C’est un fait inédit dans la politique ivoirienne depuis le multipartisme : l’élection du président de l’Assemblée nationale par la majorité et la quasi-totalité des députés de l’opposition.
Adama Bictogo, qui portait les couleurs de son parti le RHDP, a reçu le soutien officiel des autres partis d’opposition. Un plébiscite au nom de la réconciliation, qui pose toutefois des questions.
Depuis quelques temps, la classe politique ivoirienne bruisse de rumeurs sur une rencontre à venir entre Ouattara, Bédié, et Gbagbo. « Le principe en a été acté il y a plusieurs semaines », confirme une source au RHDP.
Dans l’opposition on semble attendre beaucoup de ce dialogue à trois, notamment sur un certain nombre de revendications discutées par les partis lors du dialogue politique mais restées au point mort depuis.
C’est donc en prévision de cette rencontre que l’opposition dit avoir plébiscité Adama Bictogo au perchoir mardi. Un poste auquel mathématiquement aucun opposant ne pouvait accéder de toute façon. « C’est pour que cette rencontre accouche des attentes véritables des Ivoiriens, comme la libération des prisonniers militaires ou des avancées au niveau électoral, à la CEI, au Conseil constitutionnel, sur le découpage électoral que nous avons fait ce geste », explique Hubert Oulaye du PPA-CI.
Reprendre la main sur la réconciliation
« Pour le PDCI et le PPA-CI, c’est un moyen de reprendre un peu la main sur la réconciliation. Gbagbo n’a envoyé aucun signal fort sur cette question depuis son retour il y a un an. Bédié non plus depuis sa rencontre avec Ouattara en novembre 2020. C’est aussi un moyen pour eux de montrer qu’ils peuvent faire avancer leurs revendications comme ça », analyse un cadre du RHDP.
Pour le politologue Geoffroy Julien Kouao, cette future rencontre à trois ne peut justifier l’absence de candidature au perchoir. « Est-ce que l’opposition ne présentera pas de candidats aux élections locales de 2023 au nom de la réconciliation ? », s’interroge encore le politologue.
« Ce qui s’est passé mardi est un recul de la démocratie. Les députés ont la nostalgie du parti unique », conclut-il.
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