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Politique

Retour de Gbagbo en Côte d’Ivoire : Chaudes empoignades entre Touré Mamadou et les représentants du Pdci, du Fpi et un proche de Soro

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Difficile entente au sein de la classe politique ivoirienne dont des représentants ont étalé la profondeur de leurs divergences sur le Plateau de Rfi ce dimanche 17 mars 2019 , à l’émission ‘’Débat africain’’.

« A chaque fois, lorsqu’on discute sur un plateau ivoirien, on a beaucoup du mal à terminer, puisque tout le monde parle en même temps. C’est encore très passionné et passionnel entre vous. En tout cas, on souhaite qu’il ait une réconciliation véritable dans ce pays dans peu de temps, puisque vous arrivez à vous parler et que vous êtes généralement des frères sur ce plateau». Cette conclusion du journaliste-modérateur de radio France internationale (Rfi) sur le plateau de son émission ‘’Débat africain’’ en dit long sur l’ambiance qui a prévalu. C’était chaud, très chaud même ce dimanche17 mars sur le plateau du célèbre journaliste polémiste, Alain Foka, enregistré depuis Abidjan. Le confrère de Rfi avait comme invités, 4 personnalités de diverses tendances politiques en Côte d’Ivoire. Il s’agit du ministre Touré Mamadou, porte-parole adjoint du gouvernement, seul face à trois caciques de l’opposition, notamment M. Séry Gouagnon, vice-président du Front populaire ivoirien (Fpi), chargé de la justice, des libertés publiques et des droits de l’Homme, Méité Sindou, Conseiller de l’ex-président de l’Assemblée nationale, Guillaume Soro et Ange Dagarret Dassaut, membre du Bureau politique du Pdci-Rda.

Ces invités avaient à débattre de la question relative au retour non encore effective de l’ex-président ivoirien, Laurent Gbagbo et de son poulain Charles Blé Goudé, en Côte d’Ivoire, malgré leurs acquittement par la Cour pénale internationale, devant laquelle ils ont comparu de longues années durant. « La libération de Laurent Gbagbo par la CPI, le vendredi 1er février 2019, a suscité une vague de réactions les plus contradictoires et les plus passionnées. Pourtant, malgré sa libération, l'ancien président n'a, pour l'instant, pas le droit de retourner en Côte d'Ivoire. Que redoute la CPI en empêchant le retour de Laurent Gbabgo et Charles Blé Goudé en Côte d'Ivoire ? Abidjan est-elle vraiment prête à les accueillir ? ». Ainsi, le modérateur a introduit l’émission, qui va laisser lieu à un débat passionné et houleux entre les représentants des différentes plateformes politiques sur la scène ivoirienne.

Tandis que Touré Mamadou réaffirme l’impossible immixtion des autorités et du gouvernement ivoirien dans le fonctionnement de la juridiction internationale, il subit les tirs groupés des autres invités qui, partant sur la base d’un « exil forcé » après l’acquittement de l’ancien chef de l’Etat, soupçonne des mains politiques dans l’affaire. « Laisser croire que le gouvernement ivoirien aurait pu avoir une influence sur la procédure à la Cpi est une méconnaissance des juridictions internationales et de la complexité de leurs procédures. (..). Nous avons pris note de la décision d’acquittement, mais aussi du recours envisagé par le procureur et que le plus important pour nous et toutes les actions menées concourent à la réconciliation nationale telle que voulue par le président Ouattara.(..). Nous n’avons aucun commentaire sur les décisions de justices. C’est notre posture. »

La réaction des opposants sur le plateau ne se fait pas attendre. A commencer par le représentant du Pdci-Rda qui s’indigne que l’on puisse « demander à des frères s’ils puissent accueillir leurs frères ». Ange Dagarret va s’appuyer sur les dispositions de la Constitution de juillet 2000 reconduites dans la nouvelle Constitution, qui interdit qu’un Ivoirien soit contraint en exil. Pour lui, tout est question d’une volonté politique des autorités ivoiriennes. On aurait pu éviter le transfèrement à la Cpi des ex-dirigeants ivoiriens tout comme on peut agir de sorte à favoriser leur retour. Car, se convainc le cadre du Pdci-Rda, il y une « interférence » dans les affaires de la Cpi. Une position soutenue par le Conseiller de Guillaume Soro, qui fait le constat de l’image que la Côte d’Ivoire donne de l’intérieur que de l’extérieur. « Cette affaire n’aurait jamais du être », soutient Méité Sindou, qui va se faire reprendre par le ministre Touré sur le « principe de subsidiarité » qu’il évoquera pour déplorer que Laurent Gbagbo ait été conduit devant la Cpi, alors qu’il était déjà poursuivi par les juridictions nationales pour des crimes économiques. Ce qui voudrait dire que les juridictions étaient fonctionnelles. Selon M. Sindou, ce débat a été mené, à l’époque, au sein du cabinet du Premier ministre Guillaume Soro. « Nous nous sommes émus, pour certains de ses collaborateurs, que la Côte d’Ivoire inaugure cette ère d’un transfèrement d’un président fraichement sortis de l’exercice du pouvoir vers des juridictions internationales… ».

Rebondissement de Mamadou Touré, qui appelle à plus de sérieux dans le débat et qu’on évite, « pour des postures opportunistes », de réécrire l’histoire. « Guillaume Soro a participé à la prise de cette décision. Guillaume Soro, sur des médias internationaux, a défendu et justifié cette décision (…). Je voudrais dire à mon frère du PDci que le ministre de la Justice qui a piloté ce dossier était Ahoussou Jeannot, qui appartient au Pdci». Et le ministre Touré, de contrarier Méité Sindou sur le principe de subsidiarités qui porte sur les crimes de même nature, tandis que la Cpi a réclamé Laurent Gbagbo pour des « crimes contre l’humanité ».

Aujourd’hui, que faire après son acquittement pour que Laurent Gbagbo revienne au pays ? Est-ce qu’il y a une volonté pour qu’il revienne, à fois du pouvoir que des populations ?, interroge le modérateur. « Je ne le sens pas », répond le représentant du Pdci, pour qui, au-delà des décisions de justice, l’on devrait prendre en compte le fait que derrière Laurent Gbagbo se trouvent 46% des Ivoiriens, si l’on s’en tient aux résultats des élections de 2010.

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