Des habitants de Sassandra appellent les autorités compétentes à prendre des mesures contre l’usage du gaz butane par les conducteurs de taxis, en remplacement de l’essence et du gasoil, pour faire fonctionner leurs véhicules, afin d’éviter des éventuels drames.
Plusieurs personnes se sont confiés à l’AIP, samedi 15 juin 2024, à Sassandra, considérant que l’adaptation locale des moteurs des taxis à l’usage du gaz butane est emprunte de risque et peut être à l’origine d’une explosion des véhicules pouvant causer des pertes en vie humaine.
«C’est vraiment avec la peur au ventre que nous empruntons les taxis de la ville de Sassandra. La quasi-totalité des chauffeurs roulent au gaz butane. L’odeur se répand souvent dans le véhicule en pleine circulation », s’est inquiété, Tanoh Georges, professeur de philosophie au lycée Goffry Kouassi Raymond de Sassandra.
L’animateur de la radio communale de Sassandra, “Doche”, a dit pour sa part : «Le gaz butane est un produit extrêmement dangereux (…) Nous craignons tous que les bonbonnes qui le transportent dans les taxis explosent. J’exhorte les autorités à sensibiliser les conducteurs de taxis afin de mettre un terme à cette pratique très en vogue dans les grandes villes du territoire national.»
De leur côté, les professionnels de ce secteur des transports routiers soutiennent que cette pratique ne comporte pas de risque et qu’elle garantit la rentabilité de leur activité.
« Les spécialistes de ce secteur qui installent les bonbonnes de gaz dans les taxis prennent toutes les dispositions pour éviter des sinistres », a rassuré Somé Fulbert, chef de gare des conducteurs de taxis de la ville de Sassandra.
A en croire un pompiste d’une station, depuis la ruée des conducteurs de taxis vers le gaz butane, à l’instar de leurs collègues des autres villes du pays, seuls les motos, les camions et les cars continuent de faire le plein d’essence et de gasoil avec une faible affluence dans les stations.
Un travailleur de ce nouveau secteur d’activité à Sassandra a fait savoir sous le couvert de l’anonymat qu’avec deux bombonnes de gaz à 2200 FCFA l’unité, le conducteur de taxi peut travailler durant deux jours. Ce qui n’est pas le cas avec 10 litres de gasoil qui coûtent chers (715FCFA) à la pompe des stations, estime-t-il.
L’utilisation du gaz butane dans le milieu du transport urbain a été à l’origine de plusieurs drames en Côte d’Ivoire avec pertes en vie humaine, notamment, trois personnes tuées dont deux totalement calcinées dans l’explosion d’un taxi communal à Locodjoro (un quartier d’Abidjan) en avril 2021 et l’incendie d’un taxi à Ferkessédougou (nord du pays) avec la mort d’un mécanicien et le conducteur du véhicule, en janvier 2022.
Les acteurs qui procèdent au transfert de ce combustible dans les moteurs des véhicules, exercent au mépris de la loi N°92-470 du 30 juillet 1992, interdisant en son article 3 alinéa 4, toute commercialisation ou livraison de produits pétroliers destinés à la consommation du public ou des entreprises particulières, en décors des installations pétrolières spécialement agréés à ces fins. L’infraction est sanctionnée par une peine d’emprisonnement de 15 jours à un an et une amende de 100.000 FCFA à 500.000FCFA.
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