Le commissaire du 16e arrondissement, Touré Bertin, témoin de l’Accusation dans le procès Gbagbo, a fortement accablé Blé Goudé, à l’audience de ce jeudi 11 mai 2017.
Expliquant la raison de son rapport établi le 28 février 2011, où il rendait compte de la situation à Yopougon lors de la crise post-électorale en 2011, le commissaire a relaté les tueries perpétrées par des jeunes patriotes suite à l’appel de Blé Goudé d’ériger des barrages d’auto-défense dans les quartiers. Il a a déclaré que c'est Blé Goudé qui a demandé aux gens de mettre ces barrages. Il dit avoir entendu Blé Goudé lancé lui-même cet appel à la télévision nationale.
Dans son rapport, il avait proposé que ses supérieurs interpellent Blé Goudé et lui demandent de lancer un nouvel appel pour faire cesser. Parce qu’il a constaté qu’à ces barrages dressés dans les quartiers de sa zone de compétence, des gens étaient tués. « Avant le 25 février, 8 personnes avaient été tuées à ces barrages. Mais au-delà du 28 février, les choses se sont aggravées. C’est quotidiennement que les gens étaient tués ».
Les faits lui étaient signalés par des témoins qui appelaient sur le n° vert 170. « Nous faisons le constat lorsque nous nous rendons sur les lieux », a dit Touré Bertin.
A ces barrages, le commissaire a expliqué que des personnes portant des noms à consonance nordiste étaient des cibles. Les gens venant du Mali, du Burkina Faso, du Niger, « tout ce qui au-delà de Bouaké était à la limite considéré comme assaillants ou rebelles » étaient vu comme des assaillants et rebelles. « C’est comme ça qu’on les appelait », a dit le commissaire. Selon lui, ces nordistes étaient reconnus « par leur faciès, par leurs pièces d’identité, de gris-gris ou amulettes ».
Il a ajouté que ces jeunes patriotes achetaient du pétrole pour 100f et une boîte d’allumette. « On vous met un pneu, on met le pétrole et ils mettent feu, ils appelaient ça l’article 125 ». Il a assuré que son cousin a failli en être victime.
A ces barrages, les jeunes patriotes détenaient des armes, soutient Touré Bertin. « Sur dix, un seul portait une arme. Les autres avaient des machettes, des gourdins, des objets contondants », a affirmé le commissaire. Selon lui, c’était des fusils de chasse qu’ils portaient, rarement des armes qu’utilisent les forces armées.
Le témoin a dit avoir été contrôlé à ces barrages. « On a été victimes nous-mêmes. Quand on est en civil, quand bien vous dites que vous êtes commissaire de police, on exige votre carte ».
Devant cette situation, le commissaire dit avoir espéré que sa hiérarchie allait amener Blé Goudé et lui demander de faire cesser les barrages. « Mais malheureusement, cela n’a pas été fait ».
Il a partagé son idée à son supérieur direct qui a trouvé l’idée géniale. « Après avoir appelé, je ne sais pas si c’est Blé Goudé, il m’a demandé de l’accompagner. Nous sommes partis au siège du Cojep, aux toits rouges. Blé Goudé était, les deux se sont entretenus en aparté pendant 20 minutes. Après on est reparti. En chemin, il ne m’a rien dit. Je ne lui ai pas rien dit non plus. J’ai compris que c’était un échec », a affirmé.
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