La révolte des lycéennes de Pretoria pour défendre le droit de porter leur cheveux au naturel a fait des émules en Afrique du sud. Au Cap, des élèves manifestent pour un assouplissement des codes vestimentaires dans les écoles.
La révolte des élèves du Lycée pour filles de Pretoria résonne dans toute l’Afrique du sud. Depuis que des étudiants ont accusé le corps enseignant du prestigieux lycée de Pretoria de racisme après avoir subi des remarques désobligeantes sur leur coupe de cheveux "afro", la colère s’est répandue. Au Cap notamment, où les élèves du lycée Sans Souci ont relayé le mouvement.
Soutenues par leur mère, les écolières exigent que les codes vestimentaires des écoles privées de la province du Cap soient assouplis et demandent l’autorisation de parler leur langue maternelle entre elles. "Ma fille a des cheveux épais et elle est obligée de se mettre de l'eau dessus tous les matins pour pouvoir être acceptée car ils n'autorisent aucune ‘afro’. Ils ne les autorisent pas non plus à parler xhoza dans les couloirs ou pendant le déjeuner. On sait qu’il ne faut pas le parler en cours, mais en dehors, ils pourraient quand même pouvoir parler leur langue maternelle !" s’offusque une mère au micro de France 24. Le xhoza fait partie des 11 langues officielles d'Afrique du Sud, l'enseignement dans ces lycées privés est en anglais.
Le terme "exotique" est problèmatique
Déclarant avoir été contraintes de lisser artificiellement leurs cheveux, les manifestantes dénoncent une politique raciste et discriminatoire. "Ils utilisent le mot ‘exotique’ pour qualifier les cheveux en désordre. Mais ce terme est problématique : dire que le corps africain, sur le sol africain, est 'exotique', n'est pas la bonne définition. Quand ils disent qu'il faut que les cheveux soient propres et ordonnés, que veulent-ils dire ?", questionne Billie Jean Demas, ancienne élève du lycée venue prêter sa voix au mouvement.
Vingt-deux ans après l'avènement de la démocratie, les tensions raciales restent très élevées en Afrique du Sud. Et au ministère provincial de l'Éducation, l'affaire est prise très au sérieux. "On ne peut pas leur dire de ne pas porter leurs cheveux ou parler leurs propre langue", tranche Debbie Schaffer, ministre de l'Éducation de la province du Cap. "J'ai entendu dire que c'est pour améliorer le niveau d'anglais [… ] Mais pourquoi imposer cela quand il s'agit de parler à ses amies pendant la recréation ou après l'école ? Le règlement est appliqué à l'extrême et devient non constitutionnel", réagit-elle, estimant crucial "de régler ce problème le plus rapidement possible".
La ministre assure que des mesures disciplinaires seront prises si l'enquête révèle qu'il y a eu des actes de racisme. Et comme à Pretoria, la directrice du lycée Sans Souci a été suspendue jusqu'à nouvel ordre.
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