Vendredi 22 Novembre, 2024 - 8:08 PM / Abidjan +33
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Société

Abidjan : des réseaux aident les femmes à tromper leurs maris

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Sur les bords de la lagune Ebrié, l’idée, depuis, a fait son chemin. Et le business tourne à plein régime, porté par des réseaux bien organisés qui compteraient plus de membres qu’on ne l’imagine. Récit exclusif d’une double vie au féminin, où le sexe a toujours raison, a fortiori, toutes les raisons que la raison n’ignore pas forcément.

Plateau Dokui, dans le périmètre de la grande voie menant à la cité Star 5 d’Angré. Ici où il est le gardien-concierge d’un immeuble à quatre étages, Kani Brahima, la quarantaine passée, croit avoir levé un gros lièvre : au deuxième étage de ‘’son’’ immeuble, un des studios régulièrement loués, a été discrètement détourné de son usage officiel d’appartement dortoir. « Depuis plus de trois ans, j’ai plus ou moins une idée de la plupart des locataires ici. Mais pour ce studio-là, je me posais toujours des questions. Une dame y vient souvent, accompagnée…

Mais elle ne dure pas puis repart. Maintenant, j’ai compris. En fait… c’est une garçonnière», explique-t-il, le sourire en coin. Puis d’ajouter, presque envieux : « Y a des hommes qui mangent lda vie à Abidjan ici, hein ! » Il faut comprendre : une garçonnière étant, par définition, un appartement ou studio que possède en général un homme marié et qui l’utilise pour s’isoler, mais surtout pour y passer du bon temps avec ses conquêtes féminines à l’insu de son épouse, Kani Brahima ne pouvait que soupçonner un homme d’être derrière ce fameux ‘’appartement secondaire’’.

Et pourtant. De Biétry à Yopougon, en passant par Marcory, Koumassi (Remblais), Cocody, Bassam et même Bingerville, des promoteurs ou propriétaires immobiliers qui ont flairé la bonne affaire depuis quelques années déjà, s’attellent à répondre à la demande en garçonnières. Des appartements qu’on propose sous les dénominations de ‘’studio meublé’’, ‘’résidence-hôtel’’ ou encore ‘’appartement tout équipé’’. « Le phénomène des appartements tout équipés existait bien avant, mais c’est véritablement après la fin de la crise postélectorale qu’il a commencé à vraiment prospérer », croit savoir ASSOUMAN Sylvain, un démarcheur communément appelé ‘’agent immobilier’’ opérant à Marcory.

Ainsi, dans ces immeubles écolos (généralement à quatre étages), qui poussent comme des champignons dans les quartiers cités plus haut, on trouve souvent des studios tout équipés à la location. « Ils sont soi-disant destinés à des célibataires en voyage d’études ou à des hommes d’affaires en mission. Mais en réalité, ce sont des ‘’baisodromes” pour des hommes… et même des femmes qui ne veulent pas prendre de risques avec les hôtels qui ne garantissent pas forcément la discrétion », confirme OKÊNI Parfait, un autre ‘’agent immobilier’’ opérant dans la commune de Cocody.

A l’en croire, certains de ses collègues et même des agences immobilières reconnues feraient de ces ‘’résidences secondaires’’ qui se résument souvent en des appartements ou studios tout équipés leur principal fonds de commerce. Ils sont loués entre 30 000 FCFA et 75 000 FCFA par semaine (soit 120 000 FCFA et 300 000 FCFA/mois). « Et c’est tout ‘’bénef’’ pour les opérateurs et aussi pour les locataires quand on sait qu’une seule nuit dans des hôtels ordinaires coûte entre 10 000 FCFA et 15 000 FCFA », explique OKÊNI. Puis de conclure : « Comme on le dit, quand le bâtiment va, tout va… ». Au point même de poser le bâtiment comme le poumon d’un nouveau business consacré à la promotion de l’infidélité conjugale au féminin. Poussant, du coup, hors jeu tous ceux qui, comme Kani Brahima, se sont bardés de la certitude que les garçonnières ne se conjuguent qu’au masculin…

