Les mutineries répétées à Bouaké en Côte d'Ivoire depuis fin 2014 sont une question militaire autant que politique. L'État tente de reprendre la main sur les garnisons instables.
Avec ses trois casernes, Bouaké a des faux airs de ville-garnison. Une majorité des 8 400 éléments des anciennes Forces nouvelles (aujourd’hui intégrées dans l’armée) y étant rassemblée, la question militaire est un enjeu majeur. Depuis les mutineries de novembre 2014, l’État n’a pas vraiment repris le contrôle de la situation. Pour Nicolas Youssouf Djibo, le maire de la ville, issu du Rassemblement des républicains (RDR), « c’est en partie parce que la gestion sécuritaire a été trop politisée ».
Selon plusieurs sources, Hamed Bakayoko, l’actuel ministre de la Défense, avait tenté de se rapprocher de certains leaders dans le but de les canaliser. « Il y était parvenu, jusqu’aux mutineries de 2017 », nous précise-t-on. Lors de ces événements, qui ont fait trembler la République ivoirienne, même les anciens chefs rebelles n’ont pas réussi à imposer leur autorité. « À chaque soulèvement, de nouvelles fortes têtes émergeaient », précise un haut gradé.
Renouvellement
Depuis que le versement d’une prime de 12 millions de F CFA (plus de 18 000 euros) a été décidé en 2017, les leaders des dernières mutineries sont moins écoutés. « Il y a quelques mois, certains ont tenté de remobiliser la troupe en formulant de nouvelles revendications, comme l’octroi d’une villa promise, selon eux, dans les ultimes instants de la crise postélectorale. Mais ils n’ont pas été suivis », raconte une source militaire.
En 2015, l’installation à Bouaké du Centre de coordination des opérations décisionnelles (CCDO), une force mixte composée de policiers, de gendarmes et de militaires créée en 2013, s’inscrivait dans cette tentative de reprise en main. Mais les désordres dus aux agissements de l’une de ses unités l’ont affaibli.
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