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Conflit à l’ouest/ Blé Guirao: « c’est l’Etat même qui est à la base, le reste n’est que du saupoudrage »

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Conflit à l’ouest/ Blé Guirao: « c’est l’Etat même qui est à la base, le reste n’est que du saupoudrage »

Dans l’interview qu’il a accordée au confrère Connectionivoirienne.net, parue ce lundi 6 novembre 2017, Jean Blé Guirao s’est prononcé sur le conflit à l’ouest. Contrairement à ce qui se dit, le cadre de l’UDPCI affirme qu’il ne s’agit aucunement d’un conflit entre de jeunes Wê et des allochtones Akan. Blé Guirao tient le gouvernement pour responsable.

Comment expliquez-vous les remous actuels dans le Cavally qui font de nombreux dégâts et des pertes en vie humaine ? On nous dit que c’est un conflit foncier entre les Baoulés et l’Alliance des jeunes Wê pour le contrôle de la forêt classée du Goin-Débé?

Moi je suis peiné, sidéré, ahuri et gêné par ce qui se passe actuellement dans notre Région et le traitement que les gens en font. Mon gêne vient du fait que je suis RHDP et que c’est nous qui sommes au pouvoir. Revenons aux faits. Depuis la nuit des temps, les populations autochtones Wè et les communautés allogènes Akans (Baoulés ou Agni) ont toujours vécu en bonne intelligence et en bonne cohabitation dans nos villages et campements. Ces allogènes qui ont des plantations dans les forêts villageoises ont eu des enfants qui ont grandi avec nous, qui sont allés à l’école avec nous, qui ont joué au football avec nous sous les couleurs de nos villages depuis des années, sans problème. Je veux dire, qu’il n’y a pas de manière spécifique un problème Wè-Baoulés. Ce n’est pas possible et cela ne peut être vrai. Les Wè les ont accueillis les bras ouverts et ces derniers se sentent à l’aise et font leurs travaux dans les quatre départements de la Région du Cavally.

D’où vient le Problème alors ?

J’en arrive. Les problèmes actuels, et vous l’aviez dit, sont partis de heurts dans une forêt classée, celle de Goin-Debé. Le petit Larousse nous donne la définition d’une forêt classée comme un espace qui est du domaine exclusif de l’Etat pour ce qui nous concerne. Les différentes forêts classées, les réserves et parcs nationaux sont des propriétés de l’Etat de Côte d’Ivoire qui conformément à ces engagements internationaux ou ses objectifs spécifiques en matière de recherche en assure la protection. Les chiffres officiels de la SODEFOR, structure étatique, nous disent qu’il ne reste que 5% des 133 000 ha de forêt dans le GOIN-DEBE qui ne sont pas encore utilisés. 95% font l’objet, au vu et au su de toutes les autorités compétentes, d’une agression sauvage avec l’installation d’immenses plantations de cacao, de café et d’hévéas. Quant à la forêt classée de SIO, il ne reste que 1%. Les 99% étant occupés par de nombreuses plantations. C’est à ce niveau que se trouve le problème. Comment une forêt dite classée, donc du ressort de l’Etat de Côte d’Ivoire, est occupée de manière sauvage à ce point sous les yeux des autorités compétentes et des structures étatiques adéquates sans qu’il n’y ait de réaction ?
En vérité, c’est l’Etat même qui est à la base de ce problème. Tous les agents de l’Etat, tous grade et tous corps confondus, affectés dans le Cavally, au bout d’un an ou deux, deviennent des propriétaires de champs de cacao, de café ou d’hévéas dans les forêts classées. C’est connu de tout le monde. Ceux qui y sont ne sont que des travailleurs dont les patrons sont tapis ailleurs. Au sortir de la crise de 2011, l’Etat à travers le PAPC (PROJET D’ASSISTANCE POST CONFLIT) a fait construire une école dans une forêt classée à Bloléquin. Cette école existe et fonctionne. Des instituteurs et des élèves y sont envoyés chaque année. Croyez-vous que cela soit une erreur ? Que non ! Ceux qui ont des plantations et des travailleurs dans cette forêt classée ont tout fait pour y ouvrir une école. C’est tout. Les forêts classées où il y a des problèmes sont du ressort de l’Etat. Et l’Etat a tous les moyens pour que ces forêts restent classées. Le reste, tout le reste n’est que du saupoudrage qui commence à déplaire aux jeunes autochtones Wè. J’invite le Gouvernement à ouvrir une enquête pour voir les vrais propriétaires de ces vastes champs et ensuite à prendre ses responsabilités au lieu de chercher d’éventuels boucs émissaires, si vraiment on veut résoudre le problème. Sinon les missions envoyées vont se succéder sans véritable résultats probants. L’Etat en a les moyens, il ne faut qu’une volonté politique claire en dehors de tout vuvuzela politique. Sinon il n’y a pas de problème entre les Baoulé et les Wè. De plus, je refuse d’aller dans les explications comme tel est propriétaire de plusieurs hectares de cacao dans une forêt classée qu’il veut céder. C’est honteux pour nous même et notre pays. »

 
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