Juste du sexe… Ni vu ni connu

Mais, comment sont nés ces réseaux ? Comment fonctionnent-ils ? Qui sont les femmes mariées qui les sollicitent ? Qui en sont les promoteurs ? Le récit exclusif de cinq semaines au cœur de cet univers singulier vu de l’intérieur d’un de ces réseaux à Abidjan, et reconstitué à partir du témoignage de membres affirmés, éclaire d’un jour nouveau l’infidélité conjugale au féminin, portée par un business carrément effarant et parfois surréaliste…

Samedi, 11 octobre… Deux semaines plus tôt. Dans le fameux studio qui intrigue tant Kani Brahima, difficile de ne pas être impressionné : air conditionné au Split, sol carrelé, tapis moelleux au pied d’un divan fort confortable, grand lit avec deux ou trois nounours ça et là, petite table basse décoré d’un pot de fleurs synthétiques, tenture bleue fleurie à la fenêtre. Au pied du lit, une télé Plasma de 21 pouces, fixée au-dessus d’un petit buffet incrusté d’un mini réfrigérateur gris métal. A gauche, jolie salle de bain légèrement entrebâillée… Le cadre est enchanteur. Un véritable nid d’amour. Pour un drôle de spécimen. Qui n’était venu et n’était là, ce soir-là, que « pour un petit moment de détente », avait prévenu, directe, celle qui ‘’travaille’’ sous le pseudonyme Miss Méah.

La quarantaine environ, Miss Méah est, en effet, la véritable locataire de ce studio meublé cinq étoiles. Et pour cause, officiellement dans « la Coiffure et la restauration », Miss Méah est aussi et surtout une entremetteuse de grand cru. Avec un physique fort agréable, l’abord facile et le bagout… porté par une maîtrise remarquable de la langue de Molière. Et aussi de Shakespeare. Un pedigree qui fait d’elle l’une des opératrices-références de cet univers secret de l’infidélité conjugale qui a pris les courbes d’une véritable industrie du sexe à la sauce femme mariée.

Avec plusieurs ‘’sociétés’’ ou réseaux constitués à travers Abidjan et qui « travaillent au bien-être des femmes mariées et transformées en tableau de décoration par leurs maris, mais aussi des femmes seules qui éprouvent souvent le besoin de quelques moments de détente…sexuelle», se défend Miss Méah, serieuse. Très discrets, voire clandestins mais organisés comme de véritables agences-conseils spécialisées dans le ‘’management’’ des entreprises d’infidélités passagères ou de double vie de femmes (mariées), ces réseaux travaillent selon un système de jeu de rôle bien défini.

Des bêtes de sexe à 50 000 FCFA

Primo, le casting : à la base, il se fait via les réseaux sociaux, notamment Facebook. Ainsi, l’Entremetteuse écume les profils Facebook d’hommes en général, entre 30 et 45 ans de préférence et, surtout, résidant dans le district d’Abidjan. Une fois la cible choisie, elle lui glisse, « inbox », ce message on ne peut plus direct : « Bonjour, je suis F.G. J’ai un groupe de femmes responsables, assez aisées mais qui se sentent seules. Pour des moments de tendresse, elles cherchent des hommes dispos et équilibrés pour faire l’amour en toute discrétion, sans engagement. En retour, vous êtes payés à 50 000 FCFA par rencontre. Totale discrétion assurée. Si vous êtes intéressés, prière me communiquer votre numéro. Je vous contacterai. On pourra aussi échanger par Mail. Merci ».

Cette nasse ainsi posée « inbox » permet de prendre quelques ‘’poissons’’ qui s’empressent d’envoyer leurs contacts téléphoniques, fort alléchés par le cocktail-appât ‘’sexe-plaisir-argent’’. Ils sont ensuite contactés par l’Entremetteuse pour un entretien dans un endroit impersonnel (café, bar, maquis, resto discret…). Après cette étape primordiale qui permet à l’Entremetteuse de jauger de visu la ‘’marchandise’’, le futur homme-étalon est inscrit dans un ‘’Carnet blanc’’ et mis en stand by en attendant ‘’l’appel’’ d’une « bonne dame ». C’est-à-dire une cliente-membre du réseau qui en fera la demande à l’Entremetteuse.

