Les relations entre l’ex chef d’Etat ivoirien Laurent Gbagbo
et Jacques Chirac n’ont pas été toujours tumultueuses. En tout cas si on en
croit Robert Bourgi. En effet, selon l’ancien monsieur Afrique, Gbagbo a
accepté de financer la campagne présidentielle de Chirac au restaurant
Laperouse autour d’un vin avec Dominique de Villepin, alors ministre des affaires
étrangères.
« Dominique de Villepin m’avait dit : ?Robert, j’apprécierais
de déjeuner en tête à tête avec vous dans un bon restaurant. Laurent Gbagbo
apprécie le bon vin, vous aussi?. Laurent Gbagbo était alors en visite
officielle à Paris, il sortait d’un entretien avec Jacques Chirac, et nous nous
sommes retrouvés au restaurant Laperouse, et non pas Voltaire (comme indiqué
dans l’ouvrage de Laurent Gbagbo, Ndlr). Et c’est là que Dominique de Villepin,
assisté de moi, a dit à Laurent : ?Voilà, nous allons vers une campagne
électorale, il est de tradition que les chefs d’Etat africains aident les
partis politiques français. Là, nous sommes au pouvoir. Est-ce qu’éventuellement
tu pourrais nous aider ? ?. Et Laurent Gbagbo de lui répondre spontanément : ?Il
n’y a pas de problème. Le moment venu, tu me le fais savoir et j’enverrai un
émissaire?. », a-t-il confié.
Par la suite, Laurent Gbagbo, révèle Bourgi, a tenu sa
parole en offrant trois millions de dollars à Jacques Chirac dans un hôtel
parisien.
« Et lors d’un deuxième voyage officiel de Laurent Gbagbo à Paris
(il résidait à l’hôtel Athénée), une réunion s’est ténue dans la suite
présidentielle de Laurent Gbagbo. Il y avait là son ministre des Finances, son
directeur de cabinet, Jacques Anouma, ancien président de la Fédération
ivoirienne de football. Il y avait aussi l’ambassadeur Eugène Allou, son
directeur de protocole et chef de cabinet. Ils avaient réuni la somme de trois
millions de dollars », a-t-il dévoilé.
Mamadou Koulibaly, ancien président de l’Assemblée nationale
de Côte d’Ivoire, a confirmé cette information.
« Robert Bourgi a parfaitement raison il y a eu un transfert
d'argent entre Laurent Gbagbo et Jacques Chirac, en 2002», a-t-il
attesté.
Laurent Gbagbo lui-même, à travers son livre "Pour la
vérité et la justice" co-signé avec le journaliste français François
Mattei, ne contexte pas totalement cette version.
« C’était en 2001, je pense. Villepin et Robert Bourgi m’ont demandé?
de cracher au bassinet pour l’élection en 2002 en France. Nous étions au
Voltaire, un restaurant qui est sur le quai du même nom, près de la
Documentation française. C’était le prix pour avoir la paix, en Franc?afrique. J’ai eu une entrevue avec Chirac, tout s’est très
bien passe?, il m’a raccompagne?, il était très amical, et il m’a dit en me
tapant sur l’épaule, sur le perron : « Je ne suis pas un ingrat. » Je ne suis
pas fier de cet épisode, mais je pensais y gagner la marge de manœuvre nécessaire
pour avancer vers nos objectifs », s’est-il remémoré.
Puis de regretter : « On me l’a reproché? en
disant que c’était la preuve de mon double langage, que je m’appuyais sur le
ne?o-colonialisme pour le critiquer. Comme si on pouvait toujours répondre a?
des partenaires aussi puissants, sans employer la ruse, et la diplomatie. On
m’a mis dès le début en situation de crise et d’urgence permanentes. Je
n’aurais pas accepté?. Ils le savaient. Cela n’a pas amélioré? nos relations.
Plus tard, Chirac a dit que je l’avais « manque? », je n’ai pas compris
pourquoi. Il a prétendu que j’avais laisse? filtrer l’information. »
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