Alain Takoué est un ex-journaliste de Le Nouveau Réveil, quotidien proche du pouvoir. Aujourd’hui, homme politique qui se projette pour la présidentielle de 2020, il décrypte la situation sociopolitique en Côte d’Ivoire et demande au président Ouattara de passer la main. Lire sa déclaration dont nous avons reçu copie.
« Le pays va mal, et le constat est clair et net. Je l’avais dit à haute et intelligible voix, le 27 décembre 2016, dans mon discours d’annonce de ma candidature à la présidentielle 2020. Depuis le 5 janvier 2017, les faits que les Ivoiriens constatent en Côte d’Ivoire me donnent raison et inquiètent plus d’un. On a d’abord eu affaire à une mutinerie de soldats revendicateurs de primes, qui ont fait entendre des bruits de bottes et des coups de canons dans plusieurs villes du pays, y compris Abidjan. Ceux-là, pour avoir plongé le pays dans la psychose, ont été entendus avant deux semaines par les autorités gouvernementales. Leurs revendications financières, sociales et corporatistes ont finalement connu, sous la signature d’un accord, un début de satisfaction depuis le lundi 15 janvier 2017. D’un autre côté, le front social s’est mis en branle avec la grève générale des fonctionnaires et agents de l’Etat pour d’autres revendications connues des autorités gouvernementales. Cette grève, lancée depuis le lundi 9 janvier 2017, est reconduite cette semaine à cause du mépris que nos gouvernants affichent face à cette situation explosive. Jusqu’où ira-t-on avec ces malaises qui tétanisent et handicapent progressivement le corps social sans qu’on ne voit en face une volonté politique réelle de thérapie? Les Ivoiriens s’interrogent, en toute légitimité, sur ces faits, prostrés chez eux et gagnés par la peur et la crainte de voir les choses virer au cauchemar. Nos autorités gouvernementales n’ont-elles plus de solutions-miracles pour résoudre durablement les crises existentielles réelles qu’on ne saurait maquiller et qui se font jour, en plus vrai, sur la place publique ? Nos lendemains sont, à la vérité, angoissés. Les Ivoiriens s’interrogent toujours sur ces constats et il leur faut des réponses claires immédiates. Si ces réponses pressantes tardent, alors qu’elles sont vivement attendues pour libérer les Ivoiriens des tourments qui les envahissent, c’est que c’est vraiment dur pour nos gouvernants d’avouer enfin, à la face du monde, que les problèmes légitimes soulevés par le front social, et qui concernent les conditions de vie et de travail des hommes et des femmes qui font tourner à plein régime la fonction publique au bénéfice de l’économie du pays, sont tout simplement au-dessus de leurs forces et de leurs intelligences. Si tel est le cas, si la volonté politique de nos gouvernants bat en retraite pour incompétence devant les revendications sans coups de canons d’un front social qui ne demande qu’à être écouté et compris, l’heure n’est-elle pas venue, pour ces gouvernants, de rendre honnêtement le tablier à qui le peut? Mais non. Résoudre les problèmes posés en toute non-violence ne les intéresse pas, alors que l’argent public ne fait pas défaut dans les caisses de l’Etat, au vu même de la croissance économique à presque deux chiffres, brandie pour bien montrer l’excellente santé financière du pays. Non, rendre tout aussi heureux les fonctionnaires et agents de l’Etat n’est pas à l’ordre du jour des gouvernants. Au contraire, on festoie au palais présidentiel pour y faire prêter serment, en toutes pompes, au tout nouveau et glorieux vice-président de la République. On apprête ainsi le pays à entrer de pleins-pieds dans une nouvelle ère jouissive de dépenses publiques excessives et excédentaires occasionnées par les nouvelles institutions de la toute fraîche 3ème République. Et cela, pendant qu’on ne peut même pas donner au front social les miettes que demandent les fonctionnaires et agents de l’Etat, sur la richesse nationale mirobolante brassée à la sueur du front par les forces de travail du pays. Où va la Côte d’Ivoire sous le régime de cette 3ème République inquiétante ? Les Ivoiriens continuent de s’interroger et le front social de bouillir… »
César DJEDJE MEL
0 Commentaires
Participer à la Discussion
Commentez cet article