Dexuo, le test. A en croire Miss Méah, entre une et quatre semaines suffisent souvent pour qu’un ‘’appel’’ tombe. Une fois les formalités de la ‘’commande’’ bouclées, l’Entremetteuse active ‘’son’’ homme-étalon mis en stand by dans le ‘’Carnet blanc’’, pour son premier test… Qui sera suivi d’un deuxième, puis d’un troisième…peut-être d’un quatrième. Détail de taille : la ‘’confirmation’’ de l’Etalon dépend nécessairement des jugements que rendront les « bonnes dames » qui l’auront ‘’testé’’. Ainsi, selon que la majorité l’aura estampillé comme « un bon coup » ou « un faux type », il est confirmé dans le ‘’Grand carnet’’ ou bouté hors du réseau… sans préavis ni explications. Naturellement, tout ce travail au corps repose sur le troisième pilier qui constitue le ‘’théâtre des opérations’’ : les indispensables garçonnières.

Qu’elles soient localisées à Marcory, Koumassi (Remblais) ou Cocody, aménagées en ‘’appartements tout équipés’’ ou ‘’studios meublés’’ ou même en ‘’résidences secondaires’’, les garçonnières constituent le poumon de tout le système. D’où les critères très pointus qui guident le choix des lieux. Et aussi la discrétion quasi-paranoïaque qui entoure les rendez-vous. En tout cas, toutes les dispositions imaginables et possibles sont prises par l’Entremetteuse pour garantir à la « bonne dame » la discrétion, la sécurité et la sérénité avant, pendant… et même après son rendez-vous avec ‘’son’’ Etalon…

Comme dans ce studio du Plateau Dokui. Ici, tout respire l’appel de la chair, la pulsion des sens. Une ambiance savamment entretenue par la « bonne dame » qui vous accueille, vêtue très relax, presque sexy, un sourire mi-gêné mi-coquin au coin des lèvres, vous installe dans le canapé… Mais dès qu’on passe le cap des échanges de civilités très superficiels du reste (Voir l’encadré), bien d’illusions se dissipent tout de suite.

Un sentiment bien troublant

Quelles que soient la tournure que prendront les événements, l’ambiance sympathique et intimiste qui prévaudra, impossible d’en apprendre davantage de la bouche de ces amazones du sexe. « Là-bas, on ne parle que de ce pourquoi on est là. C’est-à-dire des attentes de la bonne dame, de ses goûts, de ses fantasmes… Enfin, tout ce qu’il faut pour son plaisir, quoi ! Jamais de questions en dehors de ce cadre », avait prévenu Miss Méah. Et pour cause, subsiste une obsession : l’infidélité conjugale au féminin ne bénéficie pas de la même tolérance que celle des hommes, alors…

Résultat : après tout un après-midi, ou tout un week-end ou encore toute une nuit passée à suer sang et eau pour ‘’détendre’’ une ‘’bonne dame’’, il arrive souvent, que l’Etalon, une fois ‘’libéré’’ et la prime (50 000 FCFA) empochée, se sente envahi par un sentiment bien troublant : à l’idée d’avoir à coucher avec de ‘’grandes’’ dames dont on ignore tout (véritable identité, profession, nationalité, provenance, contact, véritable situation matrimoniale…), on ne se sent pas vraiment à l’aise.

Cependant, cet arrière-goût de ‘’revenez-y’’ propre au cocktail ‘’sexe-plaisir-argent’’ finit presque toujours par l’emporter. Et ainsi, nombreux sont ces ‘’petits messieurs’’ (l’autre appellation des hommes-étalons), qui se laissent happer par l’engrenage des ‘’appels’’ des « bonnes dames » que seule l’Entremetteuse, responsable du réseau, connaît réellement. Mais qu’à cela ne tienne ! Le besoin bien humain de communiquer et les quelques (rares) éclairs d’égarement qui zèbrent parfois le ciel bien voilé de leurs secrets de foyer, amènent souvent certaines de ces ‘’tanties’’ passées maîtresses dans l’art de se déshabiller sans jamais se livrer, à laisser s’échapper quelques lambeaux de… confessions. Sur l’oreiller.

