ahizi Aka, dénonce le fait qu'étant parti socialiste, il est inconcevable que le Pit se retrouve dans un groupement de forces de droite. Qu'elle est l’appréciation que vous faites de cette récrimination ?
Vous voyez, il y a des personnes qui ont la latitude de voir la paille qui se trouve dans l’œil de celui qui est en face d'eux et qui ne voient pas la poutre qui se trouve dans leur propre œil. M. Ahizi avait pratiquement inféodé le Pit à une organisation appelée l'Alliance des forces démocratiques (Afd). Dans ce groupement de partis politiques, il y a deux partis qui étaient de gauche dont le le Fpi et un autre parti. Tous les autres partis étaient de droite. C'est la première des choses. La deuxième, lors de l'élection présidentielle de 2015, Ahizi était directeur de campagne de Charles Konan Banny, qui n'est pas quelqu'un de gauche. Il était bien dans son staff, prêt à conduire sa campagne. Ensuite, quand des problèmes se sont posés au niveau de Banny, il a rallié le camp d'Essy Amara, qui n'est pas un homme de gauche. Alors, pourquoi est-ce qu'il va composer avec des gens de droite, s'afficher avec eux ? Tout dernièrement, il était avec Gnamien Konan, qui était du Rhdp. M. Ahizi était assis à côté de lui lorsqu'il créait son nouveau parti. En toute objectivité, il n'est pas un homme de gauche en tant que tel. Alors, c’est pour dire que les gens ont tendance à raconter des choses sans oublier qu'eux-mêmes font les mêmes choses. Aujourd’hui, lorsque vous regardez le champ politique mondial, les barrières sont en train de tomber. Si elles ne sont pas déjà tombées. Donc, pour un dirigeant politique, quelles sont les actions à mener pour que le peuple soit dans des conditions de vie idéales ou aient un mieux-être, que le pays se développe dans la paix, la sérénité et la stabilité ? Si bien que vous verrez des communistes, des Chinois qui, aujourd'hui, composent avec des libéraux. Vous prenez le gouvernement de Macron, dites la couleur du gouvernement de Macron en France ? Est-ce un gouvernement de gauche ou de droite ? Parce que pour tous ces dirigeants, ce qui compte, c’est le développement de leur pays, le bonheur de leurs citoyens, la paix pour leurs pays, la stabilité pour leurs pays. Le reste, les idéologies, ce ne sont que des mots.
C'est donc pour la paix et la stabilité que vous avez rejoint le Rhdp ?
Oui, parce que c'est un processus qui a commencé depuis 2010. M. Ahizi était encore dans le Pit quand en 2010, à la faveur du deuxième tour des élections, le Pit ayant vu le programme des deux candidats, Laurent Gbagbo et Alassane Ouattara, a choisi de soutenir le président Alassane Ouattara parce que son programme de gouvernement, son projet de société, bien que libéral ou de droite, était celui qui convenait le mieux aux aspirations qu'a le Pit pour le peuple. Nous sommes allés en alliance et cette alliance a continué jusqu’à ce qu'au congrès de 2013, quand Francis Wodié est parti, nous en arrivions à cette mésentente. Ce n’était pas une mésentente idéologique, mais c'était plutôt une manière d'appliquer les textes du parti qui a créé la mésentente entre le groupe d'Ahizi et mon groupe. Aujourd'hui, je peux vous dire qu'il y a des partis qu'on appelle partis de droite, des libéraux, qui ont une politique plus socialiste que ceux qui se targuent d'être des partis socialistes. Donc le Pit, parti de raison, parti issu de la paix, parti ancré sur la recherche de la cohésion, a trouvé dans cette politique prônée par le Rhdp, la politique idéale pour permettre à notre pays de cicatriser définitivement les stigmates de cette crise post-électorale, ramener et consolider la paix, instaurer la stabilité pour un développement harmonieux de la Côte d'Ivoire. Le Rhdp est l'outil à même d'atteindre ces objectifs. C’est pour cette raison que nous, au Pit, avons opté pour le Rhdp en y adhérant. Lorsque vous avez adhéré cela en toute connaissance de cause, bien évidemment vous assumez vos choix en allant jusqu'au bout et c'est ce que nous sommes en train de faire. C'est pour cela que nous avons organisé un congres extraordinaire pour ratifier les textes fondateurs du parti unifié, Rhdp pour être logique avec nous-mêmes comme nous l'avons toujours été dans nos choix.
