Un séminaire de formation sur le thème « Éthique et responsabilité des journalistes africains face au défi de la lutte contre le terrorisme », s’est ouvert ce lundi 21 octobre 2024, à Jacqueville, une station balnéaire située dans le Sud ivoirien.
Plus d’une vingtaine de journalistes africains bénéficient d’une formation organisée par l’Institut de recherche stratégique (IRS) de l’Académie internationale de lutte contre le terrorisme(AILCT), du 21 au 22 octobre 2024. Ils ont, d’ailleurs, visité les structures et les zones d’entraînement de l’AILCT.
Le ministre ivoirien de la Communication, Amadou Coulibaly, porte-parole du gouvernement, qui a ouvert le séminaire, au sein de l’AILCT, a salué cette initiative visant à inculquer aux professionnels des médias « la notion de communication citoyenne face à la menace terroriste ».
« Avec l’utilisation des intox, cette nouvelle arme qui amplifie la propagande grâce au développement des réseaux sociaux, fait que chaque citoyen est un éditeur et un diffuseur de l’information, domaine jusqu’alors réservé aux professionnels de la presse », a-t-il dit.
Le général de brigade Joseph Kouamé Allah, directeur général de l’Académie internationale de lutte contre le terrorisme (AILCT), a fait savoir que parmi les mesures anti-terroristes en Côte d’Ivoire, figure la création de l’AILCT qui au départ était un projet ivoiro-français.
Le projet de l’AILCT s’est internationalisé et comprend, aujourd’hui, 16 Etats et organisations internationales qui siègent au sein du Conseil d’administration. Des pays comme le Sénégal, l’Egypte et le Maroc « frappent à la porte » de cette académie.
Mouvements extrémistes
La menace djihadiste, autrefois localisée au Sahel, dépasse cet espace pour élargir ses zones d’influence. Dans cette ambition de conquête, les Etats du Golfe de Guinée, dont la Côte d’Ivoire, le Bénin et le Togo sont sous pression djihadiste.
Depuis début 2012, l’espace de la région ouest-africaine est le théâtre d’une multiplication de mouvements extrémistes qui se disputent des territoires. De ce fait, la sous-région est en proie à des violences terroristes.
La Côte d’Ivoire, considérée comme un allié de l’Occident, sera visée le 13 mars 2016 par un acte terroriste. La ville balnéaire de Grand-Bassam est attaquée par des djihadistes, une action revendiquée par Al-Qaïda au Maghreb islamique (AQMI).
Les djihadistes surfent sur l’absence de l’Etat de droit pour s’installer dans des zones où ils développent un réseau d’activités économiques. Dans leur mode opératoire, AQMI vise les symboles de l’Etat, tandis que l’Etat islamique estime que « ne pas être avec eux, c’est sortir de l’islam ».
Abdel Nasser Ethmane, ex-diplomate au Bureau de l’Union africaine, expert en extrémisme religieux et en géopolitique des mouvements extrémistes, note que l’idéologie, à travers l’injection faite aux croyants, les conduit au prosélytisme, c’est-à-dire, la volonté de convertir les autres sur sa version de l’islam.
Il relève que les inégalités matérielles dans un contexte de marginalisation ou d’exclusion sociale, de pauvreté, de famille nombreuse, de chômage et l’absence de diplômes qualifiants pour les jeunes, créent la radicalisation.
Des signaux de radicalisation
« La plupart des djihadistes radicalisés sont des monolingues arabophones » et « leur capacité à avoir accès à une autre source du savoir qui ne sont pas du dogme de la religion est très limitée », a souligné M. Abdel Nasser Ethmane.
Parmi les éléments qui contribuent à la radicalisation, « il y a les réseaux sociaux et le fait de vivre dans une communauté fermée, notamment avec l’effet de secte qui se produit dans certains quartiers, sous l’influence d’un Imam salafiste », a-t-il fait remarquer.
« Il vient ensuite la question de la corruption, du déclassement social, de l’abus du pouvoir, de l’impunité, ou le fait que les citoyens ne se sentent plus protégés par le droit, par l’Etat, et en général, ils se tournent vers la solution extrême qui est la justice de dieu », a-t-il souligné.
Concernant les éléments aggravants de ce phénomène, « vous avez les failles psychologiques de certains individus, notamment portés sur la violence, sur l’héroïsme, sur l’adrénaline et l’expérience djihadiste », a soutenu M. Abdel Nasser.
Par ailleurs, certains ayant le sentiment d’échec dans la société, misent sur la vie après la mort, où il leur est enseigné qu’ils auront tout ce qu’ils désirent, avec la promesse, pour ceux qui n’arrivent pas à se marier, d’avoir « des dizaines de vierges dans le paradis ».
« L’offre djihadiste donne un sens plein à la vie. (En outre), la personne est prise en charge depuis sa naissance jusqu’à sa mort et toutes les frustrations qu’elle accumule, les aigreurs qu’elle subit, sont censées trouver un aboutissement à travers l’acte du martyr, sur le chemin de dieu », poursuit-il.
« L’absence d’un contre-discours, explicite, au sein de la communauté musulmane, de la part d’imams qui jusqu’à présent n’ont pas le courage d’aller voir les croyants et leur dire que l’offre djihadiste est contraire à l’islam » nourrit la radicalisation, a-t-il lancé.
0 Commentaires
Participer à la Discussion
Commentez cet article