Dix-neuf personnes, dont quatorze militaires, ont été récemment interpellées en Côte d'Ivoire dans le cadre de l'enquête sur la "tentative d'insurrection" présumée du candidat à l'élection présidentielle Guillaume Soro, a annoncé mardi la justice ivoirienne.
"A ce stade de l'enquête, les éléments en notre possession (…) ont permis l'interpellation de 19 personnes dont 14 militaires (deux officiers supérieurs et 12 sous-officiers) et cinq civils", a déclaré le procureur de la République d'Abidjan, Richard Adou, lors d'une conférence de presse.
"Quinze parmi elles ont été inculpées et placées sous mandat de dépôt le 17 avril", a-t-il précisé, sous les chefs de "complot ou d'atteinte à la sûreté de l'Etat, ou de complicité", notamment pour avoir "tenté de dissimuler des armes".
La justice ivoirienne a déjà condamné le 28 avril l'ex-Premier ministre Guillaume Soro à 20 ans de prison pour "recel de détournement de deniers publics" et "blanchiment de capitaux" lors de l'achat de sa résidence d'Abidjan en 2007. Mais l'enquête à propos de la "tentative d'insurrection" qu'il aurait fomentée, selon la justice, est toujours en cours.
50 fusils Kalachnikov AK-47, 12 lance-roquettes et 4 fusils mitrailleurs
Outre les 19 personnes arrêtées en avril, 19 proches de M. Soro, dont cinq députés, avaient été arrêtés en décembre et sont emprisonnés depuis quatre mois pour complicité sur l'un ou l'autre volet de l'affaire.
Selon le procureur, le siège à Abidjan du parti de M. Soro, Générations et peuples solidaires, "servait à l'entreposage d'armes", ainsi que de "matériel militaire de communication" en vue de l'insurrection présumée.
"Les premières perquisitions avaient permis" la saisie de "50 fusils Kalachnikov AK-47, 12 lance-roquettes et 4 fusils mitrailleurs", a assuré M. Adou.
M. Soro, 47 ans, qui vit en exil, nie toutes les accusations le concernant et a qualifié son procès par contumace de "parodie". Il est candidat déclaré à l'élection présidentielle prévue fin octobre.
Longtemps allié du président ivoirien Alassane Ouattara, qu'il a aidé, en tant que chef de la rébellion, à accéder au pouvoir pendant la crise post-électorale de 2010-2011, Guillaume Soro était devenu Premier ministre, puis président de l'Assemblée nationale, avant de rompre avec le chef de l'Etat début 2019.
Le 22 avril, la Cour africaine des droits de l'Homme avait ordonné à la Côte d'Ivoire de suspendre son mandat d'arrêt contre M. Soro et de remettre en liberté ses 19 proches. Mais la Côte d'Ivoire avait indiqué le lendemain poursuivre les procédures en cours, estimant que les décisions de la Cour portaient "atteinte à la souveraineté de l'Etat de Côte d'Ivoire, à l'autorité et au fonctionnement de (sa) justice".
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