Quel est l'avenir du Pit aujourd'hui ?
L'avenir du Pit sera l'avenir de tous les partis membres du Rhdp.
Au Pdci, il y a des palabres. Un groupe penche pour la survie du Pdci quand un autre n'est pas contre le fait que le Pdci se fonde dans le Rhdp. Pour vous, est-ce que le Pit est prêt à disparaître au profit du Rhdp ?
Nous sommes membre du Comité du haut niveau. Nous avons participé à l’élaboration des textes. Avant d’y adhérer, au Pit, nous avons pris l'avis de toutes les instances du parti et ces instance nous ont donné leur accord pour que nous puissions enclencher les démarches pour appartenir au Rhdp. Donc, après avoir fait ce choix et après avoir écrit les textes qui disent que nous devons in fine appartenir au parti unifié-Rhdp, j'ai dit que ce sont des choix qu'il faut assumer. Pour en revenir au Pdci, le président Henri Konan Bedié, à l'instar des autres partis politiques, a signé l'accord politique du parti unifié. Il a été le premier à signer avant que nous autres, nous ne signions. Il reste qu'il se prononce, qu'il ratifie les textes fondateurs. Une décision dans un parti politique, comme il y va des partis politiques comme de la vie des Hommes, ne peut pas avoir une adhésion à 100 % de tout le monde, des militants d'un parti politique. Dès le moment où la grande majorité se dégage pour cette position, démocratiquement, c’est cette position qui l'emporte. (…)
Dimanche 17 juin dernier, le Pdci-Rda, lors de son Bureau politique, a rejeté l'idée d'un parti unifié après la présidentielle de 2020. Quel commentaire faîtes-vous ?
Le Pdci-Rda a reporté l'adoption des textes fondateurs du Rhdp a son 13e congrès après 2020. Cette décision nous assomme. D'autant plus que le Pdci est une des locomotives du Rhdp. Nous aurions voulu que ce grand parti gardé sa place dans la coalition pour la rendre encore plus forte. Cela n'a pas été le cas. Nous regrettons en même temps que nous respectons leur décision. Cependant, le Pdci n'a pas fermé la porte et cela est réconfortant. Nous espérons le voir prendre toute sa place dans la coalition.
Le président Ouattara, dans une interview à ''Jeune Afrique'', n'a pas exclu la possibilité d'un troisième mandat en 2020. Êtes-vous favorable à un 3e mandat du chef de l’État ?
Le président Ouattara n'a jamais dit qu'il était candidat. Tant qu'il n'a pas affirmé de façon claire et nette sa candidature, nous ne pouvons pas faire de la fiction pour nous prononcer. Le chef de l’État peut dire que je suis candidat conformément à certaines dispositions de la Constitution qui disposent que quand le pays ne connaît pas la stabilité, on ne peut pas organiser d'élections. Ce que nous retenons, c'est que le président Ouattara est un homme de parole. Il a dit qu'il ne sera pas candidat à un 3e mandat. Mais, dans les journaux, dans les meetings, d'autres personnes viennent dire qu'il est candidat. Alors, c'est certainement agacé par tout cela, qu'il a fait cette déclaration dans ''Jeune Afrique''. Je pense que c'est une réponse d'agacement du président face à ce qui s'apparente comme un harcèlement. Nous sommes encore loin de 2020. Il faut noter aussi que si le président venait à dire de façon formelle qu'il n'est pas candidat, cela va fragiliser son pouvoir et ouvrir la porte à toutes les velléités, surtout qu'autour de lui, dans son camp, hors de son camp, dans le camp de l'opposition, il y a des ambitions démesurées. C'est pour juguler tout cela qu'il fait cette sortie.
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