Procès Gbagbo : Le général Mangou pris en flagrant délit de mensonges sur un rapport

L’audition du général Philippe Mangou au procès de Laurent Gbagbo et Blé Goudé, mardi 3 octobre 2017, s’est achevée sur une note en défaveur du témoin. Le général Philippe Mangou a été pris en flagrant délit de mensonge sur la rédaction d’un rapport que lui a demandé l’ex-ministre de la Défense Paul Koffi Koffi, sur la chaîne de commandement des FDS.

En effet, lors de l’interrogatoire de l’Accusation, Mangou avait expliqué que c’est le 12 avril 2011 où il s’est rendu au Golf Hôtel pour faire allégeance à Ouattara, qu’au terme de l’audience, le ministre Paul Koffi Koffi lui a demandé de produire ledit rapport. Chose qu’il a confirmé aujourd’hui devant l'avocat. Pourtant, Me Altit découvre que ce rapport a été fait en 2013, au Gabon. « Donc, vous avez écrit le rapport deux ans après qu’il vous ait été demandé ? », demande-t-il à Mangou. Le général se perd et accuse les dates. Il dit qu’il a peut-être confondu la période. Il ne sait si c’était avant ou après.

Mais l’avocat va lui rafraîchir la mémoire en lisant ses déclarations aux enquêteurs de la CPI. A ces derniers, le général Mangou aavit clairement dit que c’est depuis Libreville, au Gabon où il est ambassadeur, qu’il a écrit le rapport. Cela lui a été demandé par le ministre au cours d’une visite de Ouattara au Gabon pour prendre part au New York Forum of Africa et parrainé une sortie de promotion de militaires gabonais. Et que c’est à l’issue d’une rencontre entre le président Ouattara et Fatou Bensouda qui, elle aussi était à Libreville pour le New York Forum of Africa.

Mangou avait indiqué aux enquêteurs que Bensouda a été annoncée et qu’il l’a vu venir. Mangou avait également dit aux enquêteurs qu'à l’issue de l’audience entre Ouattara et Bensouda, lorsque Paul Koffi Koffi lui a demandé le rapport sur la chaîne de commandement, il a lui-même tapé rapidement le document, avec même des fautes vu l'urgence et l'a remis au ministre.

Mais à Me Altit, après le rafraîchissement de sa mémoire, le général va admettre que le rapport a été fait en 2013 au Gabon, lors de la visite de Ouattara. Par contre, il affirmera que Bensouda a été certes annoncée mais qu’il ne l’a pas vu venir. Encore qu’il s’est déplacé à Abidjan pour remettre le rapport à Paul Koffi Koffi. Chose bizarre que Me Altot a relevé, c'est que ledit rapport a été écrit au moment où Bensouda cherchait des éléments pour constituer son dossier contre Gbagbo, notamment après la confirmation des charges contre l’ex-président. Et Altit de demander à Mangou : « Avez-vous été menacé par qui que ce soit ? » Et le général de répondre en riant « personne ne m’a menacé ! ». Sur ces faits, le juge lève la séance.