Et là, on y apprend des choses : les « bonnes dames » en question ne sont pas des amoureuses éperdues en quête d’amour, non. Elles sont plutôt des femmes d’aujourd’hui, modernes et modèles de réussite, mères de famille, mariées ou vivant en couple… « Mais qui ont décidé d’assumer pleinement leur désir ». Des femmes qui vivent très mal leur sentiment d’être «dépréciée en tant que femme capable d’émoustiller un homme ».

Des femmes qui ont choisi de soigner leurs frustrations et blessures conjugales « en revendiquant une certaine indépendance et [leur] liberté de corps ». Des femmes dont la détermination à ne pas « se laisser mourir avant l’heure » composent des personnalités « de femmes de caractère ». Et pourtant. Se mentent-elles à elles-mêmes, ces ‘’tanties’’ qui s’attachent parfois (d’affection ou d’amour) à un de leurs Etalons qu’elles se risquent à voir régulièrement, en cachette, en dehors du réseau et à l’insu de l’Entremetteuse ? Rien n’est moins sûr.

Mais, même si elles savent que la société ne les fera jamais bénéficier du crédit de tolérance qu’elle accorde aux hommes mariés et infidèles, cette posture de « femmes qui assument pleinement leur désir » reste sans doute celle où ces « bonnes dames » puisent le plus de ressources intimes. Même si la discrétion demeure le maître mot de leur modus operandi.

Tromper pour tenir au foyer

Ainsi, au jeu des confessions sur l’oreiller reconstituées à partir de témoignages, quatre ‘’tanties’’ ont marqué et des points et les esprits de leurs différents Etalons. A commencer par celle à qui nous attribuons le pseudonyme de Mme G., la cinquantaine légèrement passée, mère et femme au foyer. Entre deux connexions intra-jambaires apparemment bien ‘’établies’’ par ‘’son’’ Etalon, elle ne peut s’empêcher de lâcher : « Eh oui, c’est un fait ! J’ai des relations hors foyer, je l’assume ».

Puis de rectifier, lors d’un autre rendez-vous : « Tu sais, parfois, mon mari me fait des scènes. Mais, il n’a que des soupçons, aucune preuve, donc, ça ne va pas bien loin. Je sais que c’est difficile, mais ce n’est pas parce que je ne l’aime plus… En fait, quand je viens ici, c’est juste pour moi-même (…) Ça me rassure sur ma séduction… malgré mon âge, en marge de mon foyer. C’est vraiment enivrant, mais ça ne me prend pas la tête. Je n’ai jamais pensé divorcer. En fait, ce que je fais ici me permet de supporter ce qui se passe à la maison…» Et quand, un de ces après-midi de ‘’bienfaisance’’ comme elle dit les affectionner, Carine décide de faire des précisions sur sa double vie, elle est claire : « Je ne sais pas trop si on peut parler d’indépendance… Mais libérée, je dirais ‘’oui, je le suis !’’». A l’en croire, depuis quelques années, c’est ‘’ça’’ qui lui permet de « tenir à la maison ».

Et elle insiste : « Ça a été une renaissance, une révélation pour moi». Au point de la rendre, depuis, fidèle à… cette infidélité qui l’aide à se « sentir encore vivre » dans un couple que le temps semble avoir vidé de sa substance. «Tu sais, dans un couple, quand la monotonie s’installe au point de tuer carrément tout désir sexuel entre les conjoints, c’est un drame ! Je connais et j’ai souffert terriblement de cela des années durant. Du jour au lendemain, mon mari est devenu mon voisin. Totalement indifférent… même sous la couette ! Là, j’ai commencé à déprimer. Et c’est d’autant difficile que monsieur, lui-même ne s’en préoccupe pas le moins du monde !».

