Ministère de la Santé et de l’Hygiène publique: Les dossiers dont hérite Dr Aka Aouélé

Retour à la maison. Le docteur Eugène Aka Aouélé retrouve le fauteuil de ministre de la Santé et de l’Hygiène publique. Un fauteuil qu’il a déjà occupé en 2010, sous l’ancien régime, en remplacement de Dr Rémi Allah-Kouadio. Ce pharmacien, natif de Maféré, dans le département d’Aboisso, est un homme de la maison. Il a occupé les fonctions de directeur adjoint de la pharmacie centrale de la santé publique de janvier 1974 à février 1981 et plusieurs autres fonctions qui lui ont permis de se bâtir une solide et riche expérience. Sa (re)nomination à la tête du département ministériel en charge de la santé et de l’hygiène publique n’est donc pas le fruit du hasard. Le hic, c’est qu’elle intervient dans un contexte assez particulier, un contexte de tension dans ce secteur sensible de la santé. Il hérite, pour ainsi dire, d’un ministère en crise.

Syndicats. Des affaires, et non des moindres, secouent depuis quelque temps le ministère de la Santé et de l’Hygiène publique. La première est en rapport avec un mouvement de grève générale en préparation. C’est une initiative de la Coordination des 13 syndicats des agents de santé. Cette grève générale, si elle est déclenchée, aura inéluctablement de lourdes conséquences. De fait, elle implique tous les corps aussi bien médical que paramédical (médecins, infirmiers, sages-femmes, aides-soignants, garçons et filles de salles, techniciens de laboratoire…). La date du lundi 16 juillet 2018 a été retenue pour le démarrage du mouvement de grève. Par cette action, la coordination des 13 syndicats des agents de santé entend vigoureusement protester contre la mutation dans d’autres établissements sanitaires, de 40 agents de l’Institut de cardiologie d’Abidjan (Ica) pour fait de grève. Cet arrêt de travail est également un moyen pour les agents de santé d’exiger la satisfaction de certaines de leurs revendications. Celles-là sont d’ordre financier. Il s’agit du paiement aux agents de soins, des 150 points d’indice octroyés aux catégories A et B et des 100 points d’indice accordés aux catégories C et D tel que le stipule le protocole d’accord du 17 août 2017.  A cela s’ajoute la revalorisation de l’indemnité de résidence, qui passe de 15% à 30% du salaire de base des personnels soignants, la revalorisation de la prime d’intéressement de 15% à 50% des recettes des hôpitaux et une indemnité de risque sanitaire.

Polneau. La deuxième grosse affaire qui éclabousse le ministère de la Santé et de l’Hygiène publique et qui continue d’alimenter les conversations, c’est bien celle relative à la mort, dans des conditions pour le moins tragiques, de Pr. Sandrine Valle Polneau, pharmacienne, enseignant-chercheur, chargée d’études à la Direction générale de la santé, une direction centrale du ministère. Cette dame est tombée du 13e étage de la Tour C, dans la matinée du mardi 03 juillet 2018. Dans une interview qu’il a accordée à un confrère de la place, parue le jeudi 05 juillet 2018, Roger Polneau, l’époux de la professeure agréée de pharmacie, a tenu pour responsable de la mort de sa femme, le ministère de la Santé et de l’Hygiène publique. « C’est la ministre de la Santé et de l’Hygiène qui est responsable de la mort de ma femme. Elle a refusé de signer son acte de nomination », a-t-il notamment soutenu. La réaction du ministère ne s'est pas fait attendre. « Elle n’était pas seule dans ce cas », a riposté le ministère par la voix de Gueye Idrissa, directeur  du Chu de Cocody-Angré, où elle a été affectée. Une réaction qui n’a manifestement pas réussi à dédouaner le ministère de la Santé, puisque nombreuses sont les personnes qui continuent de penser qu’il y a anguille sous roche. 
C’est dans cette atmosphère pas très aisée que le docteur Eugène Aka Aouélé revient au ministère de la Santé et de l’Hygiène publique. Ses qualités d’artisan infatigable du développement local qu’on lui reconnait lui permettront-elles de redorer le blason de ce département ministériel et d’y ramener la sérénité ? L’avenir nous situera.