Il est l'homme des missions secrètes, parfois incertaines. Il fait ses classes dans l'ombre du président de la République, Alassane Ouattara. Nouveau maire d'Abobo, il vient de réussir un nouveau challenge. Incursion dans les missions secrètes d'Hamed Bakayoko avec un confrère, qui dresse le portrait de l'homme cette semaine.
Cette semaine, Jeune Afrique (JA) lui consacré toute une lucarne. Le ministre de de la Défense, qui a voulu et conquis la commune d’Abobo, dont il est le nouveau maire élu, est l’homme de la semaine dans la dernière parution de l’hebdomadaire panafricain. Le confrère, qui fait un long portrait de l’ancien leader étudiant, devenu journaliste, patron de radio, puis depuis plus d’une décennie, fait des révélations sur des missions non moins difficiles que le président de la République, Alassane Ouattara, confie à Hamed Bakayoko. Considéré, en effet, comme l’un des « modérés » du Rdr, le seul ministre d’Etat dans le gouvernement actuel est également dépeint comme un « partisan de la négociation » dont l’ouverture et le réseau au-delà de sa chapelle politique l’aide à mener des missions parfois incertaines pour le pouvoir.
Ainsi, pendant les moments de braise de l’ex-rébellion, Hamed Bakayoko aura été, de par ses relations avec les ex-comzones, un des acteurs des négociations dans l’ombre pour rétablir l’ordre. Il aura été l’homme providentiel, le messager idéal du Rdr auprès des ex Forces nouvelles, souligne JA, alors que les relations étaient tendues entre Amadou Gon Coulibaly (actuel Premier ministre) et Guillaume Soro (président de l’Assemblée nationale).
Même avec le Front populaire ivoirien (Fpi), l’ex-ministre des Nouvelles Technologies de l’Information et de la Communication n’a pas de souci d’approche. Dans le parti de l’ex-président Laurent Gbagbo détenu à la Haye, Hamed Bakayoko, qui a été son ministre, fait bon usage de ses réseaux. Ouvert à tous et ayant une grande capacité d’écoute, il est un interlocuteur accessible avec lequel beaucoup ne rechigneraient pas à discuter en toute discrétion. Ces dernières années, écrit JA, c’est lui qui devait « gérer » Pascal Affi N’Guessan, l’ancien Premier ministre et dépositaire du parti de Laurent Gbagbo. « En se rapprochant du leader du Front populaire ivoirien (FPI), il est parvenu à diviser l’opposition », souligne le confrère qui va plus loin en révélant des discussions ardentes, ces derniers mois, du ministre de la Défense avec la frange la plus dure des pro-Gbagbo, les partisans d’Abou Drahamane Sangaré, avant l’annonce de l’amnistie accordée à 800 prisonniers politiques. « Partisan de la négociation Déjà, Hamed est un homme de mission. Intuitif, il a le contact facile et des connaissances dans tous les milieux. Même tard le soir, il reçoit beaucoup, discute et, loyal, se rend disponible pour remplir les « missions » que lui assigne le président », apprend-on de JA.
Ainsi, Hamed Bakayoko ne pouvait pas ne pas être présent dans la tentative de recherche de solution à la crise qui oppose le Rassemblement des Houphouëtistes (Rhdp), parti unifié, au Pdci-Rda, qui en est sorti. Ancien militant lui-même du Pdci-Rda où il a fait ses classes en tant que jeune leader estudiantin dans le défunt Mouvement des élèves et étudiants de Côte d’Ivoire (Meeci, école du parti), le ministre d’Etat d’Alassane Ouattara serait désormais en première ligne dans les négociations depuis que Henri Konan Bédié a décidé de mettre fin à son alliance avec le Rdr. Contrairement à d’autres caciques prêts à tourner la page, lui, reste très positif et optimiste. «Ce n’est que passager, ça va s’arranger », assure-t-il, s’inscrivant comme un farouche partisan de la négociation avec les anciens alliés.
D’ailleurs, son « parachutage » en tant que maire d’Abobo, ne serait pas le fruit d’un pur hasard. L’engagement soudain du député de Séguéla dans cette commune populaire et populeux répond à l’une de ces sollicitations auxquelles il est coutumier de son mentor. Hamed Bakayoko ne semblait pas rêver de diriger Abobo. Mais, c’est le président de la République, Alassane Ouattara, lui-même, qui, face au risque de désaffection encouru par son parti, le Rdr, dans ce qui est considéré par tous comme son bastion à Abidjan, l’a lancé dans la bataille. «Quand il y a péril en la demeure, Hamed est souvent l’ultime recours ». Témoignage d’un cadre du Rdr relayé par l’hebdomadaire panafricain. « Le président l’a appelé pour lui dire: “J’ai réfléchi, il faut que ce soit toi.” Mais Hamed ne se sentait pas vraiment convaincu ». Le géant ministre de la Défense aurait même hésité. Avant de foncer comme il en a l’habitude. «Ce n’est pas un intellectuel, il y va tête baissée. Il n’a peur de rien, c’est sa force », dirait-on dans son entourage.
Jusqu’où pourrait aller cette complicité entre Alassane Ouattara et son ministre ? Des ambitions, le ministre d’Etat n’en affiche pas. Mais, soutient l’un des confidents du Rdr à JA, « Il est peu à peu devenu indispensable». L’homme, lui, semble préférer les choses venir à lui. « Je ferai ce qu’Alassane Ouattara me dira de faire », confie-t-il sur sa trajectoire politique.
Hamed Bakayoko, dans les confidences de JA, faut-il le rappeler, fait partie du trio que le chef de l’Exécutif ivoirien aurait pointé du doigt, il y a peu, parmi les personnalités capables de postuler à sa succession, en dehors du Premier ministre Amadou Gon Coulibaly et du président de l’Assemblée nationale, Guillaume Soro dans le cadre du passage du témoin à une nouvelle génération qu’il prône.
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