Et G. Carine de révéler : «La première fois, ça n’a pas été facile de me laisser aller avec un homme autre que mon mari, après des décennies de fidélité. Mais, à la fin, j’ai aimé… Ça m’a fait du bien ! Et comme de deux maux, il faut choisir le moindre…» Voici comment Mme G. est devenue infidèle. En somme, le grand paradoxe des délices de l’amour et des désastres de la vie en couple ? Le ratage où l’époux et son épouse s’entendent bien, en tant que mariés, mais ne se comprennent plus, en tant qu’homme et femme, parce que n’ayant plus le même langage du désir ?

Comblée, dans les bras de son ‘’petit monsieur’’, Mme F., elle, sort la carte de la prudence : «Tu sais, dans cette affaire d’aventures ou de relation extraconjugale, chaque femme a sa raison ». A 48 ans, mariée et « bien croyante », sa vie a basculé il y a quelques années, avec un jeune et fringuant cadre d’une entreprise avec laquelle elle « traitait des affaires ». Lequel cadre a réussi à ouvrir une brèche dans sa carapace alors inviolable d’épouse sérieuse. « Son petit jeu de séduction et d’audace a duré presque sept mois ! Puis, j’ai commencé à être troublée, partagée entre une forte attirance pour lui et une certaine crainte…».

Le désir plus fort que le serment

Ainsi, finalement, un week-end, Mme F. est ‘’poussée’’ à franchir le pas. «Monsieur était en voyage d’affaires, comme d’habitude. Je me morfondais grave à la maison comme toujours et son invitation est tombée à pic ! J’ai donc accepté, avec la certitude que ça n’irait pas loin, juste un moment dehors pour me changer un peu les idées, c’est tout. … On s’est retrouvé à la résidence-hôtel qu’il avait prise pour le week-end. On a mangé, écouté de la musique, passé un long moment à causer et… c’est arrivé, comme ça», confesse-t-elle. Avant de préciser une autre fois : « J’avais conscience de violer un interdit avec cet homme bien plus jeune et plus fougueux que mon mari, mais bon… Je me suis sentie vraiment bien. Et ça a continué ainsi. Et chaque fois, étrangement, c’est comme une bouffée d’oxygène pour moi !… » Certes, le ‘’film’’ s’arrête lorsque le jeune cadre part pour l’Europe.

Mais depuis, Mme F. est comme ‘’possédée’’. Malgré la peur présente d’être prise en flagrant délit, malgré ce sentiment oppressant de trahison d’un serment prêté devant Dieu, elle ne peut plus se passer des « extras ». Elle essaie toujours de résister. Mais chaque fois, il lui suffit de penser à ce mur de glace que son époux a érigé entre eux comme une vertu conjugale… et, c’est toute libérée qu’elle (re)contacte et (re) part retrouver son Etalon. D’ailleurs, Mme F. le rappelle souvent à son ‘’petit monsieur’’ : «En fait, en prenant une situation comme la mienne, on verra que je ne suis pas une exception à Abidjan ici» De quoi déduire donc que plus son sentiment d’être ‘’indésirée’’ est profonde chez une femme, plus les risques qu’elle ‘’s’infidélise’’ sont gros ?

Mme B., 49 ans, elle, vit avec un homme qu’elle aime. «Et côté sexe, franchement, je ne peux pas trop me plaindre… » Seulement voila? : pour se sentir vraiment bien dans sa peau, Mme B. a besoin de s’offrir des ‘’connexions’’ extras. «Je ne sais pas pourquoi, mais le besoin de sentir que je peux encore émoustiller un homme, l’envie de connaître d’autres sensations est comme une drogue pour moi. C’est un peu comme boire une bière bien glacée, même si on adore le vin (…) Je sais, ce n’est pas très ‘’normal’’ de dire ça, mais, bon… Je ne crois pas être infidèle, non, je n’aime pas ce terme (…) Puisque ça ne remet rien en cause, et je ne fais pas ça pour quitter mon mari. Bien sûr, il ne sait rien, je prends toutes mes précautions avec le réseau », confesse-telle…

A 50 ans, trois filles, vivant en couple, Mme K., elle, révèle avoir été « obligée » de s’aménager, grâce au réseau, une petite fenêtre d’infidélités occasionnelles. Et pour cause : «Je n’ai jamais été très sexe. Mais depuis ma ménopause, tout a changé. J’ai de très grosses envies sexuelles, j’ai très souvent besoin de ‘’ça’’… Et, mon mari qui a un certain âge, ne peut pas suivre le rythme (…) Je ne vais pas divorcer pour ça, quand même ! (…) Je n’ai pas vraiment l’impression de le tromper… Je ne suis pas malheureuse, je suis libre. J’ai pris mes envies en main, j’ai une vie sexuelle satisfaisante, ça va». Et vlan !

