Une mutilation inutile et trop souvent imposée, c'est le reproche que de nombreuses femmes font aujourd'hui à l'épisiotomie. Mais cette intervention permet d'éviter des déchirures graves du périnée. L'avis de l'expert.
Réalisée dans la phase finale de l'accouchement, lorsque la tête du bébé apparaît, l'épisiotomie consiste à pratiquer une incision de quelques centimètres de la paroi du vagin et des muscles superficiels du périnée. Il s'agit forcément d'un geste décidé rapidement par la sage-femme ou l'obstétricien.
"Quand j'étais interne, on m'a appris qu'il fallait en faire parce que ça protégeait le périnée", se souvient le Pr Nisand. Dans les années 70, elle est d'ailleurs quasi systématique. Au milieu des années 90, on la pratique encore une fois sur deux, avant de diminuer, à mesure que les études viennent évaluer son bien-fondé.
UN GESTE SOUVENT MAL VÉCU
Selon le Dr Yamgnane, "l'épisiotomie systématique ne protège pas le périnée des femmes" . Celui-ci est capable de cicatriser facilement après une petite déchirure. Les équipes y ont donc globalement moins recours aujourd'hui. Ce qui veut dire qu'on en fait quand même systématiquement dans certaines maternités. Et il est vrai que ce geste est parfois très mal vécu. Mais attention, prévient le Dr Yamgnane , "le ressenti émotionnel des femmes qui le vivent mal ne doit pas occulter la réalité : qu'on le veuille ou non, il existe parfois un risque de déchirure grave et complexe du périnée, jusqu'aux sphincters anal et urinaire, avec les complications d'incontinence que cela entraîne".
Mieux informer les futures mamans avant leur accouchement qu'une épisiotomie peut être nécessaire pour les protéger, oui. Mais demander leur consentement éclairé en pleine phase finale d'accouchement, juste au moment de réaliser une épisiotomie, "ça ne peut pas tenir ! Si la patiente dit non, on fait quoi ?", interroge le Pr Nisand.
CE QUE PENSENT LES EXPERTS
Un certain nombre de facteurs imprévisibles et de dangers, qu'on ne peut évaluer qu'au moment de l'accouchement, peuvent pousser l'équipe médicale à pratiquer une épisiotomie : si le travail évolue trop lentement et que la tête du bébé est trop grosse ; s'il faut accélérer l'expulsion de l'enfant parce qu'il existe des signes de souffrance fœtale ; ou s'il faut utiliser des instruments (forceps, par exemple), pour l'aider à sortir. Une bonne épisiotomie est donc une épisiotomie justifiée sur le plan médical et recousue ensuite soigneusement.
Topsante.com
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