Samedj 22 avril 2017, Alain Toussaint, ex-conseiller de Laurent Gbagbo, a publié sur les réseaux sociaux un bien curieux communiqué à l’issue d’une rencontre qu’il a eue la veille avec Franklin Nyamsi, conseiller spécial de Guillaume Soro.
Dans ce communiqué qu’il s’est vu obliger de pondre, Alain Toussaint indique qu’ils ont débattu de la question de la réconciliation et a interpellé le conseiller spécial du président de l’Assemblée nationale sur la nécessité de libérer les 212 prisonniers politiques pro-Gbagbo.
Il affirme d’ailleurs avoir donné le nom et la situation de ces personnes à Nyamsi. L’ex-conseiller de Gbagbo assure avoir aussi indiqué la nécessité pour les députés de voter une loi d’amnistie générale pour tous les évènements de la crise post-électorale. Ce qui facilitera la réconciliation et contribuera à la paix en Côte d’Ivoire.
Par la suite, Alain Toussaint affirme sa disposition à rencontrer Guillaume Soro pour dans ce sens. « D’autre part, j’ai affirmé ma disponibilité à m’associer à toute action politique inclusive susceptible d'œuvrer sincèrement à la cohésion sociale et l’unité nationale, seul gage d’une paix durable. Dans cette optique, j’ai confié ne trouver aucun inconvénient à rencontrer Monsieur Guillaume Kigbafori Soro, Président de l’Assemblée Nationale », a écrit Alain Toussaint.
L’ex-conseiller de Laurent Gbagbo a fini son communiqué en annonçant son retour au pays, cette fois non pas prioritairement pour obtenir la libération des prisonniers, mais « afin de participer pleinement et activement à la vie politique nationale en vue de l’élection présidentielle de 2020 ». Ce dernier point du communiqué d’Alain Toussaint soulève des interrogations.
Pourquoi 2020 principalement au cours de cet échange ? Et aux côtés de qui entre Affi et Sangaré le pro-Gbagbo sera-t-il, à moins de s’afficher lui-même. D’autres parts Soro Guillaume est-il un obstacle à son retour d’exil ?
A la vérité, et si l’ex-conseiller de Laurent Gbagbo était simplement démarché par Guillaume Soro en vue de la présidentielle à venir ? Tout porte à croire que le sujet est le principal objet de la rencontre entre lui et Franklin Nyamsi. Les vieux sujets de la libération des pro-Gbagbo et l’amnistie se présentent comme de la diversion. Et ce communiqué pour un simple tête-à-tête ordinaire s’apparente à un teasing, une préparation des esprits à ce rapprochement. Car 2020, c’est encore dans 3 ans. Et d’ici Alain pour attirer dans l’écurie Soro quelques pro-Gbagbo, pourquoi pas.
De la part de Soro Guillaume, une telle démarche pour avoir la sympathie et la faveur des pro-Gbagbo se comprend. Mieux vaut se rapprocher et faire la paix avec l’ancien adversaire quand on perçu comme un ennemi dans son propre camp. Et sa dernière posture achève de convaincre de cette stratégie.
D’abord son récent discours à l’Assemblée nationale lors de la rentrée parlementaire, dans lequel, se prononçant sur la réconciliation, il a presqu’embouché la trompette des pro-Gbagbo. Aussi, depuis un moment, son discours très vantard des actions de la rébellion a laissé place à des messages de pardon, de repentance, d’union. Comme souhaitent les pro-Gbagbo. Des discours qui prennent le contre-pied de ceux dits par des cadres du RDR qui continuent à demander aux pro-Gbagbo de se repentir et de demander pardon aux Ivoiriens. Qui remuent toujours le couteau dans la plaie.
Cette posture de Guillaume Soro se comprend dans la mesure où il est clair qu’il n’est pas le bienvenu au RHDP où la division se profile à l’horizon entre le RDR et le PDCI, au vu des positions tranchées à propos de l’alternance 2020. Encore moins au RDR où Amadou Gon Coulibaly est celui qui est pressenti pour succéder à Alassane Ouattara. Même Hamed Bakayoko, le chouchou de Ouattara, a été effacé. La solution, c’est de voir ailleurs. Même s’il faut pactiser avec l’ennemi. « La politique est une saine appréciation du moment » a dit une autorité bien connue en Côte d’Ivoire.
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