Comme les hommes

Ainsi, chacune dans son registre personnel, les amazones des amours buissonnières collectionnent les aventures, amants ou autres Etalons, tout en préservant leur vie de femme au foyer. Sans honte, dans une certaine mesure, sans cruauté non plus. Volages et jouisseuses, elles prennent leur plaisir là où elles le trouvent, sans culpabilité… Et reviennent toujours au foyer. a

En un mot, ces « bonnes dames » peuvent ‘’tricher’’… et ‘’trichent’’ comme des hommes ! Ou plutôt suivant les ‘’techniques’’ qui seraient propres aux hommes. Notamment avec la mode des garçonnières et autres ‘’résidences-hôtels’’. Et comme les hommes, la majorité de ces « bonnes dames » travaille. Indépendantes financièrement, elles savent, même si elles ne le disent pas ouvertement, qu’elles peuvent s’en sortir toutes seules si d’aventure le ballon d’oxygène (sexuel) qu’elles s’offrent dehors venait à exploser au grand jour et les conduisait à la rupture. Cependant, autant elles assument leur liberté, autant elles restent emmitouflées dans la conviction que seuls les hommes ne peuvent s’empêcher de tromper… ou d’en rêver ardemment !

Au demeurant, le mécanisme de l’infidélité au féminin serait bien plus complexe que la simple tentation de l’interdit. Vrai ? Faux ? En tout cas, le phénomène de ces réseaux qui conseillent, coachent et managent des femmes au foyer aux fins de leur trouver et arranger des « extras », apparaît comme la partie visible de l’iceberg. Mais sa base s’élargit, à en croire les témoignages reçus ça et là. Et pourtant. Même si la sexualité féminine a évolué, l’imaginaire collectif, lui, est resté carré sur la question. On inscrit toujours la sexualité des femmes dans le cadre d’une relation conjugale.

Mais des spécialistes (sexologues, psychologues et philosophes écrivains), tels Gérard Leleu (La Fidélité et le Couple), Michel Onfray (Théorie des corps amoureux), Catherine Deleuze (Problèmes de cœur, Questions d’amour…), qui étudient le sujet sous toutes ses coutures, vont plus loin dans des publications de référence. Selon eux, la mobilité du monde d’aujourd’hui ferait également partie des éléments favorisant l’augmentation du nombre de femmes (mariées ou vivant en couple) menant une double vie sentimentale ou sexuelle.

En Côte d’Ivoire, la position des hommes et des femmes face à l’infidélité aurait commencé à s’égaliser au lendemain des indépendances (1960), avec les premières femmes fonctionnaires qui allaient aussi en mission… comme les hommes. C’est du moins ce que croit savoir cette activiste du social et présidente d’ONG, Fondio Mama Thérèse. Qui se rappelle : «Lorsqu’elle était ministre de la Famille de la Femme et de l’Enfant, la ministre Raymonde Goudou-Coffie, à une rencontre de femmes leaders d’Afrique francophone, a eu une intervention qui m’a fait réfléchir. Elle a insisté sur la nécessité du bien-être de la femme, comme préalable à la bonne marche de la famille…

Mais, entre nous, le bien-être de la femme n’est pas que sanitaire. Tous savent que la plupart des tensions et bagarres qui mettent à mal les couples et la cellule familiale ont pour base le sexe. En la matière, qui ignore les souffrances psychologiques que subissent les femmes au foyer, avec des maris qui préfèrent ‘’vivre’’ dehors en jouant les étalons et venir ‘’mourir’’ à la maison ?… Evidemment, je ne m’attendais pas à ce que la ministre évoque cela ouvertement, chez nous, on ne parle pas de ces choses-là. Alors, on les subit en silence… jusqu’au jour où on craque ou on se ‘’libère’’… et ça crie au scandale, parce qu’on est des femmes mariées…»

