Entre 2000 et 2011, plusieurs milliers d’Ivoiriens ont sacrifié leurs vies, soit pour sauver ou protéger le pouvoir de Laurent Gbagbo, soit pour permettre à Alassane Ouattara d’accéder au pouvoir d’Etat.
Après la chute du fondateur du Front populaire ivoirien (FPI) le 11 avril 2011 puis son transfert à la Cour pénale internationale (CPI) et l’accession au pouvoir de l’ex-patron du Rassemblement des républicains (RDR), les partisans des deux camps ont continué à se regarder en chien de faïence ces dix dernières années. Si bien qu’à la suite de l’acquittement définitif de Laurent Gbagbo par la CPI en fin mars 2021, ceux qui se font appeler Gbagbo ou rien (Gor) croyaient que l’heure de la revanche avait sonné pour eux. Ainsi depuis son retour en terre ivoirienne le jeudi 17 juin 2021, très peu de personnes ont parié sur une rencontre conviviale et fraternelle entre les deux rivaux. C'est désormais acté et de fort belle manière. Laissant pantois les va-t-en-guerre !
Cette scène surprenante mais utile pour la décrispation qu’il nous a été donné de voir a conduit une partie de l’opinion nationale ivoirienne à conclure que « les gens sont morts pour les deux hommes politiques pour rien ».
Le journaliste Sylvain Débailly ne partage pas tout à fait cette perception des choses. Pour lui, « hormis les innocents, ceux qui ont été surpris par une balle ou autre engin létal, les autres l'ont été pour leur vision du monde. Certains se sont livrés à la mort pour que Ouattara devienne président. Il l'est devenu. D'autres sont morts pour leur attachement à l'idéal de Gbagbo. Cet idéal-là a vacillé, il s'est penché tel un roseau sous les vents, mais jamais il n'a rompu. Gbagbo est sorti de prison. Ils ne sont donc pas morts pour rien ».
De ce point de vue, Sylvain Débailly n’a pas du tout tort. Car nos parents ou grands-parents ont sacrifié leurs vies pour Félix Houphouët-Boigny afin qu’il obtienne l’indépendance de la Côte d’Ivoire. Il en est de même pour tous les peuples qui ont connu des révolutions ou des luttes pour leurs libertés.
Qu’à cela ne tienne ! Les Ivoiriens doivent définitivement comprendre que les hommes politiques sont comme les Etats, ce qui prime par-dessus tout pour eux, ce sont leurs intérêts personnels. Aussi, est-il primordial d'intégrer qu'en dépit de la passion qui l'entoure parfois, la politique est comparable à un film où chaque acteur principal (leader politique) joue le rôle qui est le sien.
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