Ces musiciens avaient tous le même point commun. Ils chantaient en « Langue nationale ». De grands paroliers, appuyés de proverbes Bété, Malinké, Akyé, Agni. Des musiciens qui soulevaient des foules… Chaque samedi, les Ivoiriens se donnaient rendez-vous au Dopé, à Bracodi-Bar, aux Trois Cocotiers et au Bar-Eclat( Des bars célèbres d’alors). Dans cette ambiance musicale, les foules venaient pour les uns, écouter les « Paroles à messages », ou les « Proverbes », Et pour les autres, danser tout simplement aux rythmes ivoiriens. De tous ces musiciens « Paroliers », la palme revenait à Amédée Pierre et Mamadou Doumbia traînant au micro leurs voix graves et plaintives. Amédée Pierre, célèbre dans sa chanson « Sikpeunawa » et Mamadou Doumbia à s’imposer dans « Man-Mousso », Aspro Bernard, en langue Abbey, animait toutes les fêtes d’ignames dans la région d’Agboville. Il faut dire que le style « Parolier » de ces musiciens en langue nationale avait ému le Président Félix Houphouët-Boigny qui associait Lougah François à l’animation des chefs d’États africains en visite en Côte d’Ivoire. Félix Houphouët-Boigny admirait les sœurs Comoé qui avaient rendu hommage aux deux ponts d’Abidjan que sont Charles de Gaulle et Houphouët-Boigny. Les sœurs Comoé et Aïcha Koné étaient des voix cristallines et précises. Angbakou Ludovic, Mamadou Doumbia, Anoma Brou Félix étaient les plus initiés, en matière de musique en langue nationale. Sans oublier François Lougah, avec sa voix suave. C’était le « Papa national » tous, ils étaient adulés. Mamadou Doumbia était très applaudi à Man, Séguéla, Odienné. Dans cette ambiance de musique en langue nationale, arrivent Meiway, Gadji Celi, Luckson Padaud, Ernesto Djédjé, Bailly Spinto, Séry Simplice, N’guess Bon Sens. Aujourd’hui, cette musique en langue ivoirienne a disparu laissant la place aux musiciens ivoiriens, chantant en français, un mépris pour leurs langues ? Je peux affirmer qu’ils chantent mal, dans un mauvais français. Dans cette ambiance foisonnante de chansons sans textes véritables, les musiciens ivoiriens d’aujourd’hui se sont éloignés de la musique Bété, Malinké, Abbey, Agni ou Yacouba, Sénoufo. Et je suis surpris que les Ivoiriens aiment sans retenue la musique congolaise, chantée en Lingala, ou Bantou qu’osent Koffi Olomidé, Faly Ipupa dans leurs langues nationales ? Mais les Ivoiriens n’ignorent rien des musiciens congolais et savent tout de la richesse de la musique congolaise. Même les médias, surtout diffuseurs, préfèrent ces rythmes venus d’ailleurs. Dommage pour la culture ivoirienne.
Ben Ismaël
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