 

C’est clair, dans le couple, la frustration naît d’une insatisfaction qui peut avoir différentes causes : désir émoussé, communication enrayée, sexualité en décalage des partenaires… Cependant, quelque « assumé » qu’il soit, le choix de ces amazones du sexe n’irait pas sans culpabilité. En tout cas, ce sentiment insidieux de culpabilité semble bien expliquer leur besoin quasi irrépressible de se ‘’confesser’’ souvent, même à demi-mot, à leurs Etalons sur l’oreiller. D’ailleurs, les spécialistes cités plus haut sont claires là-dessus : gérer sa culpabilité et éviter de faire souffrir l’autre, c’est le double défi qui se présenterait à tout candidat à l’infidélité et plus encore pour les femmes mariées. Car, à moins de maîtriser totalement ses sentiments, sans états d’âme particuliers, l’infidélité peut difficilement aller sans souffrance, apprend-on. Quoique…

Amour et garçonnière : mode d’emploi

Sécurité, confort et ultra discrétion obligent. Les « rendez-vous » entre une « bonne dame » et son ‘’petit monsieur’’ obéissent toujours à un rituel bien établi. D’abord, les présentations. Organisées et faites par l’entremetteuse, elles permettent d’établir le ‘’courant’’ entre les deux probables futurs partenaires sexuels ou amants… si affinité. Généralement, ces présentations se font toujours dans un lieu neutre (terrasses café des grandes surfaces, d’hôtels discrets, ou les espaces resto-plages notamment sur l’axe Abidjan-Bassam.) Au sortir des échanges qui frisent parfois l’interrogatoire version ‘’Canapé rose’’, la « bonne dame » a-t-elle trouvé le ‘’petit monsieur’’ à son goût ? Si oui, alors, arrive la deuxième étape.

Ici, l’entremetteuse contacte le ‘’petit monsieur’’ pour le « rendez-vous ». Le ‘’petit monsieur’’ est ensuite conduit jusqu’à la garçonnière par l’Entremetteuse. Au portail (ou au bas de l’immeuble), c’est un tapis rouge de sourires et de courbettes que les concierges-gardiens déroulent à l’entremetteuse. Il faut comprendre : elle est connue comme la propriétaire d’un studio dans l’immeuble, mais les billets de 2 000 à 5 000 FCFA qu’elle leur glisse à chacun de ses passages, valent largement toutes ses gymnastiques et surtout, garantissent leur silence.

Une fois la porte de l’appartement franchie, deux cas de scénario se posent : soit la « bonne dame » est déjà là depuis un moment et a tout préparé. Soit elle se signale quelques minutes après à la porte et se confond en excuses et autres petites paroles gentilles au ‘’petit monsieur’’ pour son retard. Mais dans ce cas, les échanges tendancieux entre les deux femmes et leurs sourires complices qui les accusent, démontrent bien que tout cela fait partie d’un scénario. Un scénario qui change de séquence quelques minutes seulement après avec un « bon, moi, je vous laisse, amusez-vous bien ! » de l’entremetteuse qui se retire en coup de vent.

La suite est une histoire ordinaire. Les verres (de vin ou sucrerie) qu’on se partage, les paroles à demi-mots qu’on s’échange, les premiers effleurements qu’on ose… Cette conscience et certitude qu’il va falloir qu’on y aille. Et cette décision d’y aller. A sens enflammé. A fond la cavalcade… Parce qu’on est tout simplement avec une « une bonne dame » qui est là pour qu’on la ‘’détende’’. Une ‘’tantie’’ qui a payé pour cela. Et qui exige et tient à ce que cela se fasse. Bien. Selon ses désirs, ses fantasmes, ses folies… Parce qu’ici, dans ce monde parallèle des femmes mariées qui se sont ‘’libérées’’, il leur faut un peu de tout, sans inhibition aucune… pour tenir dans leur foyer, disent-elles.

Avec Soir Info

 
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